Honey Vanity.

Messages : 63 Date d'inscription : 26/06/2013 Localisation : Ici

Et il laissa ses longs doigts ornés d’un anneau argenté courir sur les touches d’ivoire du piano. Avec étonnante souplesse dont lui seul avait le secret. Cet ivoire, contrastant avec sa lisse peau de café. Paisibles, les notes s’élancèrent, portés sur le vent, comme de douces plumes caressant les oreilles des gens si présents. De subtiles notes, formant un joli air familier. Des notes en bois, transperçant pourtant les murs pour venir se mélanger au monde extérieur. Offrant un peu de rêve aux dépressifs, un subtil fil d’espoir à ceux buvant à l’ivresse leur détresse noyée et non sans balourdise dan l’alcool. Ses yeux, deux lacs d’encre, étaient plantés dans la partition devant lui, bien qu’il la connaisse par cœur. Peu après, ses paupières se baissèrent, et dès qu’il commença à chanter, il se sentit apaisé. Comme transporté vers une autre époque. Les couleurs autour de lui fondirent, l’atmosphère devint d’un coup plus magique, plus enchantée. Ses doigts quand à eux, continuaient leur course sur le clavier du piano sans pour autant qu’il ait à s’en préoccuper, c’était une force inconnue qui les guidait, celle de son cœur, de ses sentiments. La première phrase s’échappa d’entre ses lèvres, douce, ressemblant au chant magique d’un oiseau. Sa voix était claire, profonde, expressive. Sa voix reflétait tous ces sentiments qui se passaient à l’intérieur de lui même. Sa voix était le miroir de son esprit. Pourtant, ce jour là, sa voix était si détendue, sa voix était aussi limpide que de l’eau. Sa voix coulait, coulait et remplissait l’endroit, faisant rêver chaque être présent. Un sourire naquit sur le coin de sa bouche alors qu’il chantait. Une sensation de bien être et d’euphorie éclata dans tous son être, dansa à l’intérieur de lui et il eu envie de bouger. Il était heureux qu’on l’écoutait, il aimait son travail plus que tout, chanter le rendait vivant, chanter prouvait son existence. Il chantait, alors il était, et quand il ne chantait pas, il n’était pas lui, mais quelqu’un d’autre. Le seul moment où il était totalement sincère fut celui quand il chantait, car sa voix ne pouvait mentir. Sa voix traduisait tout ses sentiments, quand il allait mal, il chantait, quand il allait bien aussi. Chanter pour lui était un besoin vital, il n’imaginait pas sa vie sans son travail. Celui de chanter, chanter et qu’on l’écoute. Qu’on puisse apprécier sa voix le rendait très heureux. Le simple fait de chanter le rendait heureux. Ça lui permettait de décompresser, il se sentait léger, voler. Et plus rien autour de lui n’existait, il ne tentait même pas de penser, puisqu’il ne faut pas penser, juste chanter. Comme le disait si bien Michael Jackson, ou autrement dit, son idole dans le monde de la chanson.

« And I have to go, ‘cause deep down I know,
That I’m just not discreet when you leave me.”

Et la chanson prit fin sur ses notes là. Il ouvrit enfin les yeux, à la fin de la chanson, découvrant qu’il n’était que dans une de ses rêveries. L’applaudissement l’accueillirent aussitôt il se leva. Il afficha un sourire satisfait en ajustant sa chemise blanche. Lorsqu’il partait au travail, il se devait toujours d’avoir l’air impeccable. Il portait une chemise blanche ajustée à la taille la mettant en valeur ainsi qu’un blazer noir assorti à son slim de cette même. couleur. Ses cheveux quant à eux coiffés d’un chapeau qu’il avait enlevé à son entrée à l’endroit, signe de respect. Il reprit son souffle, se passant la main dans les cheveux. Il s’écarta ensuite du piano. Afin de prendre une courte pause avant de rentrer chez lui, son travail était fini. Il s’assit face au comptoir, se fit servir un vers de Jack Daniels. Il était un peu morne, de boire seul ce soir. Généralement il n’aimait pas boire tout seul, c’était toujours mieux entre potes. Maintenant qu’il y pensait, cela faisait deux semaines qu’il n’avait échangé aucun contact amical avec quelqu’un, deux semaines. Sa dernière sortie, sa première et surement dernière sortie avec Lukha. Lukha, un prénom, qui fut marqué dans sa cervelle en lettres d’or. Gravé à l’intérieur de son for intérieur. Bien qu’il ne le voulait pas, il se trouvait dans l’obligation de considérer cet étre à part. Lui et ses cheveux bleutés, lui et sa manie de remettre ses cheveux en ordre. Lui et son regard céruléen, lui et ses yeux profonds qui l’envoûtaient, lui et son sourire sincère, lui, lui, lui. Lui était une des plus belles choses lui ayant arrivé ce mois. Pourtant, pourtant il n’avait réalisé qu’une fois de retour à sa vie si rangée et ennuyeuse. Depuis le départ de son amour il avait un peu rentré dans sa bulle, il ne supportait plus trop le contact. Alors qu’auparavant, il ne dépendait que de ça. C’est drôle ce que l’on peu changer. Tout c’était passé si vite…Tellement vite, qu’il n’avait même pas eu le temps de dire au revoir à son ancien lui. Pourtant, avec Lukha, ce jour ci, il avait été lui, son ancien lui dont il se languissait. Lukha lui avait rendu la vie, et il avait passé une ou deux fois, par hasard disait il, devant le parc d’attraction dans l’espoir d’entre voir une tête bleue. Mais aucune, le destin lui avait offert une chance, une seule et il n’avait su la saisir. Lukha aurait pu être un ami avec lequel il se sentait bien, mais il l’avait laissé filer. Il soupira et sortit son paquet de cigarette, il ne fumait que « Black Captain ». Il s’était promis d’arreter de fumer vu qu’il était chanteur, pourtant, il ne pouvait pas attendre, pas après le départ de Nine, il en avait besoin. Il fit tourner la cigarette entre son index et son pouce avant de l’allumer et la porter à ses lèvres. Il toussa un peu à son premier contact. Puis s’y habitua. Ah, si seulement il n’était pas seul à boire ce soir là. Si seulement.

Messages : 272 Date d'inscription : 14/04/2012 Localisation : Quelque part

La soirée était déjà bien installée alors que mes pas me guidaient au travers de la pénombre de Versailles. Je me souvenais, alors que j'étais petit et que j'étais venu ici pour la première fois, cette ville m'avait fascinée. Elle avait un certain charme qui n'appartenait qu'à elle, et je le redécouvrais à toutes les fois où j'arpentais ces grandes rues qui la composait. Ce soir, l'air était bon, un peu frais mais ça ne la rendait que plus agréable. Normalement, je me serais peut-être contenté de rester dans les alentours de la demeure, mais aujourd'hui différait des autres jours. Et plus je songeais à ma destination, plus l'envie de faire demi-tour s'accroîtrait en moi. Les paroles de Shin me revinrent à l'esprit, celles où il m'avait brièvement conseillé de me rendre ici. Depuis ma première rencontre avec lui à l'infirmerie, qui avait d'ailleurs été... Plutôt... spéciale, -rien qu'en y pensant je sentais mes joues s'empourprer-, nous avions eu l'occasion de nous reparler quelques fois. Et lorsqu'il m'avait donné comme proposition de me rendre au bar un jour, car il s'agissait de cet endroit, j'avais totalement renié l'envie ou plutôt la curiosité d'y aller. Et pourtant... En cette belle soirée, où la ville baignait dans une tranquillité presque hallucinante, mes pas me guidaient lentement jusqu'à bon port. Bon ou mauvais port, d'ailleurs? Je ne comprenais même pas moi-même la réelle raison de pourquoi j'y allais. Je n'avais jamais été un fan du goût de l'alcool et l'une des choses qui m'insupportait le plus étaient les gens saouls. Alors pourquoi? Parce que je suis un infini curieux, voilà pourquoi. De plus, maintenant que j'avais dix-huit ans, j'étais totalement libre d'y aller, aussi peut-être était-ce bien d'en profiter. Je n'avais d'ailleurs pas fais de sorti depuis... Deux semaines, alors sortir un peu ne me ferait que du bien. La dernière fois était celle où j'avais rencontré Rain, et je ne l'avais pas revu depuis. Cela m'attristait énormément, parce qu'il avait su éveiller en moi une joie que je n'avais pas souvent connue. Comme j'aurais aimé pouvoir le revoir une seconde fois... Mais depuis la dernière fois, il m'avait probablement oublié. Moi, je n'avais pas pu; les deux photos que nous avions gardés de la maison hantée était accrochées de manière à ce que je puisse presque toujours les avoir dans mon champs de vision lorsque j'étais dans ma chambre. J'avais un peu peur que ça semble ridicule, mais j'aimais beaucoup ces photos. Elle me rappelaient tous les bons moments que nous avions passés lors de cette journée-là. Un mince sourire retroussa mes lèvres à cette pensée et j'enfouis mes mains dans les poches de ma veste. Je levai la tête avant de me rendre compte que j'étais déjà arrivé. Un peu tendu, je portai un regard circulaire autour de moi et pénétra dans le bâtiment. J'entrai sans difficulté et me retrouvai rapidement assit au comptoir. Pour le moment, l'ambiance était plutôt calme et c'était la chose qui m'avait le plus surpris; on aurait dit que les gens attendaient et appréhendaient quelques chose. Mais quoi exactement, je n'en avais pas la moindre idée.

Je commandai un verre au serveur, et la seconde d'après j'en avais déjà oublié le nom. Il fallait bien avouer que je ne m'y connaissais pas le moins du monde en matière d'alcool. J'y goûtai et retint une grimace. Je n'avais réellement pas l'habitude de boire. Je n'étais pas comme mon jumeau qui lui, avait un foie d'enfer et qui tenait mieux que quiconque les boissons alcoolisées. Après quelques gorgées, je remarquai que le silence se propagea et que l'attention des gens était portée à un endroit précis. J'entendis alors résonner les notes d'un piano, envahissant la pièce de son doux son. Un petit spectacle? C'était tout de même agréable, je n'aurais pas cru qu'il y ait de ce genre de choses ici.

Mais si le piano était agréable, alors comparé à la voix qui s'éleva ce n'était que moindre. Les paroles comblaient le vide qui manquait aux notes et la voix qui les récitaient me donna une impression de déjà-vu. Comme si je l'avais déjà entendue, comme si elle m'était étrangement familière. Cette voix m'envoûtait de sa douceur, de sa clarté et des sentiments qu'elle transmettait. Peut-être n'avais-je jamais été un grand fan de ce style de musique, mais à cet instant j'étais intrigué et l'appréciait à sa juste valeur. Ce n'était probablement que parce que je ne m'y étais jamais attardé auparavant. Je pris une autre petite gorgée de ma boisson, avant de me retourner afin de voir le chanteur.

Et c'est là que j'eus l'impression de voir le monde s'arrêter le temps d'une seconde. Se trouvait là Rain, en parfaite symbiose avec la musique qui s'échappait du piano et des paroles qui glissaient d'entre ses lèvres. La surprise me figea et mes yeux ne pouvaient, et surtout ne voulaient plus quitter ce spectacle offert par nul autre que l'homme que j'avais rencontré à la plage il y a de cela deux semaines. Rain, que j'avais commencé à douter de ne plus jamais le revoir. Et je ne le revoyais que maintenant, à l'endroit le plus inattendu qui soit à mes yeux. J'avais l'impression de le voir sous son meilleur jour, le sourire aux lèvres alors qu'il chantait allègrement. Il semblait si bien, si léger. Et ce qui rendait le moment magique, c'était de voir à quel point sa joie était contagieuse. Je sentais l'euphorie naître en moi, telle une magnifique fleur. J'étais si heureux de le voir, et le sourire pendu à mes lèvres m'aurait trahit si j'aurais tenté de le nier. Je le regardais d'un œil fasciné, parce que c'était réellement le cas; il avait un tel charisme, il ne faisait aucun doute que tout le monde s'était tut afin de l'écouter. Il avait une telle classe, là, sous les projecteurs. Je sentais mon cœur se débattre, sous toute cette joie qui m'envahissait sans que je ne puisse y faire quoique ce soit. J'étais envoûté par sa voix, et j'aurais voulu que ce moment à l'écouter se prolonge encore pour longtemps. Mais d'un autre côté, je trépignait d'impatience pour qu'il quitte la scène afin que je puisse aller lui parler. Oui, je voulais vraiment le faire. Je ne pouvais pas laisser cette occasion filer entre mes doigts.

Et comme si on avait entendu mon souhait, Rain récita les dernières paroles de sa chanson. Les applaudissements fusaient de partout et il quitta la scène pour venir prendre place au comptoir, un peu plus loin de là où je me trouvais. Je fini d'une seule et dernière gorgée mon verre pour l'abandonner et me lever. Sur le coup, j'eus une légère hésitation. Était-ce une bonne idée que d'aller le voir? Et s'il ne se souvenait plus de moi? Cependant, je... Je tenais absolument à aller le voir. Je devais l'avouer; il m'avait manqué.

