« Par contre, si je vais chez toi j'espère qu'il y a de la bouffe. Chocolat et fraise hein. »

Il finit par se lever sous mon regard curieux et ennuyé. Ses mèches. Non, pour moi, il voulait se rendre aveugle. J'esquissa un léger sourire amusé et bailla très longuement.

« Si tu veux oui, j’aime les fraises. »
« T'sais que je t'aime bien le gosse ? »

Pourquoi le gosse ? Sûrement parce-que c'était mieux. A y penser, qui paraîssait le plus jeune ici ? Moi sans aucun doute. On trouvait très facilement que j'avais quatorze ans. Bordel. J'en avais dix-sept. D i x – s e p t. Ne pouvaient-ils pas comprendre ça ? J'avais eu le droit à un corps jeune. Un corps jeune et un visage pouvant semer le trouble. Il alla finalement prendre son sac et sortir son portable pour pousser un soupir. Ses adoptifs ? Non. Son travail alors ? Ou bien un ancien amant ? Oh. Ce serait étrange ça. J'optais plus sur le côté travail. Mais c'était quoi ? Perdu dans mes pensées, je ne le vis même pas prendre un boîtier et prendre une lentille. Ce ne fus que quand il me parla que je retourna sur Terre sans comprendre ce qu'il cherchait à faire.

« Ah oui ? Eh bien, je ne vois pas pourquoi. Etant un gosse, je ne suis pas très marrant, non ? »
« Oui bon. J'ai quand même le droit hein ? »

Ses yeux tous deux d'une couleur doré. Je le regarda calmement en soupirant très faiblement puis me leva à mon tour, péniblement, en appuyant mes mains sur mes genoux. Je passa ma main dans mes cheveux en cherchant à me décoiffer légèrement et ressenti mon portable vibrer. Es-tu là ? Pourquoi ne réponds-tu pas ? Tu as eu des problèmes ? Ces vieux .. saoulant. J'adressa un regard noir au portable qu'ils m'avaient offerts et leur répondit très rapidement. « Ca va. Laissez moi. » Un simple message qu'il prirent au pied de la lettre. Enfin. Oui, ils me laissaient en paix pour au moins un jour. Je le savais ça. A quoi ils ressemblaient ? Ah. Ils me ressemblaient sur les bords, on pouvait croire à mes vrais parents mais non. Tous les deux avec des cheveux châtains, l'un avait des cheveux proches du roux et l'autre était normal. Leurs yeux .. pourquoi je les décrivais au juste ? Je jeta mon portable sur le sol. Qu'il se casse. Je voulais qu'il se casse mais si je ne donnais plus de nouvelles aux vieux, ils allaient pour sûr appeler la police et me chercher. Ne comprenaient-ils pas la liberté ? Ma sœur était tranquille, mes parents ne lui parlaient à peine. Elle avait été rejetée et je l'enviais pour le simple fait qu'elle était libre .. si on retirait la chaise roulante. Mais bon. C'était pas mon problème.
Je retira mes lunettes et les essuya très calmement. Est-ce que j'avais au moins assez d'argent pour survivre un mois ? On me payait à la fin du mois et j'avais juste assez pour survivre quelques temps. J'avais des économies mais j'en avais sans doute pas assez. Pour le moment ..

« Dix-huit heures trente .. »

Le temps passait .. vite. Vite à mon goût en tout cas. Mais .. j'étais toujours aussi crevé. Que faire pour me réveiller hein ? Je me donna une claque mentale et rigola nerveusement. Comme s une claque mentale pouvait me réveiller. Je me tourna vers le garçon et me mis face à lui.

« Baffe-moi. »

J'étais .. masochiste sur les bords oui. Mais quand je voulais me réveiller, c'était par des moyens comme ceux-là. Je bailla faiblement et le regarda dans les yeux .. même si son deuxième œil .. bon. Je le regardais dans les yeux quoi.

« Mais laisse-moi te baffer en retour. »

Ca donnait .. vachement envie de baffer hein ? Oh oui. Savoir qu'on allait se faire baffer par la suite donnait vachement envie. Mais je ne pouvais pas non plus me laisser baffer .. même si c'était moi qui l'avait demandé.

