Une histoire de culottes. [PV : Alice Sagan]

Messages : 14 Date d'inscription : 26/07/2014 Age : 26 Localisation : ...

Aujourd'hui n'était pas de ces jours où l'on doit subir l'école, ce lieu public dégueulasse où on se marche dessus avec des élèves qui ne se préoccupent que des vêtements àlamowde qui viennent de créer la nouvelle tendance le plus souvent absolument dégueulasse, mais qui ne savent même pas jouer à Mario. Non, aujourd'hui, on était le week-end, mon moment préféré de la semaine parceque je n'ai même pas besoin de m'habiller ou de me coiffer. J'avais encore passé ma matinée à jouer, encore à essayer de battre ce foutu joueur de MMORPG qui me posait toujours problème, avec son mage à la con, et qui me défiait chaque jour. Mais j'avais gagné au bout de plusieurs heures de jeu, comme toujours. Ca valait une petite récompense, comme par exemple ... Un bon repas ! J'allais vers la cuisine, croisant au passage la carcasse de ma mère qui se trainait jusqu'à sa chambre un paquet de nouilles instantanées aux mains, sans même me saluer, et ... Le frigo était vide. La fourbe, elle avait encore dû tout mettre dans sa chambre, et hors de question que j'y mette les pieds ! J'ai beau ne pas me coiffer, j'ai encore la dignité de ne pas vouloir marcher dans le tas d'ordures qu'est sa piaule ! Il fallait donc que je sorte me nourrir pour ne pas mourir.

J'attrapais donc mon argent, enfilais mon tee-shirt de Ace Attorney, et passais mes doigts dans mes cheveux, et c'était partit pour une escapade au grand jour. Je descendais la rue jusqu'au fast food, l'objet de toutes mes convoitises, ignorant les regards pesants des gens sur moi.

Je poussais enfin les portes du pénitenc... Je veux dire, du restaurant, si on appelle encore ça comme ça, et humais les bonnes odeurs de graisse qui s'échappaient des cuisines derrière les comptoirs remplis de serveurs qui n'avaient pas l'air très occupés : le sanctuaire de la malbouffe avait l'air pas mal désert, une trentaine de clients à tout casser ! Mais tous me regardaient eux aussi avec ce même air interloqué ou choqué, dont je ne connaissais pas la provenance. Je m'avançais vers les caisses pour ordonner mes 4 hamburgers et portions de frites nécessaires pour grossir et me forger un corps plus mature -c'était ce que j'avais lu sur internet ... Mais le serveur avait l'air plus amusé qu'autre chose, vu que seule la moitié de mon visage dépassait du comptoir. Il me délivra donc ma commande, et une fois payée, m'offrit un menu enfant gratuit; vous savez, celui avec la surprise à l'intérieur, le truc pour les GAMINS de HUIT ANS. Mais bon, depuis le temps que j'y allais à ce fast food bidon, j'avais un peu l'habitude des humiliations du genre ! Quoiqu'il en soit, mon plateau garni de nourriture - et d'un jouet également -, je prenais place à une des quelques tables vides. On s'approchait de 15h, et pourtant, le Wacdo s'emplissait de gens qui voulaient se goinfrer de frites et glaces, rien d'étonnant vu la chaleur. Pourtant, absolument chaque personne passant devant ma table me fixait longuement. Bon, ça commençait à bien faire là ! J'avais un truc sur le visage ou quoi ?! Je me dirigeais vers les toilettes, détaillais ma figure, rien d'anormal ... C'était quoi leur problème ?

