Colocation ? Plus soumission.

- 'Tain... C'est encore loin la chambre ?

Franchement, pourquoi foutre les dortoirs hyper loin ? Ca aurait été plus simple de mettre tous les bâtiments les uns au-dessus des autres, comme ça, ça ferait moins de marche ! Bon, peut-être plus d'escaliers à monter, mais ça c'moins chiant.

Je soupirais. J'avais eu le droit à une visite du lycée par... un adulte. J'me rappelle pas d'son nom, mais il flippait à côté de moi. Cool n'est-ce pas ? N'essaye pas de cacher ta jalousie. Bref, n'empêche que j'ai du trimbaler avec moi mon sac, plein de... trucs et mon épée en bois rangée dans un fourreau, et c'était pas pratique. Pas du tout. Pourquoi je ne lui ai pas donné mon sac ? Y a trop de trucs auxquels je tiens dedans. Déjà, mon bepsi. Faut pas secouer le sac n'importe comment sinon y a plus de bulles. Et puis mes mangas et un peu d'habits. C'est des trucs privés quoi ! Personne ne devrait les voir.

Maintenant, j'me retrouvais dans les couloirs du dortoirs. Mon instinct m'a bien indiqué le chemin, mais j'me suis surtout repérée grâce à au type qui m'a guidé. J'ai tout de même trouvé toute seule le chemin alors shaddap. Il me suffisait juste de trouver ma chambre. A ma grande déception, j'dois la partager avec une meuf. Quoi que c'est toujours mieux une meuf qu'un gars mais certes. Ca va encore être une biatch qui va être like : "Oh mon dieu, je me suis cassé un ongle !". Je connais ce truc d'expérience, j'ai du partager la chambre avec une de ces biatch en Angleterre. Autant dire qu'elle s'est tue direct après que je lui ai un peu gueulé dessus. Même pas besoin de la frapper. Parce que oui, je frappe les filles.

Sur un papier que je sortis de ma poche et que je dépliais, y avait toutes les infos qu'ma daronne avait marqué pour moi. Ma chambre était la B17. J'aime pas ce chiffre. Je marchais donc, me dirigeant à l'aide des autres numéros de chambre. Et me voila enfin devant la mienne. Ca va. On entendait pas de piaillements, ni de cris. Peut-être qu'elle était seule, ou au mieux, pas là. Mais c'était le week-end, alors elle devait sans doute être là, malheureusement.

Enfin, j'ouvris la porte, avec ma délicatesse habituelle qui sans doute, se fit entendre dehors.

- 'Jour.

Ah. Personne ne répondait. Peut-être que j'l'avais terrorisée ? Nah. Pas si vite quand même. Bref, j'avançais un peu, histoire de faire un petit tour de la chambre. Y a un côté féminin, et l'autre vide. Je suppose que le mien c'est le vide. Tant mieux. Enfin, féminin, on va plutôt dire habité. Je posais mon sac sur mon lit, qui n'était même pas fait et mon épée sur le bureau vide. J'vais faire un p'tit tour de la chambre en attendant la coloc'. Pas question de faire moi-même le lit.

...

Ok, je ne sais pas faire mon lit. Mais on s'en fout. J'vais dans la salle de bain et ça pas trop le parfum, mais l'odeur qui régnait le plus était le savon. Ouais, y avait une baignoire, et un lavabo normal. J'me regarde dans le miroir, ça va. Mon pantalon et ma longue veste sont toujours blancs. Et mes bandages toujours bien. Bref, je ressors de la salle de bain, j'prends mon sac et j'vais m'asseoir sur la chaise de mon bureau. Je sors ma bouteille de bepsi que je compte m'engloutir avec un manga. Un shônen. Mes shojos sont dans ma valise qu'est pas encore arrivée. J'avais demandé au vieux de la visite de me la chercher. C'pas comme si les affaires scolaires et le reste de mes habits c'était très important.

   
   
   

Colocation ? Plus soumission.

- S-Salut. Soit la bienvenue dans la chambre.

Je levais la tête de mon livre, et j'fus assez surprise de voir une fille rentrer. Déjà, j'étais tellement absorbée par Onepunch-man que je n'avais absolument pas fait attention à l'arrivée de cette fille. Qui semblait plutôt timide. Elle avait l'air effrayée, ou un sentiment similaire. En tout cas, son mal d'aise se voyait à des kilomètres, même moi j'pouvais le voir.

