Je tourne lentement mon regard vers la voix féminine faisant vibrer l’air à mes oreilles, la seule pensée me venant à l’esprit et me faisant frissonner est de me demander si cette jeune fille n’aurait pas un peu froid aussi courtement vêtue. J’avoue être un grand frileux, une température en dessous de 25° C me glace les os, et pourtant, les trop grosses chaleurs rosissent ma peau, je me demande vraiment ce que la nature a eu en tête au moment de la division cellulaire. J’avais jeté un rapide coup d’œil à la propriétaire de la voix enchanteresse à mon arrivée, mais telle une créature mystique, je me suis laissé envouter par la mélodie sortant de ses lèvres charnues, tel un héros Homérien devant résister aux sirènes. J’ai donc laissé la jeune fille à son incantation, préférant ne pas me risquer sur les rochers de la passion lyrique. Ni troubler ses gestes si souples, semblables à ceux d’une incantatrice, me laissant penser que ce petit brin de femme deviendra rapidement une dangereuse séductrice, mais l’éthique m’empêche de m’imaginer plus… Je ne me doutais pas, en arrivant dans cet établissement, qu’il serait si difficile de ne pas succomber aux charmes de ces jolies jeunes filles, ni même ceux de ces jeunes hommes encore bourgeonnants, et je rougie à mon attirance pour ces adolescents qui ne serait aucunement cautionné par les autorités.

Ce petit bout de femme à l’allure sauvage et naturel, aux jambes bien dessinées, sa taille fine et dévoilée par un vêtement trop court, et dévoilant de petits dessins ornant sa peau délicate, ses pieds nus et fins, et ses longs cheveux descendant telle une cascade de flamme ardentes sur ses cuisses déjà bien fournies et féminines… Même le plus sage des hommes ne saurait cracher sur une telle beauté que le temps n’a pas fini de faire fleurir, et que celui pouvant y résister me jette la première pierre. Cependant, n’étant pas un animal, je ne m’aventurerais pas, du moins, pour le moment, dans l’entreprise de la séduction avec les jeunes filles et garçons de l’école, tout ceci ne sera qu’une partie du monde rêvé qu’un féru de livre pourrait fantasmer, m’imaginant vivre de nombreuses aventures, sauvages et exotiques, aux cotés de cette charmante demoiselle.

Je m’égare et cette fabuleuse créature me compare à un héros dramatique… Je rougie doucement à la comparaison qui, à la fois m’amuse, m’arrachant un petit rire dû en partie à mes fantaisies intérieures mais aussi un rougissement, ne me considérant clairement pas à la hauteur d’un héros romantique au fond de moi. Ses héros restant comme des idéals à mes yeux, bien qu’ayant pleinement conscience que le fictif doit le rester. Je me plais tout de même à rejouer les scènes qui me sont si chères parfois, pour me mettre le temps d’un instant dans la peau illusoire d’un autre. Et j’écoute ces quelques mots, encore envouté par la douceur de sa voix restant mélodieuse même sans chanter, entonner son patronyme.

« Je m’appelle Serenity Jeevas. »

Un nom qui semble aussi doux et calme que sa jolie voix, que je ne peux sincèrement pas m’empêcher de complimenter, si bien elle a réchauffé mon cœur qui s’était jusqu’alors perdu dans l’horizon.

- Hilth Fukamae, je suis le nouveau professeur de Littérature, je suis ravie de rencontrer une jeune fille à la voix si charmeuse, j’ai bien cru un instant que vous essayiez de piéger mon cœur dans vos filets avec vos notes pareilles aux incantations, vous ayant presque confondu avec une sirène, peut-être même une succube ? Un chant doux, mais cependant puissant ! Ce talent serait-il inné ?

Tout en lui parlant, je pose sur elle un regard de profonde admiration plus que celui d’un homme rongé par le désire, ce dernier restant pour le moment privilégié à mon monde fantaisiste intérieur, la réalité restant, certes, moins douce, mais tout autant enchanteresse. Un artiste avec un tel talent se doit d’être toujours récompensé et vanté pour son talent.

- Puis-je demandé pourquoi votre choix s’est porté sur cette mélodie particulière ?