Lentement, je m'approchai et prit place à côté de lui. J'étais chanceux, la place n'étais occupée par personne. Rain ne semblait pas s'être rendu compte de ma présence, et je fus étonné de le voir fumer. Je restai quelques instants, silencieux, avant de finalement me lancer en le regardant, le sourire aux lèvres;

- Rain.

Je me passai une main dans les cheveux, cherchant rapidement les mots qui s'entrecroisaient dans ma tête. Que dire? Je décidai finalement de parler un peu sans réfléchir;

- Je ne m'attendais pas du tout à te voir ici... C'est une belle surprise pour moi, en tout cas. Je suis vraiment content de te revoir! Je commençais à croire que ça n'arriverait jamais, ahah.

Soudainement, je me souvins du dernier moment où nous nous étions vus. De ce baiser sur mon front... Je rougis un peu, maudissant mon cerveau de me faire souvenir de cela maintenant. À ce moment, il avait agit tel un grand frère protecteur. Cela m'avait un peu surpris de lui, d'ailleurs. Je baissai la tête quelques instants, avant de la relever pour le regarder une seconde fois;

- En tout cas, tu as le charisme d'un vrai chanteur lorsque tu es sur scène. C'était fascinant, bravo, sincèrement. Tu as une très belle voix!

Messages : 63 Date d'inscription : 26/06/2013 Localisation : Ici

J’avais toujours cru, que la chance ne frappait pas deux fois. Que l’on avait un certain quota de chances et de hasards, et qu’on ne peut pas toujours en bénéficier. Qu’elle ne frappe qu’une fois sur dix, qu’elle ne nous ait pas toujours offerte. Pourtant, ce que je vécu aujourd’hui m’avait assuré le contraire. Que la chance pouvait frapper plusieurs fois et à mon plus grand bonheur. Quand j’étais jeune, je me moquais des croyances hindoues de mes parents. Je ne croyais pas aux destins, disait que c’était des futilités et que ce n’était qu’hasard ou coïncidence. Pourtant, pourtant toutes les preuves étaient contre moi aujourd’hui, m’incitant à croire au destin plus que tout. Car je n’arrivais tout bonnement pas à remettre cette seconde chance sur le compte de la chance. Mais qui sait, alors, vous, qui êtes au dessus de nous, au dessus des nuages, je vous remercie de m’avoir offert cette chance que je ne manquerai de saisir. Contrairement à la dernière fois où l’ont s’était vus et ou j’avais sottement oublié de lui demander ne serait ce que son email ou son numéro de téléphone. Mais cette fois, je n’y manquerai pas. Après tant de recul, je me suis rendu compte que la journée passée aux cotés de Lukha m’avait fait tellement de bien, et que j’avais envie de le revoir, de passer de bons moments avec lui. C’était tellement dont la présence me détendait énormément, et aujourd’hui, je crus halluciner, le voyant après deux semaines se tenir près de moi. Bien sûr, c’était lui, on ne voit pas beaucoup de jeunes aux cheveux bleus. C’était assez comique comme situation. Je m’apitoyais sur mon sort, en me disant que je n’allais surement jamais le revoir et la je retourne la tête en entendant mon surnom pour le découvrir à coté de moi ! C’était assez peu croyable, tellement que j’en restais bouche bée. Je devais avoir l’air débile à cette instant, la bouche entre ouverte laissant tomber ma cigarette s’y étant logée quelques instant auparavant sur le comptoir. Et heureusement d’ailleurs. Je cillai plusieurs fois, mais au fond, j’avais peur de le voir s’évaporer sous mes yeux, comme s’il était le fruit de mon propre imagination me jouant des mauvais tours. Pourtant, il restait là, et avait ce sourire bienveillant sur ses lèvres. J’étais quant à moi dans un état de totale torpeur, je ne savais que dire, que faire. En vérité, aucun mot n’avait franchit la barrière de mes lèvres. Pourtant, j’aurai voulu parler mais je ne voyais quoi dire, tout était confus en moi. Mon cœur se serrait, et l’euphorie éclatait en moi. Je me sentais vraiment heureux, heureux de le voir et ça me surprenait. Pourquoi étais-je si heureux alors que ça me ressemblait pas ? Pourquoi ça simple vue me rendait elle si jovial ? Lukha avait ce pouvoir, ce pouvoir de rendre tout ce qui l’entourait plus beau et plaisant.

Sa main vint caresser ses cheveux comme à son habitude. Ce qui me fit sourire. Sortant à peu près de ma torpeur. Il semblait aussi perdu que moi cépendant. C’était comme si le temps c’était arrété. On était là, à nous regarder longuement, sans pour autant que quelqu’un parle. Et j’avais juste cet air de débile collé au visage, mais ça me rendait heureux. Heureux de le revoir. Parce que c’était lui qui avait fait mon bonheur deux semaines avant.

- Je ne m'attendais pas du tout à te voir ici... C'est une belle surprise pour moi, en tout cas. Je suis vraiment content de te revoir! Je commençais à croire que ça n'arriverait jamais, ahah.

Je ne pus cépendant m’empecher de sourire et le trouver adorable lorsque ses joues prirent une teinte de rose. Me disant que lui aussi, pensait comme moi, que lui aussi avait peur, peur qu’on ne se revoit jamais, peur d’étre jeté à l’oubliettes, mais pourtant, lui m’avait pas oublié et moi non plus. C’était la preuve de sa sincérité. Sans me laisser le temsp de finir, il ajouta ;

;- En tout cas, tu as le charisme d'un vrai chanteur lorsque tu es sur scène. C'était fascinant, bravo, sincèrement. Tu as une très belle voix!

Je souris à son compliment, sachant ce que j’avais pour effet quand je chantais. C’était la seule chose en laquelle j’avais confiance à présent : ma voix. Mais bon, il faut jouer la carte de la fausse modestie par respect. J’écrasai la cigarette dans le cendriller avant de prendre une gorgée de mon Jack Daniels vu que j’avais la gorge sèche. Je lui souris ensuite et commença :

-Hah Lukha, je croyais qu’on ne se verra plus jamais, et pourtant, on dirait que le destin est obstiné, il tient à faire croiser nos chemins et ça m’enchante. Je pensais justement là, en buvant, que j’allais peut être jamais te revoir, mais juste là, je tourne mon visage, et bam, t’es là à coté de moi. Dis-moi, serais-tu une sorte de génie ou un machin du genre ? Je sais que ma vanne est débile mais t’as déjà les cheveux bleus c’est déjà ça. J’ai toujours cru en la magie, honnêtement, haha.

J’haussai ensuite un sourcil, puis, continua, l’air un peu étrange et suspect :

-C’est plutôt moi qui ne m’attendais pas à te voir ici ! Qui aurait dit, Lukha, dans un bar. Haha, j’ai cru comprendre pourtant que c’était pas ton truc les bars, enfin, t’en as l’air. Je parie que tu n’arriveras pas à finir cinq verres sans finir ivre mort !

Une lueur de défis anima mon regard, pendant que je le regardai en souriant. J’ajoutai ensuite sur un ton rieur :

-Merci pour le compliment, tu dis ça pour me faire plaisir, tricheur.

Son compliment m’allait tout droit au cœur, cépendant. Je souriait en tournoyant mon verre. Je ne savais pas tellement quoi dire, après deux semaines, il y’avait tellement de choses à demander, mais je ne savais pas si j’étais assez proche pour le faire. Pour demander ce qui s’était passé dans sa vie, car au fond, on ne se connaissait pas trop, on n’avait pas parlé de nos vies privés. Alors, j’avais un peu peur de dépasser les limites. Je lui souris puis dit sur une voix plus basse :

-Je suis vraiment heureux qu’on se revoit, ici. Ah, attends, j’ai presque oublié que j’avais un truc pour toi, je le gardais dans mon sac depuis deux semaines dans l’espoir de te revoir un jour. Haha, atta, deux secondes j’re.

Après quelques minutes, je revins de ma loge avec un CD compact. Je le lui tendis ensuite en souriant. Puis commençai :

-Tu m’disais pas savoir grande chose sur l’univers du jazz, alors j’avais songé à graver un disque avec chansons diverses de cet esprit là pour que tu puisses en savoir un peu plus, enfin, t’avais l’air intéressé quoi. Ça m’a fait plaisir que tu veuilles découvrir le monde du jazz, enfin, j’aime vraiment ça, tu vois. Haha, c’est toujours sympa de faire connaître ce genre de musique.

Messages : 272 Date d'inscription : 14/04/2012 Localisation : Quelque part

J'étais surpris de constater à quel point une seule personne pouvait changer notre perception d'une certaine chose, d'une certain lieu, d'une certaine musique... C'était fou, de voir l'emprise et l'influence qu'exerçait certaines personnes sur nous -positivement, j'entend- sans qu'on ne s'en rendre réellement compte. Par exemple, auparavant, j'avais une très mauvaise opinion sur les bars; pour moi, ce n'était qu'un lieu de rassemblement pour les alcooliques désirant parler de leurs problèmes ou pour s'envoyer en l'air, simplement. Et pourtant, maintenant... Maintenant, je n'arrivais pas à voir cet endroit comme étant mauvais. Les gens bourrés autour me paraissaient être flous, invisibles. Je ne les remarquais que très peu. Mon attention était portée vers Rain seulement, celui qui savait me faire apprécier ce lieu. Celui qui, aussi, m'avait fait paraître la plage bien plus attrayante, deux semaines plus tôt. Ce n'était que la deuxième fois que l'on se rencontrait, et pourtant, je n'avais que de bons souvenirs à ses côtés. Et à part à Ophelia, je n'en avais parlé à personne. C'était un peu mon petit trésor à moi, que je chérissais et dont je prenais soin. Enfin bref, j'étais vraiment très content de le rencontrer ici, alors que je n'y attendais pas le moins du monde. Je songeais même y revenir à l'avenir. Si c'était une occasion pour voir Rain, en train de chanter qui plus est, alors ça en valait bien la peine. Bien sûr, je ne prendrai pas d'alcool à toutes les fois où je viendrai, car Dieu savait à quel point je ne tenais pas ces fichues boissons. Je ne savais pas trop pourquoi d'ailleurs. Mais bien franchement, ça ne m'affectait pas du tout. Je m'en fichais. De toute façon, dorénavant, je ne viendrais qu'ici qu'afin de pouvoir regarder Rain faire son spectacle. Pour moi, c'était important d'encourager mes amis ou mes proches dans ce genre de situation. C'était bien la moindre des choses pour moi de venir le voir, et puis ça ne me poserait jamais problème. Je n'arriverai jamais à oublier ce que j'avais ressenti au moment où je l'avais vu sur scène. Il avait été si fascinant, absorbant... J'avais déjà vraiment hâte de pouvoir le revoir chanter et goûter à cette sensation de nouveau. S'il était un chanteur populaire, je n'hésiterais même pas à acheter tous ses CD et aller à tous ses concerts. Il avait ce charisme chamboulant lorsqu'il s'exprimait par le biais du chant... Il était une toute autre personne, un autre Rain que je ne connaissais pas encore. En tout cas, je souhaitais pouvoir mieux le connaître un jour.

J'espérais aussi que l'on puisse retrouver la complicité que nous avions développée à notre dernière rencontre. Je ne voudrais pas qu'il y ait un de malaise par ma faute, ce qui d'un autre côté, ne me surprendrais pas réellement. J'étais bien doué pour cela. Mais ce n'était certainement pas cela qui m'empêcherait de parler à Rain. Le revoir me faisait beaucoup trop plaisir. Dans ce genre de situations, où la chance frappe ainsi à plusieurs reprises, je me demandais toujours si le destin existait. En tout cas, moi, je commençais peut-être à y croire un peu.

Je vis alors un sourire orner les lèvres de Rain, qui écrasa sa cigarette avant de prendre une gorgée de sa boisson. J'attendais patiemment qu'il me réponde, tout en appréhendant ce qui se déroulerait ensuite. J'étais juste... Tellement content.

- Hah Lukha, je croyais qu’on ne se verra plus jamais, et pourtant, on dirait que le destin est obstiné, il tient à faire croiser nos chemins et ça m’enchante. Je pensais justement là, en buvant, que j’allais peut être jamais te revoir, mais juste là, je tourne mon visage, et bam, t’es là à coté de moi. Dis-moi, serais-tu une sorte de génie ou un machin du genre ? Je sais que ma vanne est débile mais t’as déjà les cheveux bleus c’est déjà ça. J’ai toujours cru en la magie, honnêtement, haha.

Je ne pus retenir un grand sourire se dessinant sur mes lèvres. Oui, Rain m'avait manqué. Lui et ses blagues un peu bizarres, lui et son rire contagieux. J'étais sûr et certain d'avoir l'air d'un imbécile, à sourire de cette manière.

- Avec tout ça, je finirai par croire au destin pour de bon.

Rain eut soudain un air plus suspicieux, avant d'ajouter;

- C’est plutôt moi qui ne m’attendais pas à te voir ici ! Qui aurait dit, Lukha, dans un bar. Haha, j’ai cru comprendre pourtant que c’était pas ton truc les bars, enfin, t’en as l’air. Je parie que tu n’arriveras pas à finir cinq verres sans finir ivre mort !

