Qu'est que je fous ici ? Sérieusement ? On est en plein hiver,de nuit qui plus est. Il fait froid comme un congélateur,et qu'est-ce que Chika Kawaea trouve à faire ? Aller à la plage. Non mais franchement ! Je suis stupide ou quoi ?

Bien évidemment,je n'ai vu quasiment personne. A part un couple d'ados prépubères ayant sans doute fui de chez eux pour trouver un moment "intime" à deux. Intime,sur une plage hivernale,remplie d'oiseaux et d'excréments de chien. Je soupirais,et détournai le regard,ne voulant pas de leurs baisers fugaces. Tout cela me faisait trop penser à cette fille.

Je voulais l'oublier. Mais ça m'étais sans doute impossible. Elle m'avait radicalement fait changée. Je n'étais plus la gentille Chika. J'étais à deux doigts de devenir une grosse salope. Mais non,je devais me reprendre,et être gentille.

J'eus soudainement envie de...me baigner. Verdict : j'étais vraiment folle. Mais bon,autant laisser libre cours à mes envies.

L'eau était légèrement gelée,aussi je n'eus besoin que de quelques coups de pieds pour en démolir une bonne partie. D'ailleurs,ce n'était que la surface de l'eau qui était gelée. Je souris,enlevant mes ballerines. J'introduis mon pied droit dans l'eau,et le contact me fit frémir. Froid,vraiment froid. Glacial même. Mais ça me plaisait étrangement. Comme on dit,on s'habitue à tout. Je plongeai mon deuxième pied dedans en souriant. Génial.

<<Et puis,pourquoi ne pas y aller toute entière ?>> pensais-je.
Je ris de ma propre audace et entrepris d'enlever mon manteau. L'air glacial de la nuit hivernale s'infiltra sous mon T-Shirt. Mais je le voulais.

J'ôtais mon jean et mon t-shirt,pour me retrouver en sous-vêtements. Et j'enfonçai mon corps entier dans la mer.

Je jubilais. Le couple à côté devait sans doute me trouver étrange. Mais je m'en fichais. J'adorais ça. J'étais comme ça. Elle m'avait rendue comme ça.

Mon regard se posa sur le couple,et je les vis me fixer,comme choqués. Normal. Personne ne va se baigner un jour avant Noël dans la mer. Sauf peut-être Chika Kawaea.

Histoire de les choquer encore plus,je dégrafai mon soutien gorge,laissant apparaitre ma poitrine. Je souris en direction du couple,et leur lançai mon soutif'. La réaction ne se fit pas attendre,ils s'en allèrent. Je ris légèrement.

Lorsque je le vis,la pudeur ne s'empara même pas de moi. Elle m'importait peu de toute manière,à présent. Je scrutais son visage,et je tiquai. Il lui ressemblait. Il était froid,et ça m'attirait à lui. Pourquoi,pourquoi ??? J'étais attirée par ce genre de personnes,je l'avais compris grâce à elle. Mais pourquoi encore un ? Après un si court laps de temps ?

J'injurias Dieu de tout les noms,avant de reporter mon attention vers l'inconnu. Il était nu aussi. Complétement. Contrairement à moi,qui avait résolument gardé ma culotte. L'ancienne Chika subsistait encore légèrement....

Il sourit. Comme elle. J'eus envie de l'embrasser,sur le coup. Mais ce n'était pas Lilly. Il lui ressemblait c'était tout. Ce n'était pas elle... Pas elle...

L'envie de pleurer me gagna et je dus me faire violence pour ne pas céder. Je reniflai bruyamment,passant ma main sur les larmes naissantes aux bords de mes cils. Je ne voulais pas le regarder. Ou sinon j'allais reproduire cette erreur. Et ça allait empirer.

Je fis la planche en l'ignorant,scrutant le ciel noir. Aucune étoile. C'était beau. Magnifique. Jubilatoire. Je repensais,encore une fois,à cette petite chienne qu'avait été cette Lilly. A l'esclave qu'elle avait été pour moi. Et j'éclatais d'un rire sinistrement sadique et méchant.

Je ne pouvais pas me contrôler. C'était tellement stupide. Elle n'avait dépendu que de moi. Elle n'avait eu que moi. Ca avait été ma marionette. Et j'avais adoré ça.

Ma crise de rire ne voulait pas s'arrêter,et je fixai inlassablement ce ciel noir. J'en avais même oublié l'autre.

- Joli...

De quoi parlait-il,cet être froid ? Je me redressais,le fixant. Il souriait. Toujours avec des yeux froids. Il me la rappelait violemment,cela me faisait souffrir. Mais je ne devais pas pleurer. Pas devant ce genre de personnes. Parce que je savais que ça leur plaisait.