Sortant des toilettes d'un air énervé, je me tenais debout, et surtout, debout au milieu du restaurant, je suivais le regard des gens pour finalement voir qu'ils s'attardaient sur autre chose que mon visage : ma tenue. Je baissais donc la tête. et quelle ne fut pas ma surprise quand je constatais un détail plus humiliant encore que le coup du happy meal du pauvre serveur du Wacdo : certes, en quittant la maison, j'avais pris l'argent, un tee-shirt, mais j'avais oublié un détail fondamental de ma tenue qui m'avait surement valu au cours de mon trajet plusieurs ricanements que j'avais ignorés : un bas. Les chaussures, ça à la limite, j'avais l'habitude de les oublier, d'aller au lycée pieds nus et d'essuyer les remarques sans y prêter d'oreille attentive, et donc aujourd'hui ça ne m'avait pas non plus particulièrement alarmée, mais surtout le pire aujourd'hui, c'était que je n'avais pas pensé à mettre de jupe ou de pantalon. Je comprenais mieux leurs regards ! Mon visage devint rouge, et cette teinte me fit encore plus ressembler à une petite fille, que je détestais ça ! Je devais avoir l'air fin comme ça, au milieu de tout le monde, vêtue d'un tee-shirt et d'une malheureuse culotte rose. J'avais envie de m'enterrer sous terre, découvrant la sensation désagréable que provoquent les regards des autres braqués sur vous lorsque vous êtes différents. Je retournais en vitesse m'asseoir; j'avais payé, autant manger, mais j'avais tellement honte que j'aurais préféré retourner chez moi ... Pitié que l'on me laisse en paix aujourd'hui ou ce sera la pire journée de ma vie.

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- Les dents serrées, l'air dépité Alice avançait inexorablement vers ce qu’il voyait être comme la potence. Il se mouvait si lentement, traînait tant des pieds qu’il aurait pu très bien se planter dans le sol. Le grand bâtiment qui se dressait devant lui allait être sa prochaine prison, sa prochaine école en somme, il avait encore tant de chose à régler avec l’administration qu’il en était déjà exaspéré.

Le blond passa à contre cœur le portail de la cours se lamentant tout le long du chemin, malgré les sourires qu’on lui accordés le jeune homme s’évertuait à rester de glace. Entrant finalement dans le grand bâtiment de pierre, il jeta un coup d’œil circulaire, l’école était prestigieuse ça il ne pouvait le nier, tout ici respirait le luxe, même le putain de sol semblait coûter une fortune. Se retenant de jeter violemment sa tête contre un mur pour avoir une raison d’être emmené loin d’ici, il traversa un long couloir orné de portait et de diverses peintures dont il se fichait bien, lui tout ce qu’il désirait c’était se présenter pour la forme et avoir toutes les informations dont il avait besoin, alors il allait serrer les dents pour sa mère, le premier jour du moins.
Alice frappa à la porte qui semblait être celle de l’administration et fut plutôt bien accueillit, louangeant même sa venue ce qui fit reculer presque d’entrée le blond. Bande de suceur de sang juste là pour le prestige. S’étant encore plus renfermé il ne répondait pas même aux questions, hochant la tête de manière négative ou positive, cependant une information fit froncer les sourcils du blond. Il était placé aux dortoirs, jusqu’à la il était au courant de ça, pourtant, on ne l’avait pas prévenu qu’il devrait partager sa chambre, avec UN ENFANT qui plus est. Alice n’avait qu’une envie, repartir, tout de suite, mais pour sa promesse il encaissa la nouvelle avant de prendre avec le peu de patience qu’il lui restait les documents dont il avait besoin, plan de l’école et du dortoir, règlement intérieur, clé pour sa chambre et son emploi du temps. L’homme eut la bonne idée d’assener une tape dans l’épaule du jeune homme qui le surplombait pourtant avec facilité, le blond s’était retourné en le fusillant du regard, le petit monsieur s’excusa en bafouant avant de repartir à son poste laissant enfin Alice filer.

Hors du bureau il soupira longuement en observant les papiers dans ses bras, il n’attendit pas plus pour tout mettre dans son sac à dos, de toute manière il n’allait pas s’en servir maintenant, hors de question après d’aller dans le dortoir après la JOYEUSE nouvelle qu’il avait apprit, il avait besoin d’un remontant après ce début de journée pourrie. Alice fila donc vers ce qu’il connaissait le mieux après son quartier et le Wacdo. Rien de pire ne pouvait arriver au Wado hein ? HEIN ?

Le chemin de son fast-food favori était presque marqué dans son sang, il aurait très bien pu y aller les yeux fermés ! Le chemin dura tout de même une vingtaine de minutes ce qui donna encore plus faim au blond, son ventre fit état de sa présence quand le signe jaune de Wacdo se dessinait au loin. Alice poussa les portes du restaurant avant de se mettre automatiquement dans une file et d’observer le panneau de nourriture bien qu’il prenait toujours la même chose. Prit dans son observation des nouveaux produits en édition limité il ne fit d’abord pas attention aux murmures qui semblaient l’entourer, le blond bougea finalement la tête pour chercher une place de libre et se figea en voyant une petite fille sur qui tout les regards étaient braqués, en effet l’enfant ne portait visiblement pas de bas, rien de plus que sa culotte… Rose… Il était dur de perturber le jeune homme, après tout dans sa courte vie il avait déjà vu pas mal de chose et autant vécu mais devant cette situation sortie tout droit d’un mauvais manga il ne pouvait rester de glace. Etait-ce la détresse de cette petite fille qui avait réussi à le perturber ou le fait qu’il la trouvait adorable ? Alice ne put répondre à cette question et il ne voulait pas savoir non plus, voyant que tous ne faisaient que la fixer même après qu’elle ait reprit sa place et qu’elle essaye en vain de se cacher dans ses longs cheveux aux reflets dignes d’une pierre précieuse, il prit la décision de l’aider. Il quitta donc sa place dans la file avant d’avancer vers elle en retirant sa chemise, heureusement qu’il portait un manche longue noire en-dessous, au moins vu le contraste de taille entre vous deux sa chemise pourrait te servir de robe. Posant son regard transperçant vers toi il tendit son vêtement vers toi avant de prendre la parole. -

Mets ça.

- Sa voix rauque donnait plus l’impression d’un ordre pourtant Alice faisait là de son mieux pour ne pas paraître effrayant pour la fille qu’il pensait être une enfant. La différence de taille était effarante, elle était si petite, si frêle face au géant qu’était le blond. Plus il la regardait plus il ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle était un humain de poche. -

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Alors que je pensais que j'allais passer ma journée cloîtrée entre les 4 murs étroits de ma salle de jeux favorite, c'est-à-dire ma chambre, qui n'avait d'ailleurs de chambre que le nom, mon lit n'était qu'un armada de paquets en cartons qui jadis contenaient des jeux de toutes sortes, allant du RPG le plus aventureux au Dating Sim le plus cucul la praline. J'aimais bien évidemment tous ces jeux, bien plus que cette dure réalité dans laquelle nous vivons et où les no-life comme moi sont rejetés et montrés du doigts comme de belles petites bêtes de foire, ce regard insoutenable que je cherchais à éviter en me réfugiant dans les jeux vidéos.

Mais non mon estomac en avait décidé autrement, après tout il était fort possible qu'il ne soit pas sain de ne pas avoir mangé ni bougé de mon bureau depuis aussi longtemps, et la faim l'avait emporté sur le jeu; le coeur battant la chamade, je m'étais donc retrouvée dans ces lieux qu'on appelle publics, bourrés de gens sociables et prêts à payer une vraie fortune pour s'empiffrer de la malbouffe qu'on vous sert poliment ici. Tellement poliment qu'on m'avait offert un menu enfant. Non mais c'était pas la peine hein ... VRAIMENT pas la peine ... J'aurais pu lui montrer ma pièce d'identité à ce blaireau, mais il m'aurait ri au nez, si toutefois je ne l'avais pas oubliée. Mais passons. Ma pire humiliation en fut pas de me retrouver avec ce menu nuggets-frites-compote-jouet, ni de ne pas avoir ma tête qui dépasse du comptoir des commandes comme toute personne normale - en même temps quelle idée de les mettre aussi haut, pfeh- ni d'ailleurs de me retrouver en CULOTTE entourée de GENS qui M'OBSERVAIENT. Non, ça, ce n'était rien, et c'était quand même déjà beaucoup à supporter, mes nerfs auraient pu lâcher si je n'avais pas été aussi renfermée sur moi-même. J'aurais même pu hurler sur tous les gens qui auraient osé me faire un reproche, mais tout le monde ici semblait le faire. Tout dans leurs yeux trahissait de la moquerie, ils ne le disaient pas, mais leurs rires et le plissement de leurs yeux, l'expression de leur visage, tout cela traduisait bien que j'étais dans un de ces jours où c'est de vous qu'on se moque, et pas l'inverse.

Non ... Le pire fut quand je vis ce garçon rentrer. Il avait l'air ... Banal, d'ailleurs je ne l'avais même pas remarqué quand il était entré. Mais il fallut que lui aussi me porte de l'attention. Alors que je m'étais rassise, pour cacher, il faut la dire, la misère de ma tenue, et mon visage blanc comme un ligne derrière ma chevelure - ou plutôt, le poulpe qu'elle formait. Il abusait. J'avais envie de lui dire de partir, de lui cracher dessus, de lui indiquer qu'il n'était pas le bienvenu à ma table bien qu'il ne portait pas de plateau, mais à quoi bon ? Quand je me mettais à crier ce genre de choses aux autres, ça se passait uniquement dans ma tête, en vrai, je n'en menais pas large.

Il était posté face à moi, et, malgré ma honte la plus totale, je relevais le visage pour détailler ce qui allait être, je le pensais, mon interlocuteur. Il était beau, comme un de mes personnages de RPG, il avait la classe, cette classe qu'on ne donne qu'aux personnages fictifs, qui me donnait une folle envie de lui ordonner d'attaquer l'armée de trolls qui arrivait pour défendre la princess... Ouais mais, problème, on était dans la vraie vie, au Wacdo, et aucun troll à l'horizon. Il avait ces cheveux blonds cachés par un horrible bonnet -ou tout du moins qui ne correspondait absolument pas à mes critères de beauté en matière de bonnets, ça gâchait tout, j'avais une folle envie de le lui retirer et de le tremper dans ma sauce barbecue pour qu'il ne puisse jamais le remettre. Il était habillé simplement, et à part son bonnet (quelle horreur, comment pouvait-on trouver cela esthétique ?), son style n'était pas vraiment dérangeant... Enfin de toute façon il changea vite puisque l'inconnu, aux airs franchement peu sociables, ôta sa chemise pour me la tendre. What the fuck ?

Je restais coite.

- Mets ça.

M'avait-il marmonné. Il devait essayer de se donner des airs de gentil, mais c'était plus effrayant qu'autre chose ... Abasourdie, mon regard alternait entre son visage renfrogné et sa chemise qu'il me tendait généreusement, un contraste plutôt amusant. Comme si Ganondorf vous donnait sa part de la triforce juste parceque vous lui inspirez de la pitié. Quoiqu'il en soit, je lui en étais très reconnaissante. Mais en même temps, je me disais que si je ne bougeais pas, que je faisais la morte, il s'en irait, reprendrait sa chemise et ne s'occuperait plus de moi, la seule chose dont j'avais actuellement besoin était d'un contact humain, qui en plus portait sur moi un regard d'adulte face à un enfant, alors que je ne devais pas être bien plus jeune que lui, la seule chose que je haïssais plus encore que de perdre à un jeu vidéo. Mais en même temps je ne pouvais pas refuser, il avait l'air lui aussi de prendre sur lui pour avoir l'air gentil -même si ça ne marchait pas terrible.

Dans un mouvement brusque qui s'apparentait plus à un spasme, je saisis la chemise, la posais sur ma tête pour cacher mon expression de honte, et me recroquevillais sur moi-même, bien que ce n'était certainement pas l'usage auquel il s'attendait que j'en fasse. Non, ne me regarde pas, étranger, c'est déjà assez humiliant comme ça pour moi, va-t'en et laisse moi tranquille, je t'offre même mon plateau de hamburgers si ça peut te faire déguerpir plus vite, après tout tu as l'air d'un fauve affamé, vas donc manger et ne t'occupe plus de moi ...

Je jetais un oeil en écartant légèrement la chemise ; la dure réalité s'imposa : il était toujours là. C'est pas vrai ! Comme une autruche, je couvris ma tête de nouveau. Par politesse il fallait bien le remercier ... Entre deux cafouillages, je lui marmonnais :

- Mmmhmercimmmhhh ...

Allez s'il te plait, laisse moi tranquille... Peut-être qu'il agirait comme un des zombies dans ces simulations sur Wii ? Que si je lui jetais un appât il s'en irait pour le chercher ? Après ce remerciement des plus ridicules, j'attrapais donc un hamburger sur mon plateau et le jetais un peu plus loin dans le fast-food. S'il était partit, tant mieux, sinon j'allais passer pour une personne avec de gros troubles psychologiques.

C'est vraiment la pire journée de ma vie.

Invité

- Le temps semblait s’être figé, et le blond avait l’air bien stupide à tendre sa chemise à l’enfant en face d’elle qui se terrait sous ses cheveux. Les murmures avaient reprit de plus belle devant l’interaction amusante qu’ils formaient, alors qu’Alice était sur le point de se tourner pour intimer à ces idiots de la boucler, la petite fille se saisit du vêtement de manière plutôt brutale avant de se laisser disparaître en-dessous. Sourcil arqué, le jeune homme observait d’un œil curieux ce comportement presque animal, cette enfant n’était peut-être pas habituée à être en compagnie d’autres humains ? Un tas de théorie toutes plus farfelues les unes que les autres prenaient place dans l’esprit d’Alice, allant de l’inadaptée sociale à l’enfant louve ou même encore la pauvresse qui découvrait le monde, alors, la toute petite voix s’éleva enfin de sous la chemise. -

- Mmmhmercimmmhhh ...

- Un genre de merci ? Il n’avait pas même comprit ce qu’elle avait tenté de dire, il avait seulement remarqué à quelle point cette voix était fluette et cristalline. Il vit finalement un petit œil sortir de sous le vêtement pour le regarder, miel, ambre ? Quelle était cette couleur chaude qui résidait dans ce regard fuyant ? Il ne put pas plus longtemps observer cette étrange couleur puisqu’elle avait décidé de retourner se cacher visiblement, il vit cependant sa petite main qui cherchait à tâtons quelque chose sur son plateau, Alice quant à lui avait remit ses mains dans ses poches, observant le comportement vraiment curieux de l’humain de poche qui semblait avoir trouvé ce qu’elle cherchait, un hamburger ? Ah, elle devait avoir faim, après tout vous étiez au Wacdo, le ventre du blond se manifesta de nouveau alors que la petite main pâle lança la nourriture dont elle s’était saisit à l’autre bout de la pièce.

…

Que venait-il de se passer ? Avait-elle espéré brouiller l’attention du blond de la sorte ? Quelques rires nerveux avaient retentis devant son geste sorti de nulle part. Alice lui avait décidé de ce qu’il allait faire, et pour cela il s’éloigna pour gagner les caisses maintenant moins emplies qu’à son arrivé. Il se hâta de commander en jetant quelque coup d’œil vers l’enfant pour s’assurer qu’elle ne sortait pas la tête du vêtement quand il n’était plus là. Un fois son plateau servi il revint aussi vite à la table occupée par cette étrange jeune fille et s’assit en face d’elle sans même lui demander la permission. Elle était étrange il n’y avait pas dire, mais elle ne semblait pas méchante, un peu perdue seulement ? Le blond l’avait aussi été tout au long de son enfance, alors s’il pouvait éviter à une personne de devenir le genre d’ « adulte » haïssable qu’il était, il le ferait. Selon lui, il faisait une bonne action ne pensant pas une seule seconde que c’était sa présence qui faisait agir la petite fille de manière aussi peu logique. Il se mit alors à manger de manière habituelle avant de poser un hamburger sur ton plateau, semblable à celui que tu avais jeté. Alice n’était pas le moins du monde à l’aise avec l’idée de se sociabiliser, mais c’est ce qui se faisait pendant un repas non ? Il mâcha avec vigueur son hamburger en tendant l’oreille, visiblement l’attraction que vous étiez n’avait pas réussi à tenir l’intérêt des « spectateurs » jusqu’à la fin puisque la plupart mangeaient maintenant dans leur coin ne vous regardant même plus. -

Uhrm.. J’suis Alice… … … Et toi, c’est quoi ton nom ?