Me mettait-il au défi? Vu à l'air sur son visage, ça en avait tout l'air. J'allais rétorquer quelque chose, mais Rain me remercia du compliment en me traitant de tricheur, ce qui n'étais point le cas! J'avais vraiment pensé ce que j'avais dis. Après quoi, il y eut un léger moment de silence. Je baissai les yeux, quelques instants, puis Rain reprit finalement la parole;

- Je suis vraiment heureux qu’on se revoit, ici. Ah, attends, j’ai presque oublié que j’avais un truc pour toi, je le gardais dans mon sac depuis deux semaines dans l’espoir de te revoir un jour. Haha, atta, deux secondes j’re.

Curieux, je le regardai partir, et tel un enfant, me demandai de quoi il pouvait s'agir. J'étais vraiment content qu'il ait un truc pour moi, et qu'il l'ait gardé en espérant me revoir. Pendant ce temps, je me permis de commander un autre verre au serveur. Cette fois-ci, j'avais demandé la même chose qu'avait prit Rain -heureusement, le serveur avait comprit, parce que je ne savais même pas le nom de ce que c'était-. Je savais pertinemment que j'allais regretter d'avoir prit de l'alcool demain matin, mais pour l'instant ça ne semblait pas avoir un quelconque effet sur moi, si ce n'était qu'un léger mal de tête.

Tel un enfant sage, j'attendis patiemment que Rain ne revienne, les jambes croisées et tapotant du doigt le comptoir. Finalement, il revint, et me tendis un CD en souriant. Je le pris, en l'observant d'un air interrogateur.

- Tu m’disais pas savoir grande chose sur l’univers du jazz, alors j’avais songé à graver un disque avec chansons diverses de cet esprit là pour que tu puisses en savoir un peu plus, enfin, t’avais l’air intéressé quoi. Ça m’a fait plaisir que tu veuilles découvrir le monde du jazz, enfin, j’aime vraiment ça, tu vois. Haha, c’est toujours sympa de faire connaître ce genre de musique.

Un énième sourire illumina mon visage. Je n'arrivais pas à croire qu'il s'en soit souvenu, au point de m'en faire un CD! Rain avait vraiment le don de savoir me rendre heureux.

- Tu t'en ai souvenu! Ça me fait tellement plaisir, merci beaucoup Rain! J'ai hâte de découvrir l'univers du jazz, et si c'est aussi bien que la chanson que tu as chantée tout à l'heure, alors ça promet!

La béatitude devait se lire sur mon visage, et je devais surtout ressembler à un gamin émerveillé devant un quelconque jouet. J'avais des mimiques plutôt enfantines parfois. Ce n'était pas vraiment à mon avantage, moi qui désirait plutôt avoir l'air mature. En ricanant, je pris une gorgée du verre que j'avais commandé en l'absence de Rain. C'est alors que son défi d'un peu plus tôt me revint en tête. Boire plus de cinq verres sans être bourré? Je savais pas si j'y arriverais. Mais j'ai toujours eu du mal avec les défis... J'étais très orgueilleux, après tout.

- Et donc... Ça t'étonne de me voir ici? Moi aussi, tu sais. C'est la première fois que j'y viens, pour être sincère... C'est un ami qui m'avait conseillé de venir, alors même si je n'aime pas trop l'alcool... J'étais curieux. Mais au final, je ne regrette pas. Comme quoi la curiosité n'est pas toujours un défaut, eheh.

Je lui souris, toujours en songeant à ce fichu défi. Il me tracassait un peu.

- Hum, c'était un défi que tu me lançais tout à l'heure? C'est toujours une mauvaise idée de m'en lancer. Je les prend toujours un peu trop sérieusement... Je suis sûr que toi tu ne tiendras pas non plus, dis-je finalement en souriant moqueusement.

Ciel, dans quoi étais-je en train de m'embarquer. Je me mordis la lèvre inférieure en prenant une autre gorgée de mon verre, réprimant toujours une légère grimace. Je me sentais déjà un peu bizarre... Je serrai mon verre entre mes mains, et reprit une énième gorgée. Pourquoi m'entêtais-je à le finir? C'était inutile, ce n'était pas comme si prouver que je pouvais tenir l'alcool allait m'apporter quoique ce soit... Surtout que ce n'était pas le cas.

Je tournai la tête vers Rain, essayant de penser un peu à autre chose.

- Il s'est passé un truc de spécial depuis ces deux dernières semaines? Pour ma part il ne s'est rien déroulé de bien grandiose. C'était même un peu ennuyant... Au point de céder à ma curiosité et venir faire un tour ici, comme tu peux le voir.

Je baissai la tête quelques instants, observant mon verre qui était déjà presque vide. Qu'est-ce que c'était mauvais, de l'alcool, décidément. J'étais vraiment un idiot.

- Ça peut paraître idiot, mais tu m'avais manqué... Ça aurait été vraiment dommage de ne jamais se revoir.

... C'était quoi ce soudain aveux d'imbécile. Je rougis, et ria nerveusement dans le but de cacher mon embarras. Voilà pourquoi je détestais et méprisais l'alcool.

Messages : 63 Date d'inscription : 26/06/2013 Localisation : Ici

Il

avait sourit et mon cœur ne fit qu’un bond. Mes yeux se figèrent et pour la première fois je remarquai à quel point il était beau quand il souriait. Ses yeux fermés et son air si reconnaissant et suffisant. Son sourire me réchauffa le cœur, pire, il me fit du bien. C’était comme s’il construisait quelque chose en moi. Une sensation étrangère éclata dans mes reins, je sentis le sang chaud faire le tour de mes joues. Il était heureux, Lukha était heureux, je l’avais rendu heureux, Je, moi, moi seul l’avait fait sourire et en ce moment, et encore quand je chantais, il me regardait, il ne regardait que moi et était heureux parce que c’était moi qui chantais. Ce sourire, il me l’adressait à moi et j’eu envie de le photographier dans ma mémoire pour ne jamais le perdre. Jamais, quand Nine allait mal, les dernières années, j’arrivais à lui remonter le moral. Il me souriait parfois, mais c’était des faux sourires. Au fond je savais qu’il ne m’aimait plus, mais je préférais rester avec lui, car je l’aimais, car c’était plus sûr comme lieu, car j’avais peur et froid, que j’avais besoin de sa chaleur. Mais avec Lukha, c’était différent, il était simple, et même les choses les plus futiles et les plus simples ou facile à faire, les gestes si infimes arrivaient à le mettre de bonne humeur et à le rendre heureux. C’était à peu près la première personne que je connaisse qui agissait ainsi. Et dieu, ce qu’il avait un sourire diablement beau. Mon souffle en fut coupé un moment. J’avais presque envie de le…Dieu, qu’étais je entrain de penser là ? Je crois que je commence à perdre la cervelle ! sûrement l’alcool, sans doute.. Pourtant, d’habitude, je ne suis pas du tout du genre à mal tenir l’alcool. Mais dieu, je ne suis qu’a mon premier verre, alors, pourquoi est ce que je pense ce genre de choses insensées ? Afin de me chasser ces idées de la téte, je pris une bonne gorgée de mon second verre, tout en affichant un sourire nerveux, chose qui ne me ressemblait pas. Mes pensées divaguaient, je me demandai si Lukha aimait réellement ma voix. Mais il semblait bien l’aimer alors...D’ailleurs, j’étais assez curieux de le voir jouer un jour. Généralement à mes débuts, j’avais trop le trac de jouer devant les gens, mais maintenant que j’ai grandis je n’ai plus grand problème, surtout que je suis confronter à jouer mais aussi chanter devant un publique, certes un petit publique mais c’était déjà quelque chose. Mieux que rien quoi. Je souris en me rappelant la première fois que j’avais joué devant quelqu’un, c’était devant Rain, j’apprenais encore la guitare, j’étais tellement heureux d’avoir jouer correctement le morceau. J’avais ce même sourire béat et niais qu’avait Lukha sur les lèvres. J’étais si heureux et voulait que ce soit lui à me voir en premier. C’est idiot, j’étais idiot. Mais au fond, cette époque était la plus belle de ma vie, certes je la regrettais un peu. Quand je voyais aujourd’hui Lukha, il me faisait un peu penser à moi, à mon ancien moi alors je tenais à tout pris à ce qui ne lui arrive pas la même chose. Rien ni personne ne méritait de vivre une telle trahison.

Je reportais mon attention sur Lukha, qui lui buvait tout en affichant des grimaces qui étaient un peu trop adorables. Je souris intérieurement de cette vue tout en me moquant gentiment de lui. Il reprit aussitôt :

- Et donc... Ça t'étonne de me voir ici? Moi aussi, tu sais. C'est la première fois que j'y viens, pour être sincère... C'est un ami qui m'avait conseillé de venir, alors même si je n'aime pas trop l'alcool... J'étais curieux. Mais au final, je ne regrette pas. Comme quoi la curiosité n'est pas toujours un défaut, eheh.

Je souris un peu, c’était assez prévisible. D’ailleurs, je ne savais pas que Lukha avait « ce genre » d’amis, qui fréquentent les bars. Mais c’est vrai que la semaine dernière j’avais rencontré un dénommé Shin qui n’était pas mal dans son genre, quoique pas vraiment mon type, mais il faut avouer qu’il était un bon étalon. Quoiqu’un peu trop insouciant et peu sérieux. Il m’avait glissé son numéro, depuis, on n’avait jamais parlé, je n’ai pas eu le courage de le téléphoner. Il me souriait une seconde fois et je détournais légèrement le regard, il avait un sourire très craquant. Il ajouta ensuite un peu hésitant :

- Hum, c'était un défi que tu me lançais tout à l'heure? C'est toujours une mauvaise idée de m'en lancer. Je les prends toujours un peu trop sérieusement... Je suis sûr que toi tu ne tiendras pas non plus,

Un sourire joua sur mes lèvres. Alors, c’était ça ? me retournait il le défis ? Je bu cul sec mon troisième verre toujours en le regardant dans les yeux, j’affichai un sourire victorieux puis ajoutai :

-Hah ? ça c’est ce que tu crois ! Montre-moi tes talents.

Je commandai un quatrième verre, puis, Lukha parla de nouveau :

- Il s'est passé un truc de spécial depuis ces deux dernières semaines? Pour ma part il ne s'est rien déroulé de bien grandiose. C'était même un peu ennuyant... Au point de céder à ma curiosité et venir faire un tour ici, comme tu peux le voir.

Je lui souris en repensant moi aussi aux deux semaines passées. Je n’avais fait que..trainer le jour et enchaîner petit boulot sur petit boulot. Rien de bien intéressant ne s’était passé. J’haussai les épaules avant de répondre en soupirant :

-Je t’assure que rien ne s’est passé depuis notre sortie, d’ailleurs j’suis très fatigué. J’ai beaucoup travaillé ces jours ci, ça me ferait du bien qu’on puisse sortir un peu plus souvent tout les deux. Ça m’a vraiment détendu l’autre fois, je n’aime pas trop sortir seul, j’me sens con.

Je le vis baisser la tête puis, murmurer :

- Ça peut paraître idiot, mais tu m'avais manqué... Ça aurait été vraiment dommage de ne jamais se revoir.

Il rougit ensuite, comme regrettant déjà ses paroles. Je me figeai un instant, pardon ? Lui avais-je manqué ? Mais c’était très adorable. Je souris, avant d’ébouriffer ses cheveux, ça me faisait très plaisir qu’il me dise cela, c’était une des rares fois ou on me disait ça. Je lui offris mon plus beau sourire, puis m’approchai un peu de lui afin de dire sur un ton qui se voulait sympathique :

-Oui oui ! Toi aussi tu m’as manqué, et pas qu’un peu.

Je lui fis un clin d’œil avant de me taire un peu pour penser, puis vint cette résolution bizarre. Je posai ma tête contre la paume de ma main puis ajoutai :

-Ha, mais c’est la première fois que tu viens ici, alors, j’ai eu une autre des tes premières fois ! J’suis heureux.

Je souris puis saisit une seconde cigarette, j’avais du mal à me calmer, j’étais bizarrement nerveux, effet de l’alcool ? Je n’en savais rien. Je l’allumais puis en pris un souffle, me rendant compte de mon impolitesse je crachai la fumée un peu loin :

-euh, ça te dérange pas que je fume j’espère hn ? Ah, tu peux en avoir si tu veux.

Je finis ma phrase en souriant tout en lui tendant mon paquet. Je n’aimais pas fumer seul non plus, j’ai toujours trouvé que ce genre de choses se fait à deux. Un peu comme mater un match, ou un truc du genre. Peu à peu l’alcool commença à faire son effet. Je commençai à avoir chaud, déboutonnai donc ma chemise tout en soufflant sur ma frange :

-Ouahh, putain’ fait chauuuud….Tu trouves pas Lulu ?