La parfaite victime, ou du moins parfaite esclave pour déballer mes affaires. Je posais donc mon manga sur mon bureau, de façon à garder la page du manga remarquable puis je m'approchais d'elle, en la regardant, de haut. Mais c'était involontaire, vu que j'étais juste plus grande qu'elle. Faut dire qu'en fait, les européennes ne sont pas si grandes que ça. En tout cas, les françaises le sont pas du tout !

- Oh, t'es la coloc' ? Ton timing est pile-poil à temps.

Je la tapais à l'épaule, en essayant d'y aller mollo, et la transperçais du regard, comme à mon habitude si je puis dire. Mais j'étais relativement de bonne humeur, heureusement pour elle. Sinon, elle aurait en plus à ranger mes affaires. Mais à la limite, j'pourrais le faire plus tard.

- Tu me fais mon lit ?

Le ton que j'employais était plus sur à considérer comme un ordre, mais pour qu'elle comprenne mieux, j'affichais un sourire étendu sur tout mon visage. Je n'émanais pas du tout une douce aura, mais plutôt le contraire. Mais d'ailleurs, je ne m'étais pas présentée. Effectivement, j'aurais du commencer par ça. M'enfin, mieux vaut tôt ou tard. J'haussais les épaules, et tentais de calmer l'air menaçant que je pouvais dégager.

- M'appelle Shinobu Shoukichi. Et toi ?

J'espère qu'elle ne se barrera pas en courant, ou qu'elle essaiera de s'opposer à ce choix. Enfin, ça serait plus simple si elle le fait gentillement. Parce que sinon, ça allait vite être un calvaire pour elle de co-habiter avec moi. Sur le coup, je n'ai pas d'idées qui viennent pour l'embêter, vu que c'est incertain. Mais ça sera principalement des services, parce que frapper une fille, c'est pas drôle. Ca ne répond pas, où rarement et pendant peu de temps. M'enfin, y a des gars c'est pire, ils jettent l'éponge au bout de deux ou trois coups alors que les meufs abandonnent pas.

   
   
   

Colocation ? Plus soumission.

- Je me nomme Sarah Lehelin. Euh-Euh... Et pourquoi ferais-je ton lit ? Tu ne sais pas le faire ? Puis, où sont le reste de tes affaires ?

C'était pas assez explicite ? Waaaah ! Eh bah dis donc. Ah moins que ce soit moi qui ne suit pas assez dure ? Peut-être que ça doit être ça, parce que sinon, je ne vois pas d'autre option. Enfin, elle avait tout de même le cran de me répondre. Sans doute parce que ma réputation ne m'avait pas suivi jusqu'ici. Après tout, il m'a fallu plus d'un mois pour faire comprendre aux anglais que c'était moi qui régnait. Alors qui sait combien de temps ça allait mettre ici ? Ah, despair.

- Ah. P-Pardon, je me suis laissée emporter. Si tu veux ne pas me répondre tu peux, je n'oblige personne. Sauf pour le lit, j'aimerai savoir, au moins, cela mettrait les choses au clair entre nous. Je-Je veux dire que nous sommes colocataires, donc, nous devons tout faire pour pouvoir bien vivre à deux dans cette chambre.

Je soupirais et changeais ma position assise pour mettre mon pied sur ma chaise, laissant l'autre par terre. J'avais juste un genou contre moi, et mon coude s'appuyait dessus pour la fixer. Et pas gentillement. Je n'aimais pas me répéter. Pour lui faire comprendre, je haussais la voix.

- T'es curieuse, mais pas maligne, Sarah. C'est soit tu fais mon lit, soit tu dors par terre.

Wah. Mon accent anglais ressortit sauvagement. Sans doute parce que je répondis du tac au tac après sa longue tirade qui semblait l'avoir déstabilisée.
J'étais méchante, certes, mais elle me faisait pitié. Et ça me donnait plus envie de l'harceler. Enfin, vu qu'elle alla se cacher, fallait bien que j'aille chercher le hamster au fond de sa cage. Je me levais, marchant lentement à elle. Puis arrivée devant elle, je ne passe pas par quatre chemin et la saisit par le col pour rapprocher son visage du mien.

- Bon, je répète la menace que tu n'avais pas compris. Fais mon lit.

Pas besoin de parler fort à cette distance, car tout ce qui comptait était le regard. Pour bien l'effrayer, fallait qu'elle affronte mon regard, et qu'elle perde.

   
   
   

Colocation ? Plus soumission.