- Le blond avait réuni toute la foi qu’il avait pu trouver en lui pour prononcer une phrase aussi bateau que celle-ci. Il faisait vraiment de son mieux même si on pouvait jurer qu’il n’essayait même pas vu le ton de sa voix toujours aussi monocorde et presque lassé, malheureusement c’était sa voix original, l’autre version c’était celle qu’il avait quand il hurlait sur les gens en les menaçant. Pourquoi essayait-il après tout ? Lui qui évitait les autres en général pourquoi cette fois il n’avait pas agit de la même manière ? Était-ce le désarroi de l’enfant qui lui avait donné envie d’aider ? Non, il avait déjà battu des types presque à mort, qui le suppliaient, et ça n’avait jamais rien changé. Peut-être parce qu’elle était une enfant ? Il ne détestait pas les enfants ce n’était pas faux mais de là à aider une totale inconnue ? Peut-être devait-il chercher encore plus loin ? Le fait qu’il avait toujours voulu une petite sœur ? Cette raison si triviale aurait pu l’animer de bonté ? Son regard se figea sur la petite alors qu’il cherchait une raison à sa gentillesse. -

Messages : 14 Date d'inscription : 26/07/2014 Age : 26 Localisation : ...

Cela devait être la 4ème fois de la journée que je me le répétais intérieurement mais vraiment, quelle journée horrible. Lister mes malheurs une seconde fois n'aurait servit qu'à me déprimer davantage; j'avais vraiment du mal avec l'idée sordide d'affronter le monde extérieur plutôt qu'un boss de jeu vidéo, mais l'idée était là : je passais la pire journée de ma vie. Même le jour où j'avais jeté ma tour d'ordinateur par la fenêtre, ce qui m'avait privé de jeu pendant des semaines entières le temps de récolter de l'argent pour en acheter une autre; même le jour où un garçon était venu me dire qu'on devait se marier quand on serait plus grands quand j'étais sortie acheter du pain alors qu'il avait environ 10 ans et moi 16, et même le jour où mes cheveux étaient tellement longs qu'ils avaient trempé dans les toilettes du lycée quand j'avais été faire pipi et que tout le monde s'était ouvertement moqué de moi. Non, tout ça, c'était la belle vie ! Comparé à ce que je vivais à présent, un véritable concours de circonstances alarmantes qui dénotaient d'un certain manque de chance qui opérait sur moi dès que j'avais le malheur d'affronter la lumière du jour.

Non mais je gérais parfaitement, ma chevelure était parfaite pour cacher ma honte en dessous, mais pas seulement, puisque maintenant une chemise trois fois trop grande pour ma frêle personne avait rejoint mes cheveux bleutés dans ma quête pour cacher mon humiliation, malheureusement visible sur mon pauvre visage abasourdi. L'inconnu qui me l'avait jetée dessus n'avait pas l'air franchement sympathique, mais son geste m'avait touchée, ça me faisait plaisir qu'on se soucie de moi en bien aujourd'hui -ou tout du moins il me donnait l'impression qu'il se souciait de moi en bien, sinon j'aurais été bien cruche jusqu'au bout!-. Le blond avait même eu l'air amusé par le comportement que j'eu par la suite, c'est-à-dire me cacher sous sa chemise, sans réfléchir à la possibilité de m'en faire une robe qui aurait caché l'objet des regards malsains des clients. Ouais réfléchir dans ces situations était assez délicat vous voyez ... Anyways, il avait le regard braqué sur moi, je le sentais transpercer le tissu de sa chemise posée sur le sommet de mon crâne ... Quelle terrible sensation. C'est pour me défaire de ce regard pesant que j'avais d'ailleurs balancé ce pauvre hamburger à l'autre bout de la pièce, mais franchement ça n'avait pas eu le geste escompté, il devait même avoir encore plus pitié pour moi, et moi j'étais encore en train de fournir une pièce à conviction pour mon dossier sur pourquoi je n'arrivais pas à avoir des amis et une vie normale.