Je cillai des yeux me rendant compte de mon comportement, je n’étais pas encore complètement ivre, et tant mieux, il m’arrivait juste d’agir
bizarrement. Par contre lui, Lukha, avait l’air..pire que moi. Je décidai donc d’arrêter de boire un moment, histoire qu’un de nous deux soit assez sobre à la fin de la soirée. J’voulais pas la passer à vomir mes tripes dans la cuvette, surtout pas devant Lukha en plus. Je passai ma main sur son front en rigolant un peu comme un idiot :

-Hé hoo, Lukha ? ça va ? pas trop bourré ? Hey arrêtes de boire, c’est bon j’laisse tombé, c’était con d’ma part.

Messages : 272 Date d'inscription : 14/04/2012 Localisation : Quelque part

J'avais eu peur. Oui, j'avais eu peur qu'au moment où j'étais venu à ses côtés, au moment où son prénom avait franchit la barrière de mes lèvres, de recevoir une glaciale réjection. Que lui, Rain, se soit déjà lassé de ma compagnie et que notre rencontre se soit envolée, loin, et qu'elle ait disparue comme si elle n'avait jamais existé. Mais ça n'avait pas été le cas... Pas le moins du monde, et rien ne m'avait fait plus plaisir. Lui parler, m'exprimer ouvertement à ses côtés, ses blagues parfois douteuses, tout ça, m'avait manqué. J'aurais toujours pu l'écouter parler de la pluie et du beau temps, même des choses les plus ennuyeuses, et je ne me serais probablement pas lassé. J'avais oublié à quel point il avait une manière chaleureuse de communiquer avec les autres, de rendre les gens à l'aise avec lui rien qu'avec quelques mots. Et lorsqu'il chantait... Ah, lorsqu'il chantait, il aurait pu mettre le monde à ses pieds, j'en étais convaincu. Rain avait réellement ce don de rendre les personnes à ses alentours heureuses, leur redonner un peu de joie dans leurs mornes journées. Il ajoutait un brin de couleur là où les tons étaient plus gris, là où c'était plus terne. Et pour une énième fois, je me trouvais réellement chanceux d'avoir fais sa rencontre. Que lui, aussi, m'apprécie, me considère comme un ami. C'était un peu fou, pour moi, car je me sentais petit face à lui. Pas de la même façon qu'avec Shin, cependant. Avec Rain, c'était plutôt... Parce qu'à côté de lui, j'avais l'impression que les qualités me manquaient. Lui, semblait tout avoir de bon, et en plus de cela il était un être tout-à-fait unique en son genre. Mais ça, ça n'était pas nouveau; dès le moment où je l'avais rencontré, j'avais su que c'était un grand homme, au fond. À mes yeux, en tout cas. Et qu'il m'aille dit s'être ennuyé pendant ces deux longues semaines, et qu'il aurait aimé me revoir, me touchait énormément. Il savait toujours utiliser les bons mots pour me faire plaisir, et ce n'était pas par manipulation, mais de manière sincère. C'était l'une des choses qui me plaisaient le plus chez lui, d'ailleurs... Ça me donnait une étrange impression de songer ainsi; on aurait cru m'entendre parler d'une idole, alors que Rain n'était que mon ami. Mais bon, était-ce mal que de lui trouver des qualités ainsi? Non, je ne croyais pas. Au contraire même, car si je ne lui trouvais que des défauts, il y aurait un sérieux problème. J'espérais d'ailleurs que lui, de son côté, puisse mes trouver des qualités aussi... Je lui souhaitais bonne chance pour cela. Je n'avais pas que des défauts, certes, mais probablement pas des centaines de milliers de qualités non plus. De toute façon, là n'était pas l'important; ses sourires à mon égard semblaient être sincère, alors je n'avais peut-être pas à m'inquiéter à ce sujet. D'ailleurs, sur le fait-même, m'inquiéter n'avait pas lieu d'être - j'étais venu ici dans le but d'assouvir d'une certaine manière ma curiosité, mais aussi pour m'amuser. Et par dessus-tout, Rain était là. Avec lui, je me sentais plus en sécurité, alors à bat l'inquiétude pour l'instant. Quand j'étais à ses côtés, je n'avais sérieusement pas envie de me mettre à songer à de tels futiles détails.

Je sursautai lorsque la main de Rain vint se poser sur ma tête pour ébouriffer mes cheveux. Une autre chose de lui qui, malgré moi, m'avait peut-être un peu manqué. Je les remis machinalement en place en répondant à son joli sourire en lui tirant la langue. Il s'approcha de moi avant de dire;

- Oui oui ! Toi aussi tu m’as manqué, et pas qu’un peu.

Le rouge qui était déjà sur mes joues s'amplifia. Alors je lui avais vraiment manqué, moi aussi? Sans le vouloir, je troquai la grimace par un sourire mi-embarrassé, mi-béat. Il me fit un clin d’œil avant d'appuyer son visage contre la paume de sa main.

- Ha, mais c’est la première fois que tu viens ici, alors, j’ai eu une autre des tes premières fois ! J’suis heureux.

Décidément, je ne pouvais m'empêcher de penser que cette manière de formuler la phrase était étrange. Je tiquais toujours à entendre le ''première fois''. Parce que oui, bon, entre les premières fois et moi, il y avait un certain écart. Mais je ris tout de même, en ajoutant;

- Ah oui, on dirait bien... Je me demande combien d'autres tu auras.

...Et regardez qui parle. Merde, Lukha, c'était encore pire! L'alcool avait vraiment une très mauvaise... ''influence'' sur moi, ça ne faisait aucun doutes. Sous l'embarras que moi-même m'était provoqué, je détournai la tête, pour finir mon faire et en commander un autre. J'avais toujours en tête le défi de Rain. J'en pris une gorgée et vis du coin de l’œil Rain sortir une seconde cigarette. J'allais m'abstenir de quelconques commentaires, savant à quel point je pouvais être désagréable lorsque je témoignais de mon mépris envers le tabac.

- euh, ça te dérange pas que je fume j’espère hn ? Ah, tu peux en avoir si tu veux.

Il me sourit en me tendant le paquet, puis je fis un étrange de mouvement avec mes mains pour décliner son offre.

- N-Non merci, je n'ai jamais aimé la cigarette... Enfin, j'ai jamais essayé mais c'est carrément pas mon truc. En plus j'ai pas une parfaite santé, du coup je voudrais pas... enfin... Laisse tomber.

Je m'exaspérais moi-même. Pourquoi m'étais-je mis à déblatérer sur ma santé? Je me grattai la nuque tout en riant d'embarras. Je laissai mon regard se perdre un peu aux alentours, pour voir à quoi ressemblaient les autres gens présents. Il y avait d'autres mecs de mon âge ou un peu plus vieux peut-être, en train de draguer des jeunes filles qui n'avaient peut-être pas l'âge pour se trouver ici. Il y avait aussi des plus vieux, et quelques personnes seules, assises au comptoir en sirotant silencieusement leur verre. Je me retournai finalement vers Rain, et... et je me figeai, en le voyant déboutonner un peu sa chemise et de souffler nonchalamment sur sa frange.
Seigneur, il était... il était...

- Ouahh, putain’ fait chauuuud….Tu trouves pas Lulu ?

J'eus tôt fait de retourner une seconde fois la tête, beaucoup plus vivement cette fois-ci, en sentant le rouge reprendre vie sur mes joues. Mais qu'est-ce qui m'arrivait? Et puis pourquoi ''Lulu'' soudainement? Et et et...
Bon, après, ce n'était pas ma faute s'il était juste... Enfin... Séduisant, quoi. Je ne pouvais pas le nier, il était carrément craquant là. C'était ce qui m'embarrassait d'ailleurs... Comment pouvais-je le regarder dans les yeux pour l'instant? C'était mon ami, tout de même.

- O-Ouais, t'as raison... On crève...

Enfin bref, il avait raison. Il commençait à faire fichtrement chaud ici. Quelle idée d'avoir mis un pull, aussi... Je pris quelques autres gorgées de mon verre... Et j'en pris un autre. Je me sentais déjà très, très mal. Je ne me sentais pas moi-même, surtout. Mais têtu que j'étais, je bu mon nouveau verre. Au complet. Je baissai la tête, comme étourdi. Je sentis sans vraiment le sentir la main de Rain sur mon front.

- Hé hoo, Lukha ? ça va ? pas trop bourré ? Hey arrêtes de boire, c’est bon j’laisse tombé, c’était con d’ma part.

Sa voix me paraissait un peu lointaine, mais j'arrivais tout de même à l'entendre. Aller quoi Lukha, tu as pris... que quelques verres seulement, et ils étaient... vraiment petits en plus... à peine 3 gorgées chaque...

Plein de bonne volonté, je relevai la tête vers Rain. Je restai quelques instants à l'observer, sans rien dire, et je sentis... des larmes. Des larmes dévaler sur mes joues. Un torrent de larmes. Sans raison.

- J'suis désolé, Rain, sérieux je... Enfin, c'est pas juste quoi, j'ai pris... juste quelques verres et... non mais je vais bien, tu sais, j'veux pas être un fardeau, d-désolé...

Ces paroles sortaient d'elles-mêmes de ma bouche. C'était quoi ces phrases incohérentes en plus?
Je passai une main dans mes cheveux, comme en essayant de me souvenir de la langue française que je pratiquais depuis maintenant onze ans et dont je devrais en savoir toutes les règles par cœur. J'essuyai les larmes qui s'échappaient de mes yeux et tentai de reprendre;

- E-En plus j'ai trop chaud... et l'alcool c'trop mauvais... J'voulais pas,... enfin... avoir l'air nul... Désolé... Ophelia me l'avait dit, pourtant... il me l'avait dit que je gérerais pas avec l'alcool. Et pis si ma mère me voyait... elle me rirait au nez en voyant comme son fils est... enfin comment il est... n-nul...

Mon dieu, et pourquoi je mêlais ma famille à cela maintenant? Contre ma volonté, les larmes poursuivirent leur chemin sur le long de mes joues et je baissai lamentablement la tête jusqu'à appuyer mon front contre le comptoir. Je me sentais pas bien, vraiment pas bien.

- Rain, j'me sens... vraiment pas bien... C'est pathétique, désolé...

Nom de Dieu, mais arrête de t'excuser! Il y a rien de plus agaçant qu'une personne qui passe son temps à-...
Merde, il fait trop chaud, j'en peux plus, je me sens pas bien, j'ai envie de me frapper la tête sur le comptoir. Mon visage, qui heureusement est caché par mes cheveux, doit être teint de cramoisi pour sûr...
Je relevai légèrement la tête en reniflant. Je laissai ma main se glisser jusqu'à la manche de la chemise de Rain, avant de la tirer très légèrement. J'ajoutai alors, comme pour me faire plus honte à moi-même, dans un ton qui ressemblait presque à une plainte;

- J-J'veux rentrer... Rain...

Messages : 63 Date d'inscription : 26/06/2013 Localisation : Ici

Amusement laissa place à amertume. Il était totalement vrai que voir Lukha dans de tels états était vachement amusant. Bon, disant le voir parler d’une manière si « ouverte » et agir sans gêne ou timidité apparente était beaucoup mieux. AU moins j’avais le mérite de savoir ce qu’il pensait réellement des choses. Sans politesses ou paroles surfaites. Mais là, le jeu avait un peu commencé à prendre une tournure que je craignais. Pas une fois j’avais voulu causer du tort à Lukha. Loin de là, c’était quelqu’un que j’estimais et appréciait beaucoup. Comme si l’on était des amis de longue date. Mais j’avais et comme d’habitude le chic à tout foutre en l’air. A obliger les autres faires des choses dont ils n’en avaient pas besoin. Et si j’avais su que ça allait tourner si mal, je n’aurai jamais osé le défier. C’était débile après tout, ça ne servait à rien. Mais j’étais juste curieux à l’idée de voir un Lukha saoul. Ça m’intriguait, cet étre semblant si parfait en allure devait bien cacher quelques défauts ou secrets non ? Je voulais tirer profit de lui, l’obliger à me montrer d’autres faces de lui que lui ne voulait certainement pas me montrer. Je me trouvai horrible en ce moment et songeai à me racheter, mais j’avais beaucoup bu moi aussi, et je ne pus rien faire pour le moment. Ne serait ce qu’espérer que le bon dieu m’offre ne serait ce qu’un petit peu de chance afin de pouvoir « survivre ». Mais l’entendre dire des choses d’une façon si sincère et peu gênée me faisait vraiment craqué. J’ai toujours aimé les garçons spontanés. Ayant aussi un coté timide, enfin, Nine n’était pas du tout ainsi, c’est surement pour ça. Le voir rougir et aborder cet air quelque peu embarrassé me faisait vraiment mais vraiment craquer. C’était drôle, il m’aurait fallut d’un verre pour trouver Lukha autre chose qu’adorable ou « mignon comme un bébé ». Il était différent, il avait quelque chose de sensuel, quelque chose d’homme. C’est drôle parce que dès lors je l’ai toujours vu en tant que petit garçon. Et que là c’était un petit peu différent. C’est assez drôle car peut être que je me découvrirais pédophile au cinquième ? Cette pensée me fit rire intérieurement. J’ai toujours su que j’aimais les soirées bien arrosée, dit comme ça je semblais assez diabolique, chose que j’étais. Malgrès le fait que je sois très gentil il m’arrive des fois d’avoir un coté totalement diabolique. Généralement je profite des soirées ou mes amies bois et je ne bois que peu pour rester sobre. J’aime bien les voir raconter des détails inutiles de leurs vie en pleurant ou faire du strip tease. Mais bon, ça n’avait jamais marché avec Nine, choque qui m’avait déçu, je finissais toujours bourré avant lui, et encore, il me semble ne jamais l’avoir vu réellement ivre. Ou quelques rares fois de ma vie auprès de lui. Il ne me montrait de lui que ce que je désirais voir et rien d’autre. C’était assez attristant de penser après tant de temps qu’au fond on ne se connaissait pas tant que ça.