Je m'approchai de lui,le fixant droit dans les yeux. Je m'arrêtais près de son visage,fixant ses yeux froids. Lilly... Exactement le même regard qu'elle. Froid,sans aucune émotion apparente.
Nous étions la veille de Noël. Seuls,tous deux dans cette mer glacée,nus. C'était stupide pour n'importe qui de normal. Mais je n'étais pas normale,et visiblement lui non plus. Lui sans doute de naissance. Moi d'une expérience passée. Avec cette Lilly.

Je n'arrivais pas à réfléchir,et je pensais constamment à elle. Pourquoi bordel,bordel ? Pourquoi? Je soupirais,me concentrant de toutes mes forces sur l'inconnu. Je fixais ses yeux froids,évitant de penser à elle.

- Merci pour le compliment.

J'avais volontairement pris ce ton là. Un ton de grosse salope. Parce que désormais,je n'étais plus que ça. Une grosse salope complètement dingue.

Je perdis subitement le contact avec ses yeux,et je m'en voulu l'espace d'un instant. Je voulais ce regard,je voulais le fixer. Mais comment faire,comment faire. Ne subsistait que ce sourire malsain sur ces lèvres,et je me décidais à parler avec un ton osé :

- Merci pour le compliment.

Phrase stupide quand on y repensait. Mais qui fait son petit effet,il rouvrit les yeux. Je souris malgré moi,heureuse. Il rit,sans doute amusé par ma phrase. J'avais sorti un phrase polie,preuve que j'étais encore la gentille Chika. Je le regardais se moquer de moi,ses yeux n'étant plus froids,je ne voyais pas de raison de les fixer. Je me mis donc à regarder son corps. C'était quelque chose de pervers,mais et alors ? Qui pouvait-on blâmer ? Lui,d'être nu dans la mer à une heure pareille. Moi, d'être à peu près dans le même état de nudité que lui,et qui le fixe ? Ou autre chose ?

- Compliment, hm.. ? Navré de te décevoir, mais c'en est pas un.


J'haussais les épaules. Quelle importance ? Je voulais juste observer ses yeux. Parce qu'ils me la rappelaient. A présent,ils étaient redevenus froids,et je ne pus m'empécher d'approcher un peu plus. Lilly...

- Mmh..

Perdue dans mes pensées,j'avais laché un petit gémissement. Et c'était apparamment sexuel. Je ne rougis pas me contentant de détourner le regard. J'étais stupide,stupide,stupide. Je ne devais pas penser à faire ce genre de choses maintenant.

Je le regardais,mi-choquée,mi-dégoûtée. Il venait de mordre son bras à pleine dents,et du sang en coulait. Non... Elle n'aurait jamais fait ce genre de choses. Elle n'était pas comme ça,je le savais. Alors qui était-il ?

J'avais peur,je sentais l'alcool s'enfuir doucement de mon corps. J'avais à peine bu lors de cette soirée en discothèque,mais ça m'avait suffi pour être bourrée. Et désorientée de ce fait,même si la brune était également responsable de tout ça... De toute ce qui changeait en moi.

J'avais mal à la tête,je voulais mon lit,je voulais rentrer. Mais si j'y allais,je la reverrais certainement. Et le voulais-je réellement ? Pas pour l'instant. Je voulais faire le maximum de rencontres humaines avant de retourner dans cet enfer. Je fis un pas sur le côté,tenant ma tête dans ma main gauche. Je souffrais affreusement. Et je devais m'en aller.

Il me faisait peur à présent. Je ne voulais pas le regarder. Je ne voulais pas affronter son regard qui ressemblait au sien,mais en pire. Je me détournai et entrepris de nager vers la plage. Epuisée,épuisée... Je savais que je devais rester éveillée un petit moment,du moins le temps que je regagne le rivage. Loin de ce type étrange,de cette eau glacée et de son bras couvert de sang. L'image me revint en mémoire au moment où je recommençais à avoir pied,et j'étouffais un cri. Comment quelqu'un d'humain pouvait se faire ça à lui-même. Je n'osais pas regarder en arrière. Je voulais juste...

Je me relevais faiblement,mais même mes jambes m'avait abandonnée. Je m'écrasais comme une masse sur le sable qui se colla instantanément à ma peau mouillé et salée. Une blessure récente à la main se décida de me lancer à ce moment là,et je soupirais en fermant les yeux. Je voulais rester là,nue. Tout en écoutant le bruit des vagues....

J’étais allongée sur ce sable glacial depuis je ne sais combien de temps. Mes tempes bourdonnaient affreusement, me donnant l’impression que ma boîte crânienne allait exploser à tout instant. J’avais rouvert mes yeux bleus, je ne voulais pas m’endormir avec le nombre de pervers qui pouvaient venir à tout moment. J’en avais même presque oublié l’autre fou. Je voulais juste rester là, inerte, donnant presque l’impression d’être morte. Je commençais à avoir froid, et je ne savais même pas où étaient mes vêtements.