Il quitta tout de même sa place pour se diriger vers les caisses et prendre un plateau de bouffe, logique vu l'endroit où l'on se trouvait. Les gens se désintéressaient de ma personne et j'en étais ravie, peut-être trouvaient-il cela moins amusant maintenant qu'une grande carrure se tenait à mes côtés. Il revint, s'assit à côté de moi, et je continuais de l'observer par une ouverture depuis la chemise, sans jamais en avoir retiré la tête depuis son départ. Il était mon sauveur, celui qui me rendait moins seule, et qui avait fait se détourner l'attention des gens, celui qui m'avait donné de quoi couvrir ma honte, et j'étais celle qui l'avait agressé à coup de hamburger et qui me refusait au contact, alors que j'avais visiblement en face de moi quelqu'un qui avait les traits d'un chevalier. Bon l'image était peut-être poussée un peu loin mais vous comprenez la comparaison ...

Uhrm.. J’suis Alice… … … Et toi, c’est quoi ton nom ?

Il m'avait adressé la parole. Oh mon dieu. Je veux dire, genre, il ne s'était pas contenté de s'asseoir et de manger en me jetant des regards interloqués : il m'avait adressé la parole. J'étais ravie, et de connaitre son prénom, et d'avoir l'occasion de partager quelques paroles pour me faire oublier ma dure journée ! Toutefois il n'avait pas l'air très très à l'aise non plus, et avait sûrement dû beaucoup prendre sur lui pour pouvoir s'arracher cette phrase. Bref, il fallait que je lui réponde. Prenant moi aussi sur ma personne, j'ôtais lentement ma tête de mon bunker ... Je veux dire, de la chemise du jeune homme, enfin, d'Alice, et je lui répondis de la voix la plus puissante que je pus pour être entendue, c'est à dire presque en hurlant :

Moi c'est Chlo !

Ma voix baissa de 3 octaves d'un coup quand je réalisais à quel point j'avais parlé fort en voulant simplement me rendre sociable.

Euh... Alice, comme ... Alice ? La héroine ? Mais ... C'est pas un prénom de fille ça ? Tu ... Je fis les gros yeux, j'avais peut-être face à moi un humain original qui sortait du lot. Tu es une fille ? Tu as été opérée pour devenir un garçon ? Pourquoi tu n'as pas changé de nom ? C'est très bizarre.

Mon regard interloqué se dirigea vers sa poitrine, plus plate que plate. Mais si c'était une fille qui s'habillait en mec, pourquoi était-elle dotée d'un torse d'une platitude absolue ? Elle aurait au moins dû avoir un peu de seins non ? Toutes ces questions qui me taraudaient changèrent mon asociabilité en une curiosité inlassable, il me fallait des réponses à toutes mes questions au risque de l'assommer de paroles. Qu'est ce que j'aurais aimé avoir une soeur ... Si c'était vraiment une fille, ce dont j'étais ABSOLUMENT certaine, j'allais me dire que cette journée n'était peut-être pas si mauvaise que ça ...

Tu as quel âge ? Tu viens d'où ? Tes amis ont bien vécu ton changement de sexe ? L'opération a couté cher ? Tu regrettes pas un peu des fois ? Et ... T'as pas besoin d'aide pour t'habiller ? Non parceque ton bonnet est pas super beau en fait ... La vie doit être drôlement difficile quand on devient un garçon comme ça !

Alice me fascinait, mais je me rendais bien compte que j'étais en train de me faire mon cinéma toute seule. Après tout, elle ne m'avait rien dit de plus que son prénom et je tirais déjà des conclusions hâtives, alors que ce n'était pas dans mes habitudes d'adresser la parole à quelqu'un de manière aussi soudaine et prononcée. Alice devait être une chouette fille !