Lukha était là, Lukha lève les yeux remplis de larmes vers moi et cette vue suffit pour me peiner. Lukha renifle, Lukha pleure comme un petit enfant qu’on aurait envie de protéger. Lukha était là annulant l’existence de tout mon monde. Quand Lukha était là, les autres n’étaient plus. Je ne voyais que lui, en cet instant là. C’était étrange, c’était comme s’il aspirait toute mon attention à lui seul. Mon cœur se pinça lorsque je le vis pleurer pour des raisons encore inconnues. Avais-je fait quelque chose qui l’avait rendu triste ? Je me mordis la lèvre inférieure, incroyablement coupable. La voix de Lukha se fit quelque peu tremblante ;

- J'suis désolé, Rain, sérieux je... Enfin, c'est pas juste quoi, j'ai pris... juste quelques verres et... non mais je vais bien, tu sais, j'veux pas être un fardeau, d-désolé...

Mais ce n’était absolument pas ça ! Je secouai un peu ma téte mimant un « non ». Alors qu’il se passait la main dans ses cheveux l’air confus. Et c’était comme si c’était la première fois qu’on se voyait. Je le trouvais étrangement beau ainsi.

- E-En plus j'ai trop chaud... et l'alcool c'trop mauvais... J'voulais pas,... enfin... avoir l'air nul... Désolé... Ophelia me l'avait dit, pourtant... il me l'avait dit que je gérerais pas avec l'alcool. Et pis si ma mère me voyait... elle me rirait au nez en voyant comme son fils est... enfin comment il est... n-nul...

J’affichai un air attristai me rendant compte que j’étais très idiot sur ce coup là, je n’aurai jamais du faire ce coup là. La culpabilité déchirait mon cœur alors que je bougeai la tête de droite à gauche. D’une main tremblante j’essuyai les larmes de Lukha. C’était bizarre mais il était vraiment beau quand il pleurait. Il avait un air si abattu, mais si sensuel. Et je me trouvai con de penser à ça maintenant, j’étais probablement un peu ivre aussi. Puis c’est qui Ophelia ? N’est ce pas un prénom féminin ? Un énorme point d’interrogation se forma au dessus de ma tête mais je ne cherchai pas à comprendre. Je fis non de la tête et chuchotai :

-Tu n’es pas nul Lukha, je suis désolé, tellement désolé.

Je l’avais en quelque sorte obligé à boire et ça me rendait si mal. Je n’aurais jamais du faire ça, je suis un grand con. Il colla son front contre le comptoir en laissant lourdement tomber sa tête contre celui-ci et murmura ;

- Rain, j'me sens... vraiment pas bien... C'est pathétique, désolé...

Ma main caressa ses cheveux bleu pour le détendre un peu et je lui chuchotai tout en me sentant ignoble, bon sang, je n’aurai jamais du. Il va me haïr maintenant :

-Shht…ça ira Lukha.

Puis d’un coup, il releva sa téte en reniflant, le visage rougie et les yeux brillants et entre ouverts. Il avait un air si sensuel collé au visage, il leva mollement la main et serra désespéramment ma manche. Je rougis incroyablement à cette vue en me posant une main sur la bouche et le nez. Enfin c’était surtout pour ne pas saigner du nez, ça m’arrivait de temps à autre. Mon dieu ce qu’il était…beau ? Mignon ? Adorable ? Peu importe, mais son visage était une incitation au viol. Pour couronner le tout il gémit faiblement :

- J-J'veux rentrer... Rain...

J’avalai ma salive dans un « gloups » sonore. Avant de me relever un peu. J’avais totalement oublié ou il habitait, et il ne semblait pas prêt à me guider dans cet état. Dans quel pétrin me suis-je fourré ? Je payai vite fait avant de le porter mode princesse, tout à fait comme l’autre fois, à la plage. Les gens nous regardaient étrangement. Je n’avais pas le choix, je devais le ramener chez moi. En marchant je le regardais de temps à autre, son visage serein était presque angélique sous les lumières des lampadaires. Je souris un peu à cette vue, il était bien trop mignon pour un garçon de dix huit .
ans
-On rentre Lukha, ne t’inquiète pas, tout ira bien, tiens bon.

Après quelque minutes de marche, j’arrivai enfin à la résidence ou j’habitai. Je composai le code d’entrée et accéda à mon appartement. Ce n’était rien de spécial. Un petit appartement de célibataire dans les tons gris/rouge/noir. Il était composé d’un salon, chambre à coucher, salle de bain et une cuisine. Pas très grand mais pas si étroit, parfait pour une ou deux personnes au maximum. L’endroit n’était pas très rangé mais pas en bordel non plus. Après tout, je ne savais pas vraiment que j’allais ramener quelqu’un ce soir ! Je souris un peu puis dit un peu plus pour moi même :

-eh bien,ça c’est chez moi…Ce n’est pas très grand mais j’espère que ça ira pour ce soir.

J’entrai dans la chambre à coucher et le déposai sur le lit -une place et demi-. Enveloppé dans les draps blancs, il était tel un ange dans le ciel. Je souris à cette vision. Je me demandai s’il était conscient, ou à demi conscient, qui sait. J’eu très chaud alors j’enlevai ma chemise. Puis je me dis que les parents de Lukha doivent se faire du soucis pour lui. Je me permis donc de fouiller dans ses poches, bingo, trouvé. C’était un téléphone ayant une coque bleu, ce qui me fit rigoler doucement, ce qu’il aimait le bleu c’lui là. Je cherchai rapidement dans les contacts et trouvai « Ophélia » ah, c’était elle donc la fille dont il parlait tout à l’heur ? Je continuai ma recherche mais ne trouvai pas le numéro de ses parents. D’ailleurs il n’y avait pas grand monde, juste un certain « Shin » (c’est drôle car j’en ai connu un aussi » ah, tiens, un « Craig » aussi. Peut étre son petit ami ? Mais de quel droit est ce que je fouille ses contacts ? Rassaisis toi Rain, tu fais ça pour son bien. Enfin je trouvai le numéro de sa tante que j’appelai afin de lui dire que Lukha passera la soirée chez moi, qu’il était fatigué et qu’il s’était endormi en chemin. Elle me remercia et me demanda de prendre soin de lui ce que je lui promis de faire. Je posai ensuite le téléphone sur la commode, ou un cadre photo de moi et de Nine y était. J’étais un peu plus jeune, les cheveux noir souriant devant un merry-go-around. A mes cotés un Nine souriant. Je soupirai un instant. Puis finis par enlever tout mes vêtement afin de rester en boxer. Faisait vraiment chaud ce soir !

Mon regard se posa de nouveau sur un Lukha endormi –ou pas, je n’en avais aucune idée-. Je déposai mes lèvres sur son front et murmurai :

-đêm tốt

et je finis par m'endormir à son chevet.

Messages : 272 Date d'inscription : 14/04/2012 Localisation : Quelque part

La situation dans laquelle j'étais était pour le moins qu'on puisse dire... ''confuse''. Je me sentais bien et mal à la fois. Mais par dessus-tout, en sécurité. Cette soirée avait été des plus étranges. Et dire que tout cela avait commencé juste parce que ma curiosité m'avait poussé à me rendre dans ce bar perdu au milieu de Versailles. Un bar comme les autres, un lieu bien banal. Et Rain y était. Qui l'eût cru? Pas moi, en tout cas. Mais ce qui se déroula après me parut encore plus étrange. De boire de manière exagérée ne me ressemblait pas le moins du monde, et pourtant, parce que Rain m'avait lancé un défi, à la légère, je m'étais entêté à le faire. Ça ne m'étonnait pas de moi, au fond. Il n'y avait bien que moi pour se sentir si concerné par de tels défis, même s'il s'agissait d'alcool et que je n'avais jamais apprécié cela. Après tout j'étais bien influençable, et ce depuis mon plus jeune âge. Bien sûr, il y avait sur certains sujets dont je ne m'étais jamais laissé influencé parce que j'avais tout de même un bon jugement. C'était plutôt pour les petits trucs inutiles comme ceux-ci. Et même si je m'étais mis à pleurer comme un gamin devant Rain, à déblatérer des phrases bizarres et à sentir un certain mal-être, je ne lui en voulais pas du tout. Comment le pouvais-je? Alors que je me plaignais, tout à l'heure, il avait été si... doux, si gentil avec moi... D'une tendresse dont j'aurais pu me nourrir tant elle me faisait du bien. Je me demandais pourquoi il était si gentil avec moi d'ailleurs. Méritais-je cette attention? Quoi qu'il en soit, pour l'instant il s'agissait bien du dernier de mes soucis. J'étais si bien, dans ses bras... Cela me rappelait la fois où il m'avait prit de la même façon, en ''princesse'', à la plage. Cela me semblait si lointain... Et comme la dernière fois, ce que pensaient les autres lorsque nous étions sortis du bar ne m'atteignait pas le moins du monde. Peut-être aurai-je honte plus tard, mais pour l'instant ce n'était pas le cas. Je me sentais en sécurité. Je me sentais vraiment bien. Rain, lui, devait penser que j'étais endormi, mais ce n'était pas le cas. Seulement, je me sentais mieux les yeux clos. D'ailleurs, je me demandais où il m'emmenait. Il était presque impossible qu'il se souvienne de l'endroit où j'habitais, alors... M'emmenait-il chez lui? Cette pensée me fit étonnement plaisir. S'il me faisait assez confiance, malgré que ce ne soit que notre deuxième rencontre, pour me laisser aller chez lui... Alors je ne pouvais qu'être heureux. Je me blottis machinalement un peu plus contre lui. Je me demandais pourquoi sa présence m'était rassurante à ce point... À un point où j'oubliais presque à part entière mon mal-être causé par l'alcool, et part le fait même que j'étais encore sous l'effet de celle-ci. Rain devait posséder un don spécial pour cela... Un don qui n'était réellement pas donné à tous. Peut-être était-il beaucoup trop gentil, aussi. Cependant, les gens trop gentils étaient toujours ceux les plus risqués à être blessés... et j'espérais sincèrement que ce ne soit pas le cas pour lui.

Après un certain moment, Rain s'arrêta. Nous étions probablement arrivés à bon port. J'entrouvris les yeux pour le voir composer un code d'entrée et il se rendit finalement jusqu'à son appartement. J'observai brièvement sa décoration, qui était plutôt jolie et qui cadrait plutôt bien le style de Rain.

- eh bien,ça c’est chez moi…Ce n’est pas très grand mais j’espère que ça ira pour ce soir.

J'aurais eu envie d’acquiescer, mais je ne m'en sentais pas la force. J'étais en fait réellement fatigué. L'idée de dormir chez lui m'embarrassait peut-être un peu, mais je n'avais pas le choix. Je me voyais mal retourner jusqu'à chez moi dans cet état... Rain entra dans une pièce que je devinais être une chambre à coucher, et il me déposa sur un lit. Je me sentais comme lorsque j'étais petit, et que je feignais d'être endormi sur le canapé pour que ma tante me porte jusqu'à mon lit.

Alors que j'étais sur le point de m'endormir, je sentis Rain s'approcher et fouiller dans mes poches. Qu'était-il en train de faire...? Je me crispai, puis lorsqu'il s'éloigna un peu, j'ouvris un œil et le vit avec mon portable dans les mains. Il sembla chercher un moment, et voyant son visage, il semblait mi-amusé et mi-pensif. Regardait-il mes photos? Je ne m'en souciais pas vraiment, de toute façon je n'en avais pas beaucoup, à peine. Il composa finalement un numéro, et je devinai rapidement qu'il s'adressait à ma tante. J'eus un infime sourire, malgré moi, me rendant compte à quel point Rain était prévenant. C'était même adorable qu'il ait pensé à l'appeler...

Une seconde fois, j'étais réellement tout près de m'endormir; je senti les lèvres de Rain se poser sur mon front, doucement, et à ce moment je me laissai aller dans l'étreinte de Morphée.

*

Toc, toc, toc, toc, ...

Ce bruit résonnait dans ma tête. Long, douloureux, insupportable. Un écho atroce. J'avais l'impression qu'on me martelait la tête à l'aide d'un marteau-piqueur... Et pourtant, rares étaient les fois où je souffrais d'une migraine! Ça ne m'arrivait presque jamais, en réalité. Je levai une main jusqu'à mon front, poussant vers l'arrière les mèches sur mon visage. La lumière du jour tapait violemment sur mon visage, alors sur le coup de l'énervement j'enfouis ma tête dans mon oreiller. Mon oreiller qui d'ailleurs ne sentait pas comme mon oreiller. Il sentait bon, certes, mais ce n'était pas le mien et j'en étais persuadé. Celui à Ophelia...? Non, le sien ne sentait pas comme cela non plus. Étrange...