Mes deux yeux étaient normaux. Lentille quand tu nous prends…
Il s’était relevé pour s’approcher vers moi. J’avais posé mon téléphone sur la table à côté de moi et le fixais. Quatre. Quatre clients. Je n’aurais pas fini avant 6h du matin à se train-la. Enfin, un peu d’argent est un peu d’argent, on ne crache pas dessus. Un bruit métallique me fis sortir de mes pensée, son téléphone était par terre, je pense qu’il l’avait jeté, surement un sms énervant. Lui, il avait de la famille ? Il parlait d’orphelinat, il a surement été adopté, non ? Comment était ces parents adoptifs avec lui ? Comment aurait été les miens ?...

« Dix-huit heures trente .. »

Ah, déjà ? Je devais être à mon lieu de travail à 20h … Plus beaucoup de temps devant moi… Je soupiras même à l’idée que j’allais me faire sauter par quatre inconnu.

« Baffe-moi. »

J’écarquillais les yeux, il était fou ? Je tournais ma tête vers lui, il avait l’air sérieux en plus. Yeux dans le miens… Il était malade ?

« Mais laisse-moi te baffer en retour. »

Oh… dans ce cas là… Si j’avais une punition à recevoir pour toute mes fautes, c’était bien celle-là, il fallait que j’en profite un maximum. Je me mis debout, sur mes deux jambes et craqua mes doigt entre eux. Plus rien ne me faisais peur de toute façon. J’avais vécu pire que des baffes. Je lui donnais un grand coup à l’aide de ma main sur sa joue, le simple contact me fit tout de suite rappeler nos ébat, aller savoir pourquoi. J’eux même l’impression d’être encore sur la table allonger lui juste au-dessus de moi. En moi. Je divaguais fortement…
J’attendais ma baffe, yeux fermé, gentiment, mon sac à la main, je partirais juste ensuite. Désolé, je suis pressé…

« Va y, libre à toi »

« Baffe-moi. »

Qu'il me baffe, juste le temps que je me réveille un bon coup pour ensuite rentrer chez moi sans risquer de m'endormir pendant un quart d'heure de bus. Mon air sérieux, je n'avais jamais été aussi sérieux de ma vie. Il me prenait pour un fou ? Mais il fallait pas croire. Ce n'était pas une baffe gratuite.

« Mais laisse-moi te baffer en retour. »

Il se mit aussitôt à se lever en craquant des doigts. Woh. Lui aussi il était sérieux. Je sentais que j'allais bien me réveiller .. oh oui. Yeux dans les yeux, j'attendais toujours sa baffe en espérant que ça me réveille au moins un bout de temps. Il me donna une violente claque sur ma joue gauche et grimaça assez violemment. Je resta un court moment avec ma main sur ma joue de douleur et esquissa un faible sourire machiavélique. Aha. Il allait me le payer. Il était allé .. vraiment fort.
Ses yeux fermés, je ferma mon poing en adressant un sourire malsain. Il m'avait l'air pressé hein.

« Va y, libre à toi »
« Oh. Je vais pas me retenir .. après le coup monumental que tu m'as fait .. »

Je rigola faiblement et m'étira longuement pour remettre en forme tous mes muscles du bras. Je le regarda tout en ayant ma main libre sur ma joue et lui donna assez violemment une baffe. Plus forte ou de la même force. Dans tous les cas, ça allait faire mal. Ca, je le savais d'avance. Je secoua ma main en ayant des picotements dessus et lui sourit à pleines dents. Je ne m'étais pas retenu. Je ramassa à mon tour mon simple sac à dos et le mis sur l'une de mes épaules. Je secoua faiblement la tête en mettant correctement mes lunettes sur mon nez, me recoiffa à la vite à l'aide de ma main et me tourna vers Haru.

« Bon. J'dois y aller moi. »

Je lui fis un rapide clin d'oeil et l'embrassa sur le coin des lèvres en lui adressant un air charmeur :

« A la prochaine fois hein. Haru kun ~ »

Je lui sourit faiblement et m'en alla rapidement en le laissant dans la salle. Eh ben eh ben. Moi qui pensait me pencher sur le cinéma, je m'étais retrouvé à faire l'amour, parler et raconter ma vie. Oh putain. Si je l'avais sû je ne serais même pas venu. Pas parce que j'avais pas envie de faire l'amour, mais surtout pour avoir déballer mon passé. Je n'aimais pas en parler même si cela ne se voyait pas hein .

De la marche. Du train. J'arriva chez moi en prenant aussitôt une sieste de bon repos et partit à l'heure pour le bar. Fatiguant hein ..