Je l’entendis soudain sortir de l’eau, et se rhabiller derrière moi. J’aimais sa présence en quelque sorte, mais lui devait détester la mienne. Mais ce qu’il pensait m’importait peu, au final. J’avais juste envie d’être avec quelqu’un, et ce même si c’était un fou.

Il étouffa un cri, et je ne pus m’empêcher de me tourner vers lui. Son portable sonnait, et je me dis qu’une personne comme lui ne devrait pas avoir de téléphone, vu qu’il ne lui serait d’aucune utilité, étant donné que les rapports sociaux n’avaient pas l’air d’être son fort. Il l’ignora, et je me retenais de pouffer. Il avait l’air tellement contrarié, et ce uniquement parce que son téléphone avait sonné.

Il posa ses affaires près de l’eau, puis remit ses chaussures et alla plus loin, alors que la sonnerie revenait à la charge. Mon regard le suivait au fil de ses actions, telle une traqueuse sur sa proie. À l’exception près que je ne voulais pas l’attraper. Je voulais uniquement sa compagnie, aussi infime et froide fut-elle.

Il décrocha son téléphone, avec une voix digne des plus grand businessmans, et j’éclatai de rire tellement cette voix ne lui convenait pas. Ma crise continua tout au long de sa conversation, l’alcool n’étant sans doute pas tout à fait parti de mon corps. Il avait également un sourire sadique, ce qui contrastait encore plus avec sa voix et son visage. Je riais encore et encore, même si en temps normal j’aurais pris peur et me serait enfuit. Mais là, j’étais anormale. Bourrée et anormale.

- Où, dites-vous... ? Je vois... Je vous apporte ces quelques effets dès ce soir...

Il raccrocha et fourra son portable dans une de ses poches, et mon rire disparut. Puis il s’assit en observant les vagues venir mourir sur le sable, tandis que mon regard le suivait encore.

Le temps passa, insaisissable, jusqu’à ce que je décidai de faire quelque chose. Il allait sûrement détester ça, je le savais, mais lui parler était une des choses que je souhaitais en ce moment. Et je l’obtiendrais.

Je m’approchais donc à quatre pattes, prête à engager la conversation comme je l’aurais fait avec n’importe qui. Je lui jetais un sourire étrange, qui devait déformer mon visage de part en part. Mais je m’en foutais. Tout ce que je voulais, c’était lui causer pour ne plus me sentir seule.

Mais mon corps en décida autrement. J’avais presque atteint mon but, c’est-à-dire lui. Et soudain, ma tête se mit à me lancer encore plus fort que précédemment. Je tombais devant lui, le nez dans le sable, sans la moindre force intérieur qui aurait pu me servir pour me relever.

- Merde.

Nez dans le sable, je ne bougeais plus. Je n’en avais même plus l’envie. J’étais presque bien comme ça. J’entendis vaguement un portable sonner une deuxième fois. Sans doute le sien. Était-il si populaire malgré son air froid et distant ?

- Je vous en prie, je suis un éclair...

L’appel sembla s’arrêter, je décidai donc de redresser légèrement le nez pour le voir se rapprocher de moi. Pas de très près, non. Un mètre ou deux tous au plus. Son regard glacial croisa le mien déboussolé. J’essayais pendant ces quelques secondes de le cerner, mais l’alcool n’aidant pas, je me résignais. Je l’observais simplement, pendant des secondes qui me parurent une éternité. Il se décida finalement à s’approcher, et inclina le buste, tel un jeune homme de bonne famille. J’eus envie de rire, mais je ne le fis pas. Je le regardais simplement.

- Au plaisir de vous revoir, très chère...
- Plaisir non partagé….

Les mots avaient dépassé ma pensée alors que je le vis s’éloigner à grandes enjambées. Quand il ne fut plus qu’une ombre parmi tant d’autres dans la nuit, je me décidai à me relever, et je m’habillai rapidement, furtivement. Le matin n’allait pas tarder, je le savais. Et Lilly allait m’en vouloir. Pff. Quoi que je fasse, elle allait m’en vouloir. J’étais partie, j’avais déjoué son semblant d’autorité qu’elle avait sur moi. Et de ce fait j’allais être punie.

Je me redressais en mettant de l’ordre dans ma tenue tout en ébouriffant mes cheveux remplis de sable. Je n’allais certainement pas rentrer de suite. Je mis mes chaussures et m’élançai pour le parc du centre-ville. Oui. Le plus tard serait le mieux pour que je ne revienne.

[ RP CLOS ]