J'ouvris péniblement les yeux, m'y reprenant à quelques fois avant de bien réussir. Je vis alors une forme floue se dessiner près de moi, une forme floue qui s'avérait être un visage que je distinguai après m'être concentré. Tiens, c'était Rain.

...RAIN?

Je me relevai d'un bond, sentant ma panique monter en flèche. Tout était clair maintenant. J'étais allé au bar hier, je l'avais vu là-bas, j'avais bu, lui aussi il me semble... et après... Après quoi? Je ne le savais plus!

En tenant la couverture entre mes mains, assit sur le lit, je tentai de reprendre une respiration normale. Que... Que s'était-il passé, après? Avions-nous... Avions-nous... En plus il était... en... boxer... Je rougis et replaçai mes cheveux.

- Impossible...

Il m'avait dit qu'il désirait avoir plusieurs de mes... ''premières fois''. Je savais bien qu'il ne parlait pas de celle-là, mais... Mais là, tout portait à croire...

Bon, le meilleur moyen de savoir... Était de lui demander, n'est-ce pas? Hésitant, je portai ma main à son épaule, la secouant légèrement. Il était tout de même réellement mignon lorsqu'il dormait, c'était dommage de le réveiller... Mais je n'avais pas le choix. J'avais peur, mais je devais savoir... s'il s'était passé quoi que ce soit. Mon rythme cardiaque s'accéléra.

- Rain? Rain, réveille-toi s'il te plaît... murmurais-je, ne désirant pas le réveiller avec la même brusquerie qu'avait utilisé mon mal de tête.

J'attendis quelques instants, avant d'ajouter d'un ton très hésitant, en espérant qu'il soit à présent réveillé;

- Q-Que... s'est-il passé, hier soir...? E-Enfin, tu vois...

Je m'arrêtai là. Je ne voulais pas en rajouter, en fait... J'étais déjà bien assez embarrassé.

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C’était étrange, il ne savait pas ce qui lui arrivait ce soir. Il ne savait pas pourquoi c’était différent. Pourquoi il s’était endormi aussi vite alors que d’habitude il lui fallait des heurs pour trouver le sommeil. Sommeil qu’il avait oublié avec le départ de Nine, il hantait bien trop ses souvenirs. Ces souvenirs fanés, des souvenirs au goût caramélisé, doux, amers à la fois. Les souvenirs d’une adolescence ratée. C’était vrai qu’il ne pouvait pas dire qu’elle l’était totalement, vu qu’il avait passé en partieles plus beaux moments de sa vie à l’adolescence, ça lui avait aussi permit de savoir que c’était la voie de la musique qu’il voulait suivre. Mais aujourd’hui, ces souvenirs semblaient moins beau qu’autre fois. Beaucoup plus moche. Il se sentait trahis, trompé, horriblement trompé et pour une fois depuis des mois et des mois il eu enfin droit à un peu de repos. C’était assez drôle, car cette situation n’avait rien de confortable. Il était ivre et très à l’étroit avec un garçon à peine rencontré. Quels drôles de circonstances. Pourtant avoir quelqu’un à coté de lui le rassura sans même qu’il ne s’en rende compte. Il était si calme ce soir là, il ne fit pas de réve, aucun, ni méme de cauchemar. Il avait juste dormi, et ça lui avait fait un putain de bien. Il aurait voulu que ça dure à jamais. Ce sentiment de satisfaction, chaleur, bien étre. C’était presque de la joie et il crut pour un moment qu’il s’était détaché de Nine. Mais non, c’était faux car les quatre murs qui l’entouraient lui rappelaient sans cesse celui auquel il avait appartenu. Ce grand poster –unique poster- dans la chambre affichant son ex n’arrangeait pas les choses. Il n’avait pas eu la force de l’enlever. Il n’avait pas eu la force de supprimer. Il aurait tant voulu avoir la cervelle d’un ordinateur. Il lui aurait suffit d’un cltr + z pour revenir en arrière. Ou de simples clics pour tout effacer, effacer Nine de sa vie. Mais il l’avait sur la peau. Comme un tatouage. Il l’avait dans son sang, et il se levait bien que trop souvent au milieu de la nuit croyant avoir vu son fantôme ou entendu son murmure. Il était hélas bien trop habitué à sa présence, que vivre après lui avait été si facile. Sa vie avait cessé le jour de son départ et pourtant, ce soir on lui avait étrangement prouvé que ce n’était peut étre pas perdu à jamais. Le sourire sur les lèvres, il dormait et si seulement ça aurait pu durer. Ça aurait été très facile. Bien trop facile car ril n’avait pas assez souffert. Tout d’un coup, il se retourna dans son lit et cru saisir quelque chose. Un murmure doux lui parvint aux oreilles, au début c’était qu’un chuchotement puis ça se faisait de plus en plus clair. Refusant de se réveiller il se retourna dans son lit, une fois puis deux. Puis, il ouvrit un œil.

- Rain? Rain, réveille-toi s'il te plaît...

Puis un autre chuchotement, je ne savais pas d’où ça venait, mes yeux étaient aveuglés par la lumière. Putain, pourquoi me-suis-je réveiller ! j’avais enfin eu droit au repos…Mais soudain, au dessus de moi, une forme familière se dessina. De grands yeux bleus qui m’hypnotisaient. Je tendis ma main vers le visage de ladite personne. Nine ? C’était lui ? nine était il revenu ? Va il me laisser seul encore une fois ?...

-Nine..Nine c’est toi.. ?

Ma main vint caresser sa joue. Et il me faillit un long moment pour me rendre que ce n’était pas lui. La joue de Nine n’avait jamais été aussi chaude, il avait toujours froid. Toujours, pourtant cette fois ce n’était pas ainsi. Puis, il ne sentait pas ce parfum là, c’était différent, ce n’était pas lui. Mais alors, c’était qui ? Je cillai des yeux et me redressai. Puis enleva ma main calmement, je regardai fixement la personne un instant en cillant des yeux. Puis d’un coup, je le reconnus. C’était Lukha, le garçon de la plage ! Mais bon sang que faisait-il dans mon lit ? N’est ce pas trop étrange ça ? Je finis par dire simplement ;

-Hah, c’est toi Lukha.

Il me fallut aussi plusieurs instants pour réaliser que j’étais presque nu, qu’il était dans mon lit, Lukha. Et pour que les souvenirs me reviennent en flèche. On avait parlés un peu..puis je lui avais lancé ce défis là.. Ensuite il s’tait mit à pleurer tout en buvant, j’avais été con et…Puis je l’ai ramené chez moi…et je l’ai déposé sur le lit et là, le trou noir…Non mais..Vu sa réaction et cet air embarrassé collé au visage il ne croit pas tout de même que je l’ai… ?

-Hey hey hey stop là on n’a fait que « dormir ». Enfin je crois. J’sais pas trop au fait. On n’a qu’a vérifier.

C’est vrai que ça porte vraiment à confusion. Mais j’me vois pas vraiment ramener un homme chez moi pour me le faire. Certes l’asiatique de l’autre fois était une exception. J’avais un peu trop bu et j’étais déprimé. Mais Lukha, je me vois mal me le faire et ce méme bourré. Pas qu’il n’était pas beau ou attirant mais surtout car c’était Lukha quoi. D’ailleurs je me sens criminel de l’avoir trouvé « attirant » au point de vouloir l’embrasser la veille. Je soupirai, me passai une main dans mes cheveux avant d’ajouter ;

-Roh t’es trop marrant, si t’avais vu la tronche que tu as tiré omg. N’enfin, regardes, tu portes encore tes fringues alors c’est impossible qu’on ait fait quelque chose même si je suis presque en tenue d’Adam.

Je n’étais pas spécialement pudique, après tout. Je lui offris un sourire. Puis voyant le fait qu’il attendait des explication je saisi mon paquet de cigarette et en alluma une. Je soufflait la fumée avant d’ajouter en tout sourire :

-T’as un peu trop bu et on s’est retrouvés comme deux idiots plantés dans le bar, alors je t’ai ramené chez moi vu que j’savais plus ou tu habitais. Donc, voila…Hah et..au fait. J’sais que c’est bizarre de me voir presque nu. Mais on m’a raconté que quand j’buvais j’avais tendance à me déshabiller. Enfin on m’a déjà dit que j’avais fait un strip tease en boite la première fois que j’ai trop bu alors n’ait pas honte d’avoir pleuré devant moi, je suis pire.

Je lui fis un clin d’œil avant d’écraser mon mégot dans le cendrier posé Je rivai ensuite mon regard vers lui, puis avec un sourire coquin repris ;

-D’ailleurs hmm…Si on avait fait « quoique ce soit » tu aurais tellement eu mal au postérieur que tu aurais eu beaucoup de peine à te réveiller et du mal à t’asseoir pendant trois jour. Non non, pas que mon machin est extrêmement grand –et je ne dis pas le contraire- mais surtout car les premières fois ce n’est pas facile du tout. Hahah.

Mon regard s’assombrit lorsqu’il se posait sur le poster de Nine grand format. Je me levai puis piochai un T shit dans mon armoire ainsi qu’un bas de jogging. Je m’habillai vite fait puis m’excalmai :

-Un ou deux sucres ?

Avais-je prononcé comme si le fait qu’il voulait un café était une évidence, je laissai la porte grande ouverte et quittai la pièce afin de gagner le salon. Je mis en marche la jukebox et quelques accords s’élancèrent. En ce moment jouait « Sorry » de Lilium. Je préparai ensuite vite fait la table puis déposai deux tasses -Mr & Mr- de café fumantes sur la petite table située au centre de la pièce.

-Hmm..Lukha, j’espère que tu aimes bien le café hm.

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Nine. Ce nom qu'il avait prononcé, qu'il avait murmuré en me caressant la joue. Ce geste qui m'avait prit à mon insu; à quoi pensait-il, à ce moment là? Pourquoi avait-il fait cela? Et surtout... qui était ce, ou cette Nine? Pendant un long moment, il avait semblé hésitant. Il m'avait regardé, tel l'inconnu que j'étais il y a deux semaines, et ce n'était qu'après un instant qu'il m'avait reconnu. De longues secondes, qui m'avaient semblé être des heures, avant qu'il ne me voit comme la personne qui j'étais réellement, et non ''Nine''. D'ailleurs, Nine... n'était-ce pas neuf en anglais? Était-ce le surnom d'une quelconque personne, l'un de ses amis? Ou alors... Sa petite amie? Je ne me souvenais pas s'il m'avait dit être célibataire ou non, mais pour qu'il me caresse la joue ainsi, alors ce devait certainement être une personne proche. Dans ce cas, je devais ressembler à une femme... La pire des insultes à mon égard. Enfin... Je ne pouvais pas savoir. Nine pourrait très bien être un membre de sa famille, une personne dans le genre... Et ça ne me regardait d'ailleurs pas le moins du monde. J'étais très curieux, certes... Mais je trouvais que je m'imposais déjà assez dans sa vie pour le moment - je me trouvais présentement dans le même lit que lui, après tout. Tout cela parce que j'avais un peu trop abusé de l'alcool... Ah oui, l'alcool... Cela me rappela mon mal de tête, qui sembla alors redoubler en force. J'aurais mieux fais de ne pas y repenser... C'était pire, maintenant. Je me massai la tempe, subtilement, ne voulant pas que Rain s'en aperçoive. Je n'avais pas envie de lui causer plus de soucis... Enfin, toujours en était-il que j'avais peur. Peur d'avoir fais une gaffe hier... Mais plus j'y pensais et plus ça n'avait pas de sens. Pourquoi aurions-nous fais cela? Et puis, je doute fort que Rain puisse vouloir faire ce genre de chose avec moi, et c'était tout a fait normal et facile à comprendre. Mais le doute persistait tout de même. Après tout, on ne se réveillait pas dans le lit d'une personne après une... ''soirée alcoolisée'' comme ça tous les jours. Surtout quand ladite personne est à peine couverte de vêtements... Rain eut d'ailleurs tôt fait de remarquer l'air embarrassé sur mon visage.

- Hey hey hey stop là on n’a fait que « dormir ». Enfin je crois. J’sais pas trop au fait. On n’a qu’a vérifier.

...Mon visage aurait sûrement eut de quoi faire jalouser les tomates les plus mûres. J'avais honte. Mais en plus, je n'étais pas entièrement soulagé. Même lui n'était pas sûr. Et puis comment pouvait-on ''vérifier'' ce genre de chose? C'était impossible il me semble, non? Je soupirai en rapportant mes jambes contre moi. Rain soupira à son tour, passant une main dans ses cheveux;

- Roh t’es trop marrant, si t’avais vu la tronche que tu as tiré omg. N’enfin, regardes, tu portes encore tes fringues alors c’est impossible qu’on ait fait quelque chose même si je suis presque en tenue d’Adam.