Non, c'est bon, j'ai entendu. Je vais faire ton lit. Et tu ne veux pas parler. Très bien. Mais pourrais-tu me reposer à terre ? Sinon, je ne pourrais pas faire Ton lit.

Sa voix était faible, un peu hésitante. Un ton que je reconnus rapidement. Ca me manqua presque d'entendre des gens parler de cette façon. Même si au collège ça m'avait un peu ennuyé, là, je reprenais goût à cela.
En tout cas, elle abandonna bien vite. Heureusement. Je ne voulais pas passer l'aprem' à me battre sur ça. Quoi que... Non. Battre une fille faible c'est pas tellement mon délire, même si je frappe n'importe qui, sans distinction.
En tout cas, je la posais donc au sol, pour la laisser faire son boulot. Mais je restais devant elle, déterminée à ne pas bouger jusqu'à qu'elle se mette à faire mon lit. En attendant, je la regardais de haut (normal, je suis grande) puis je lui tapotais la tête.

- Vas-y. Tu attends quoi ?

Puis dès qu'elle décida de s'activer un peu, je retournais à ma chaise. Je repris mon manga, me prélassant dans cette chaise dure. Elle était un peu trop dure pour pouvoir s'y asseoir pleinement confortablement donc je retirais mes bottes avec mes pieds, les balançant sous le lit. Puis je posais mes pieds sur la table, m'allongeant presque sur ma chaise, sans la faire balancer. J'ai déjà vu quelqu'un tomber, il est allé à l'hôpital. Donc non merci. J'suis assez "yolo", mais pas à ce point.

   
   
   

Colocation ? Plus soumission.

Je pensais en avoir fini avec elle. Mais non. Après plusieurs gorgées, ma bouteille était maintenant vide. Fallait faire quelque chose mais quoi ? Je n'avais pas envie de sortir, ou plutôt de me lever de ma chaise, mais pas envie de tourmenter encore plus la fille. J'suis assez relou, mais pas à ce point. Surtout que si je devais l'embêter tous les jours, autant que ce soit à petites doses. Car toujours les gens timides se révoltent à un moment, et moi, j'pas envie de vivre avec quelqu'un qui ne ferait qu'hurler ou se plaindre. Autant qu'elle soit calme et sage, comme elle. J'étais plutôt bien tombée pour dire. De plus, ce que je voulais, c'était du bepsi. Et connaissant les gens ici, ils préfèrent le cola. Et ce truc n'est que contre-façon alors je préfère autant faire moi-même mes courses. J'étais donc décidée à lever mes fesses. Mais après mon dernier chapitre.

- Eh, erm... Sarah. C'où qu'on... peut acheter du bepsi ici ? Well, the nearest place. Enfin... Le plus proche... endroit où on peut acheter ?

Tandis que je lui demandais cette question de vie ou de mort, je revêtis ma veste, avant de sortir, car sortir en simple t-shirt était une idée qui m'était inconfortable.

- But bepsi ! Pas le cola... ew. C'est pas bon ce truc...

   
   
   

Colocation ? Plus soumission.

Moi j'dis, s'habiller en même temps que de lire un manga, alors là c'est la meilleure idée débile que j'puisse avoir eue de toute ma vie. Ce n'est franchement pas pratique et je viens de faire tomber mon manga par terre, perdant ma page. Je n'hésitais pas à lâcher un "ARGH !" sauvage. Mais je ne ramassais pas le livre tout de suite, j'enfilais correctement une simple veste blanche. Puis là je pris le livre, sans l'ouvrir. Je finirais mon chapitre sur le chemin.

- Yeah, thanks erm... Sarah !

D'un ton enjoué, sans pour autant avec l'air au visage forcément content, je rangeais mon livre dans ma poche et agitait ma main, comme pour dire vaguement au revoir à Sarah, avant de sortir de la chambre. Heureusement que j'avais perdu cette sale habitude japonaise d'hurler avant de partir - qui était franchement débile et récurrente je dois l'avouer -, sinon j'aurais un peu eu la honte. D'ailleurs, oui, donc l'épicerie...
PAR CONTRE, ça serait bien que je n'oublie pas mon porte-monnaie. Donc je fis rapidement demi-tour, direction la chambre, puis en entrant dedans dans le calme et la grâce d'un éléphant, je saisis mon sac, qui contenait mon argent et ressorti de la chambre.

God c'était embarrassant. J'espère qu'elle n'avait pas vu mes joues rougir. Je les déteste.

HRP: