L'une des choses que l'on m'a souvent reproché au cours de ma vie serait d'être trop ''optimiste'', et ce, dans n'importe quelle situation. Et je devais avouer que c'était vrai; pour cette raison, mes parents me disaient parfois que j'étais trop simple d'esprit. Et c'était tout autant véridique. Je le savais pertinemment, et ça ne me plaisait pas toujours. J'aimais bien être anormal oui, mais je me sentais un peu trop à l'écart de la ''normalité'' parfois. Ne pouvais-je donc pas être pessimiste, une fois de temps en temps? Apparemment non.
Sauf pour une chose, maintenant que j'y pensais. En réalité, oui, il y avait bien quelque chose auquel je ne pouvais tout bonnement pas déceler les côtés positifs; le sport. J'avais beau y songer des heures et des heures durant, mais ça ne menait à rien. Pour moi, ça ne représentait qu'un fardeau à porter dans ma vie d'élève. Peut-être que ça m'aidait à me maintenir en forme, certes, mais ce n'est certainement pas de cela dont j'ai besoin dans ma vie, très franchement. Il faut savoir que pour lire des livres ou alors écrire, il ne faut pas se servir de tous les muscles de son corps et que surtout, ce n'est pas très exigeant physiquement. Alors oui, voilà, le sport est pour moi pire qu'inutile. Et pourtant, je n'avais pas d'autre choix que d'endurer.
Aujourd'hui, on avait le terrible honneur de faire les sauts de haies. Je ne connaissais pas encore tout à fait les personnes de ma classe -après tout, je n'étais au lycée que depuis quelques temps-, aussi je n'avais aucun point de repère. Je n'avais personne à qui faire des regards complices et qui serait dans le même cas que moi; à les regarder, ils semblaient tous être des athlètes. Au signal, j'allai me placer sur l'une des six files, le regard très hésitant. J'avais envie de m'enterrer six pieds sous terre et ne plus en sortir, ou alors tout simplement disparaître le temps du cours de sport. Hélas ce n'était pas possible.
- A vos marques, prêts... partez !
Je ne pris même pas la peine de me donner un élan, et regardai les autres filer à toute vitesse et exceller dans chacun de leurs sauts avant de m'y mettre moi aussi. Et hop, premier saut raté. Je poussai un long soupir embarrassé et poursuivit ma route; je réussi le deuxième, avec chance. Le reste de ma route fut une tâche fort laborieuse à effectuer, et au cours de celle-ci je réussi à m'écorcher légèrement les deux genoux. Or, j'étais plutôt habitué; rare étaient les fois où je sortais du cours de sport indemne. Au bout de quelques minutes qui m'ont parues aussi longues que des heures, j'atteignis finalement la ligne d'arrivée et j'eus l'irrésistible envie de me jeter sur le sol et ne plus bouger. J'étais exténué. Mais je ne pouvais pas faire ça; j'avais eu ma dose de honte pour la journée. Je tournai la tête et vit avec stupéfaction qu'une personne de la classe était arrivée en même temps que moi. Était-ce réel? Y avait-il vraiment une autre personne dans ce bas monde étant aussi nul que moi en sport?
Tout à coup, la voix d'un ange sembla s'élever, pour me tirer hors de cet enfer;
- Bon... Gabriel et Edward vous pouvez vous reposer, visiblement on ne peut rien pour vous.
Toute la classe ria mais franchement, c'était bien le dernier de mes soucis. Je suivis donc l'autre inconnu tout aussi misérable en sport que moi et m'assit à ses côtés, soupirant de soulagement. J'étais enfin libéré de cette torture! L'albinos à mes côtés prit alors la parole;
- Je ne pensais pas qu'il existait des personnes aussi mauvaises que moi en sport
Je ria légèrement à sa remarque; moi aussi, je ne pensais réellement pas que ça existait.
- Moi non plus et d'ailleurs je dois avouer que j'en suis assez soulagé!
Je le vis se passer un petit morceau de tissu mouillé sur une plaie qu'il s'était probablement fait en cours de route, et je regardai alors mes genoux qui, heureusement, ne saignaient pas. J'étais chanceux de m'en être tiré qu'avec cela, car me connaissant, j'aurais très bien pu me retrouver le nez cassé à cause d'une chute.
- Moi c'est Edward. Et toi, Gabriel si je ne me trompe pas ?
J'hochai la tête en lui souriant, vraiment content d'être dispensé du cours et aussi d'avoir trouvé un... ''collègue'' de mon niveau en sport.
- Oui, c'est ça, Gabriel. Enchanté!
Je m'étirai les bras en regardant autour de nous; d'autres élèves passaient l'épreuve, et tout comme un peu plus tôt, ils semblaient tous bien s'en tirer. Parfois, j'aurais bien aimé être doué en sport, moi aussi; seulement pour pouvoir y participer, sans avoir et me forcer et savoir que je réussirai. Bien entendu, je n'en aurai jamais besoin dans ma vie, alors au final ce serait bien inutile. De toute façon, je préférais garder mon nez dans les livres plutôt que de sauter par-dessus des haies.
- Je trouve que c'est dommage que le sport soit obligatoire pour tous, surtout pour ceux à qui c'est inutile. Ils devraient mettre plus d'options... Tu aimes quoi, toi? Moi j'adore la littérature.
Tant qu'à être ici, je me disais qu'engager la conversation serait mieux que de rester silencieux. Je lui souris de nouveau, en retirant la poussière de sur mes vêtements que j'avais réussi à accumuler lors de mes chutes.