J'aurais eu envie de rire mais je n'essayai même pas. J'avais l'impression qu'en riant ma tête exploserait. Putain ce qu'elle pouvait faire mal, celle-là! Je me contentai d'un vague sourire, en répondant brièvement et presque silencieusement;

- Ouais... t'as raison...

Rain me sourit et il s'alluma une cigarette... Voilà qui n'aiderait pas à me soulager mon mal de crâne. Je tournai la tête, pour voir un poster accroché au mur. Il affichait... Une vedette? Je ne saurais dire, mais il était plutôt beau garçon. Peut-être était-il un chanteur de Jazz que Rain appréciait? Il serait donc normal qu'il me soit inconnu.

Je reportai mon regard vers Rain lorsqu'il m'expliqua ce qui s'était déroulé hier soir, au bar, et en me rappelant de la même façon que j'avais chialé comme une gamine devant lui. La honte s'écrasa sur mon une fois de plus... Et elle était particulièrement lourde à porter, aujourd'hui. J'étais fatigué, tout mon corps l'était et même ma tête. Enfin, lui, Rain... Aurait fait un strip tease? Voilà qui était plutôt inattendu de lui... Le pauvre, ça avait probablement été vachement embarrassant... d'un coup je me sentais chanceux de m'être contenté d'avoir vidé les larmes de mon corps.

Je fermai les yeux un instant pour me frotter le front, et les rouvris pour voir un Rain qui me souriait... étrangement?

- D’ailleurs hmm…Si on avait fait « quoique ce soit » tu aurais tellement eu mal au postérieur que tu aurais eu beaucoup de peine à te réveiller et du mal à t’asseoir pendant trois jour. Non non, pas que mon machin est extrêmement grand –et je ne dis pas le contraire- mais surtout car les premières fois ce n’est pas facile du tout. Hahah.

Courir loin d'ici. Me cacher. Fondre sur place. Disparaître. Pourquoi aucun d'eux ne marchaient? Mince, je sentais mon visage me brûler! Comme je me sentais honteux, gêné, idiot... Mon image de gamin ne faisait que s'accroître pour lui. Maintenant je devais avoir la belle image du grand puceau de dix-huit ans Sainte-Nitouche. En plus, lui, il en parlait comme si de rien n'était, comme s'il était carrément un habitué...

J'eus alors un étrange rire nerveux, saccadé et haché. Un rire beaucoup trop artificiel. Je me sentais vraiment idiot, car il avait raison en fait. J'étais vraiment imbécile de ne pas avoir pensé que... Que s'il s'était passé quelques choses, je n'aurais probablement pas été... Enfin voilà quoi. Je sentis mon cœur pomper dans ma poitrine et me massai à nouveau la tempe. Comme j'aurais voulu être aussi résistant qu'Ophelia face à l'alcool... Ce n'était pas juste qu'il soit le seul à avoir hérité de cela.

Rain prit un t-shirt et bas de jogging dans son armoire. Il sorti de la pièce en demandant;

- Un ou deux sucres ?

Je devinai alors qu'il parlait de café, et même si je n'en buvais pas très souvent je me voyais mal refuser l'offre, alors je répondis;

- Euh... Deux, s'il te plaît...

Je me retrouvai donc seul dans la pièce. J'entendis une musique jouer dans l'appartement, une chanson que je ne connaissais pas. Je me levai à mon tour et réalisa que mon portable n'était plus dans mes poches. Un peu paniqué je regardai autour de moi et le vit finalement poser sur la petite table poser près du lit. Je le pris et l'ouvris; l'heure affichait 09:55. Tant mieux, il était moins tôt que je l'aurais cru. J'eus un mince sourire en voyant que j'avais reçu un message d'Ophelia, me demandant si tout allait bien. Je lui répondis, tout en sortant de la pièce et me rendant jusqu'au salon. Ce n'était certes pas très poli d'envoyer des SMS lorsqu'on était chez une autre personne, mais là il s'agissait d'Ophelia et je ne voulais pas le faire attendre. Je remis mon portable dans ma poche et sourit de nouveau en voyant les deux tasses sur la table au centre de la pièce.

- Hmm..Lukha, j’espère que tu aimes bien le café hm.

J'hochai lentement la tête et lui répondis;

- Oui, j'aime bien. Merci d'ailleurs, dis-je en prenant ma tasse entre mes mains. Je soufflai dessus et en prit une petite gorgée. J'espérais qu'au moins cela puisse me soulager un peu de mon mal de tête... Même si je ne voyais pas comment.

Je pris place sur la canapé, un peu hésitant. Je ne voulais pas avoir l'air trop impoli en me mettant tout de suite trop à l'aise chez lui... J'observai quelques instants le liquide dans la tasse, avant de relever la tête vers Rain;

- D'ailleurs... Je voulais te remercier aussi de m'avoir laissé dormir ici... C'est vraiment sympa de ta part, parce que si tu avais voulu, tu aurais simplement pu me laisser choir là-bas. Et maintenant que j'y pense, je me souviens qu'hier tu as même songé à appeler ma tante, vraiment... Merci beaucoup, je te rendrai ça un jour.

Je lui souris sincèrement, malgré le mal qui me martelait la tête. Oui, au fond, je lui étais réellement reconnaissant pour cela. Ma tante devait déjà être morte d'inquiétude hier soir... Il faut dire que je suis parti sur un coup de tête. Elle a dû être très soulagée de savoir que j'allais bien. Et puis, elle non plus, je ne voulais pas lui causer de soucis...

Je croisai les jambes en portant un regard autour de moi. J'ajoutai alors, d'un ton plus pensif un peu;

- Au fait, c'est joli chez toi. C'est un style qui te va bien, ahah... Ça doit être bien parfois d'habiter seul, n'empêche. Enfin, je dis ça, mais moi je me vois mal aller vivre seul... Je suis encore trop dépendant de mon chez-moi chez ma tante, ce qui n'est peut-être pas très bien en fait... Faudra bien que je me fasse à l'idée d'être indépendant pour de vrai un jour.

Et me voilà reparti sur mon monologue. Eh bien, ça prouvait sûrement que j'allais déjà un peu mieux. Du moins j'espérais.

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Un, deux, trois, quatre, cinq. Il regarda peu intéressé les cubes de sucre se suicider dans sa tasse de thé, d’un œil d’enfant. Avec l’aide de sa petite cuillère il mélangea le liquide s’assurant que le sucre avant bien fondu. L’odeur de café remplit ses narines. Réveilla quelque chose à l’intérieur de lui, un souvenir quelconque auquel il refusait de songer. Un caféïneux souvenir, un souvenir amer, aussi amer que ce café qu’il refusait de boire. Ses paupières se baissèrent, ses mains attrapèrent la tasse après avoir déposé délicatement la cuillère, provoquant un cliquetis métallique. Il sentait sa chaleur, en vérité, il n’aimait pas le café, il n’aimait pas du tout le café, c’était amer. Atrocement amer, et il n’aimait pas ce qui était amer. Pendant un moment, ses yeux fixèrent le liquide mousseux. Il se décida finalement à poser les lèvres sur la froide extrémité de la tasse. Il goûta le liquide amer, grimaça un peu, au début. Il avait naïvement cru que s’il ajoutait beaucoup de sucre, le goût amer s’en ira, c’était faux. Tout comme tous ses souvenirs amers, qu’il regardait avec tant de nostalgie et avec pincement au cœur. Il sourit, il souriait au passé. Mais même s’il tentait de fixer les bons cotés des choses, ces souvenirs resteraient amers, alors, il avait bon triché. Ajouter du sucre, un, deux, trois, que ça ne changerait rien, mais qu’au contraire, cela rendrait la boisson encore plus horrible. Sans même goûter au liquide il déposa la tasse sur la table de nouveau. Regrettant son acte, il arrivait avec grande facilité à devenir le goût que ça allait avoir. Tous les jours il buvait du café, sans réellement l’aimer. Tous les jours il trichait en ajoutant une cuillère ou deux de plus. Chaque jour il en mettait une de plus que le précédent, chaque jour car il croyait que ça aurait meilleur goût que le précédent, mais ça ne faisait que s’aggraver, le goût était de plus en plus horrible.

Coffee et lui ne vont jamais se réconcilier finalement, ils ne s’aimaient pas. Ou du moins, il n’aimait plus mettre autant de sucre dans chaque tasse. Il l’avait ainsi gâté, comme tous ses souvenirs gâchés. Il regarda la tasse sagement déposée sur la table. D’un air extrêmement sérieux. Il hésita à boire, juste pour faire bonne figure. Il se rendit ensuite compte que Lukha était devant lui, qu’il se demandait surement ce qu’il faisait. Qu’il le trouvait sûrement trop bizarre à cet instant. Il n’osa relever la tête. De peur de voir de l’incompréhension dans le regard bleu. C’était drôle, mais c’était à cet instant qu’il leva le regard. Il souriait à Lukha, il souriait car il était persuadé qu’il le devait pour dissiper sa géne. Il rigola un peu, un rire aussi amer que son café. Son regard descendit, puis se posa sur la tasse de Lukha, auparavant, Nine l’avait déjà utilisé. En vérité, il n’avait pas beaucoup de tasses. Alors il était dans l’obligation de la ressortir, il n’avait pas la force de la jeter. C’était comme s’il jetait et reniait tout ses souvenirs. Ceux qu’il jetterai aujourd’hui dans l’évier. Ses yeux se posèrent dans ceux bleus de Lukha, alors que son sourire amer fendait toujours les lèvres rougies, sa voix rauque coupa le silence en deux ;

-Tu sais j’ai…toujours eu l’habite d’ajouter quelques cuillères supplémentaires. J’ai toujours cru que si j’ajoutais beaucoup de sucre, le goût amer s’en ira.

Il fit tourner la tasse, lentement, comme un enfant s’amusait avec un jouait. Elle n’était plus si brûlante. Mais seulement tiède. Il souffla dessus, sa main vint se perdre dans ses cheveux puis il soupira avec profonde mélancolie. Le morceau de musique s’acheva, puis, un autre commença. Un nouveau, signant un nouveau départ. « Samba de mon coeur qui bat » raisonnait à présent. Puis, dans un souffle il rajouta :

-Mais pourtant, ça n’a jamais marché, je crois que je vais arrêter. Depuis le temps que je fais ça. Ça ne sert à rien, ça sera toujours amer.

Ses mains se posèrent sur la table, afin de soutenir son poids lorsqu’il se leva. Il prit la tasse dans ses mains. Puis se posa devant l’évier, juste à coté du four. Face à Lukha. Il lui sourit un peu, avant de dire la voix basse ;

-Je n’ai pas choisit d'être indépendant à l’âge de mes 16 ans tu sais, j’ai été obligé, je crois que tu devrais être heureux d’avoir une tante qui s’inquiète autant pour toi. J’aurai aimé dépendre de quelqu’un, tellement, ça doit faire un putain de bien de…Savoir que quelqu’un t’attends, chez toi.

Ses paroles s’achevèrent sur une triste note. Sa main renversa le contenu de la tasse dans l’évier, il regarda le liquide couler, brun. Puis, il n’en restait plus que les restes du sucre au fond de la tasse. Il fit couler de l’eau chaude dedans et la laisser reposer au fond de l’évier. Il avait prit la résolution de ne plus boire du café le matin, du moins, pas du café sucré à souhait.

-Je n’ai jamais aimé le café au fond, c’était…Juste une habitude…

Il sourit avant de regagner sa place face à Lukha.

-Il y’a plusieurs chose que je fais par habitude…Sans vraiment les aimer. Juste comme ça.

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Comme c'était frustrant et dénigrant... Comme il était désagréable de se sentir là mais pas à la fois. D'être présent sans vraiment l'être, de n'être que l'élément d'un décor qui ne m'appartenait pas. J'étais pourtant bien là, dans le salon chez Rain. J'étais assis dans son canapé et la tasse de café, qui lui appartenait, me réchauffait les mains. Et je n'avais jamais rien demandé de tout cela, en réalité, et pour ma part ce n'était pas cela qui m'agaçait... Ce qui m'insupportait, dans cette situation, c'était de voir à quel point je m'imprégnais dans la vie d'une autre personne, probablement contre son gré. Je débarquais dans sa routine, dans sa vie, dans ses habitudes, et lui me souriait, sans pourtant sourire pour de vrai. En fait, il ne me souriait pas à moi; c'était une couverture, rien de plus. Sourires aux parfums d'amertume et de tristesse. Sourires qui cachaient quelque chose en lui, quelque chose que je ne pourrai jamais savoir, simplement car je n'étais que Lukha, cette connaissance d'il y a deux semaines. Du moins, c'était ce que je croyais, car Rain ne m'avait jamais rien démontré de tout cela. Il avait toujours été d'une gentillesse sans pareille à mon égard, mes hypothèses n'étaient donc que très peu tangibles. Pourtant, je ne pouvais m'empêcher de penser... Qu'il serait forcément mieux si je n'étais pas là. Je me sentais de trop... Parce qu'il y avait quelque chose, dans le comportement de Rain, que je ne savais pas. Il songeait à des choses que j'ignorais. Un problème le troublait et je ne le connaissais pas; je ne pouvais donc rien faire. Rien faire et rester dans l'ignorance dans laquelle j'étais si habitué de baigner. Voilà ce qui me donnait l'impression de ne pas avoir ma place ici; je m'en rendais compte, maintenant, que je ne connaissais rien de Rain. Rien de sa vie, rien de ce qui lui faisait mal ou lui faisait plaisir. Quand bien même j'aurais pu me vanter d'être son ''ami'', ce n'était peut-être pas le cas... Peut-être un jour, mais pour l'instant, je me sentais complètement perdu. Je ne savais pas quoi penser. Mais je voulais l'aider, parce que quelque chose chez lui n'allait pas en cet instant et j'en étais persuadé. Mais quel genre d'impoli ferais-je en lui demandant de me parler de ses petits soucis? C'était idiot! Je retins un soupir. Moi, je le considérais comme un ami. Ça j'en étais certain. Seulement, j'aurais aimé que ce soit le cas pour lui aussi... Je me rappelai alors de tout ce qui s'était passé deux semaines plus tôt. Dans la maison hantée, dans la grande roue... Tous ces bons souvenirs... Ces choses qu'il m'avait dit, et celles que je lui avais répondu. Bien sûr qu'on était amis, en fait. À quoi m'attendais-je, de toute façon? Devenir son meilleur ami alors que ce n'était que notre deuxième rencontre? Il était normal qu'il y ait encore des choses inconnues entre nous deux. Oui, ça me frappait maintenant; on ne s'était vu que deux fois!

Je pris une inspiration, me sentant soulagé. Soulagé de quoi, je ne savais pas exactement, mais qu'est-ce que ça faisait du bien. Je relevai la tête, et Rain fit de même à ce moment. Ses yeux croisèrent les miens, et un amer sourire était dessiné sur ses lèvres. Sourire parfumé à l'amertume...

- Tu sais j’ai…toujours eu l’habite d’ajouter quelques cuillères supplémentaires. J’ai toujours cru que si j’ajoutais beaucoup de sucre, le goût amer s’en ira.

Je lui lançai un regard intrigué. Comme si je n'avais pas compris le sens de sa phrase, pourtant très simple. Elle était trop simple d'ailleurs. Et tout comme ses sourires, cet enchaînement de mots cachait quelque chose. Encore une fois, je ne savais pas ce dont il s'agissait... Mais s'il lançait le sujet, l'approfondirait-il? Patiemment, je le regardai, attendant une suite.

Une nouvelle musique retenti alors, une chanson française. Douce, agréable à entendre... Je ne croyais pas que Rain puisse écouter de telles chansons, mais j'étais agréablement surpris.

- Mais pourtant, ça n’a jamais marché, je crois que je vais arrêter. Depuis le temps que je fais ça. Ça ne sert à rien, ça sera toujours amer.

Évidemment, ça allait de soi. Mais quel était ce soudain raisonnement? Rain me semblait étrange, comme s'il n'était pas celui que j'avais vu jusqu'à présent. Comme si le masque de pierre qui recouvrait son visage se décomposait lentement, pièce par pièce...

Je le suivis du regard alors qu'il se leva pour se rendre jusqu'à l'évier, où il s'arrêta pour me regarder, en souriant légèrement. Et pourtant, je n'osai pas répondre à ce sourire, de peur de mal l'interpréter...

- Je n’ai pas choisit d'être indépendant à l’âge de mes 16 ans tu sais, j’ai été obligé, je crois que tu devrais être heureux d’avoir une tante qui s’inquiète autant pour toi. J’aurai aimé dépendre de quelqu’un, tellement, ça doit faire un putain de bien de…Savoir que quelqu’un t’attends, chez toi.

Je baissai la tête. Seize ans, c'était jeune... Trop jeune pour une personne normale. Personne ne quittait la maison à cet âge sans une très bonne raison... Pourquoi avais-je mentionné cela? Je n'avais fais qu'amplifier mon image de gosse de riche trop gâté qu avait tout pour lui... Et pourtant, ce n'était pas le cas. Non, ce ne l'était pas. Du moins en partie. Quand j'étais jeune, j'enviais tellement tous ces enfants qui avaient une mère aimante... une mère qui m'attendrait, à mon retour de l'école, qui me demanderait comment s'était passé ma journée, si je m'étais fais de nouveaux amis. Mais non, car le petit Lukha avait une mère qui semblait oublier ses progénitures par moments.

Je me mordis la lèvre inférieure à ce souvenir et levai les yeux lorsque Rain déversa le contenu de sa tasse dans l'évier. Il vint finalement reprendre sa place face à moi, en disant qu'il n'aimait pas le café et qu'il en buvait par simple habitude.

J'hésitai, envie de dire vaguement, sans entrer dans les détails et peut-être pour le mettre en confiance d'une certaine manière;

- Je sais... Je sais ce que ça fait, de ne pas se sentir attendu, même chez-soi. Ça fait mal, surtout lorsqu'on est jeune...

Et à ce sujet, je n'ajoutai rien. Pour ne pas avoir l'air de me plaindre et aussi car je désirais penser à autre chose, en fait. Je devais déjà avoir un sourire douloureux au visage, un sourire qui à mon tour n'en était pas vraiment un.

Je déposai la tasse sur la table, en continuant de l'observer toutefois. Comme si elle était fascinante, comme si elle avait les réponses à mes maintes questions.

- Je crois que... Développer des routines comme celle-ci n'est pas bon. Même si elles ne sont rien, à première vue, elles finissent toujours par nous rattraper. Et avant même qu'on ne s'en rende compte... On se retrouve déjà emprisonné dans un cercle vicieux, et par expérience je sais qu'il est difficile de s'en défaire, dis-je en osant finalement un regard vers Rain, en reprenant la tasse dans mes mains.

J'eus un léger rire, comme si je me moquais de moi-même, ou des faits eux-mêmes.

- Et le plus chiant dans tout ça, c'est qu'il n'y a que nous qui pouvons y mettre fin, mais on est tous trop lâches pour ça.

Je repris une gorgée de mon café, beaucoup moins chaud qu'il ne l'était tout à l'heure. Je la déposai une seconde fois et passai une main dans mes cheveux. J'avais envie de parler, de briser ce silence meublé par la chanson qui jouait en fond. Mais que dire? Que dire, alors qu'il n'y avait pas grand chose à ajouter? Et surtout... Que pouvais-je dire, sans avoir le risque de créer un malaise? Se trouvait là le réel problème. Une question me brûlait les lèvres, et elle perdurait depuis deux semaines. Deux semaines à sommeiller au fond de mon esprit pour resurgir, maintenant que le principal concerné se tenait devant moi.

Je tournai la tête à gauche, puis à droite, comme cherchant un point de repère. Je pris finalement une inspiration, avant de me lancer;

- Dis, Rain... J'aimerais te demander quelque chose, mais je ne veux pas que tu te sentes obligé de répondre, surtout si tu n'en as pas envie, ce que je comprendrais parfaitement.

Je marquai une pause, et me décidai finalement à le regarder. C'était mieux ainsi.

- Ça peut sembler idiot, mais depuis notre rencontre à la plage, et jusqu'à maintenant... J'ai l'impression que tu, hum... Enfin, que tu ne souris pas pour de vrai. Enfin, je dis ça je dis rien, je peux pas savoir car je suis pas devin, alors je me trompe sûrement. Mais j'ai tout de même... cette impression.

Merde, je me sentais con. Mon regard dévia vers le sol, en joignant nerveusement mes deux mains ensemble. Si j'avais peur de m'être un peu trop incrusté dans sa vie, maintenant je m'étais mis les deux pieds dans les plats et je ne pouvais même pas faire marche arrière.

- C'est vraiment indiscret, désolé... J'aurais pas dû demander.

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J’eu le reflexe de jouer avec une mèche nonchalante de mes cheveux. Comme pour noyer tout ses sentiments à l’intérieur, les étouffer en me concentrant sur autre chose, autre chose que lui. J’avais agis étrangement, normal, tout cela m’avait affecté. Me lever était une corvée chaque jour. Dormir l’était autant plus. Je devais rêver, mais depuis que ça c’était passé, je ne faisais presque que des cauchemars en réalité, soit je cauchemardais, soit je ne rêvais pas, et je préférais de loin ces longues nuits sans rêve m’offrant un peu de repos dans cette vie. Regrettant mon air déprimé je fixais le sol, ce petit geste si révélateur, ce geste, celui que j’avais fait la dernière fois devant ma mère étant jeune, après avoir manger un peu trop vite. Maintenant que j’y repensais, cela me faisait sourire. Ma mère était très strict et à cheval sur ces choses là. Elle aimait beaucoup l’ordre, contrairement à mon moi petit. Bon, en grandissant j’avais compris qu’être une mère était très difficile, s’occuper de soit était déjà très difficile alors qu’en est il de s’occuper de trois enfants et d’un mari ? Cela doit être vraiment impossible. Etre une femme est surement difficile à vivre. Et pour un instant je remerciai dieu de la paire de couilles qu’il m’avait offerte. Mon regard se posa par la suite sur le bleuté. C’était étrange, il était assez mignon le matin. Ses cheveux étaient un peu en bataille lui donnant un air décontracté, ses joues rosies et son regard désolé. Je l’avais sûrement déprimé. Il est vrai qu’il m’arrive d’avoir des moments de tristesse, mais en réalité je ne suis pas quelqu’un ayant tendance à la dépression. Disant que je suis du genre...à beaucoup encaisser. En réalité je n’arrive pas à déprimer pendant longtemps mais ce n’est pas pour autant que je sautille de joie. Disant que je suis neutre. Entre aller mal et aller bien, sauf que quand je suis seul, je suis souvent la proie de la nostalgie qui ne cesse de lier les fils de sa douleur autour de mon cou, m’étouffant à chaque fois un peu plus. Peu à peu les souvenirs de la veille revenaient. C’était drôle car hier, Lukha m’avait semblé presque attirant. Je frémis à cette pensée. Lukha était un garçon, bon, d’accord, je n’avais rien contre ça au contraire, je préférais les garçons ! Lukha était visiblement passif, Lukha était sûrement puceau, et pire, Lukha était mon ami. Enfin je n’en savais rien, je n’avais jamais eu de réel ami, enfin si mais pas en ce moment. Je ne savais donc pas si je pouvais le définir comme tel. Mais Lukha était en quelque sorte…Un enfant ? Bien qu’il avait 18 ans, je le trouvais très enfantin, pas dans sa façon de parlée mais plus dans sa façon d’agir et d’étre. Sa façon de rougir, sa façon de mordiller sa lèvre quand il était nerveux, de remettre ses cheveux en place et de sourire. C’était assez craquant en soi. Mais, pas pour moi. Bon, si on comparait Nine à Lukha, ça n’avait rien à avoir. Ils étaient très différents pour que je puisse les comparé. Nine était un grand brun –parfois blond- à la peau légèrement bronzée. D’une imposante carrure, ayant une présence proéminente. Grand, encore plus que moi, vieux –dans les 26 ans disant-. D’un autre coté lui Lukha était petit et fréle, très mignon certes. Beau je dirais aussi, enfin, il était plus mignon que beau. Peut étre que s’il tenterait de paraître plus viril que ça le ferait. En usant de quelques clichés masculins, comme s’asseoir en écartant les jambes ou cracher par terre, ça devait être réellement drôle tiens ! Je ne pus retenir un sourire à cette pensée. Puis j’en vins à la conclusion que Lukha n’étais certainement pas mon genre de garçons, d’ailleurs, Nine ne l’étais pas vraiment. J’aimais les filles à la base, avant tout. Les jolies métisses aux formes généreuses. Nine était en soit le premier homme que j’ai trouvé séduisant.

Lukha était charmant, il était très gentil aussi. Il devait avoir un petit ami, il était très mignon. C’est drôle comme l’espace d’une seule et unique nuit j’avais un peu changé d’opinion sur lui. Peut être qu’il n’était pas si petit et innocent qu’il ne le laissait croire… Il me parla ensuite de routines, celles qui étaient dangereuses, alors qu’elles n’étaient rien à premier vu d’œil. C’était vrai, chaque matin j’avais pris l’habitude de me lever, fermer les yeux une ou deux minutes supplémentaires croyant que tout cela n’était qu’un rêve, souhaitant de tout mon cœur que cela ne soit qu’un cauchemar duquel que je me réveillerai. Qu’une fois j’ouvrirai les yeux, il serra là, toujours là, comme il me l’avait promis. J’avais aussi pris l’habitude de cuisiner pour deux, faire comme s’il était toujours olà me rassurait. Pas que j’étais encore raide dingue de lui, bon, d’accotrd je l’étais toujours un peu trop, mais c’était plus car j’avais besoin de compagnie, je ne supportais pas me sentir seul. Donc le fait que Lukha soit là me rassurait, même si cela signifiait s’introduire dans ma sphère privée.

- Et le plus chiant dans tout ça, c'est qu'il n'y a que nous qui pouvons y mettre fin, mais on est tous trop lâches pour ça.

Il me surprit par sa sagesse, mon regard se posa sur lui de nouveau. Et un silence bien trop assourdissant prit place. Je regardai la table, comme si pour un moment elle était devenue fort intéressante, comme par magie. Je soupirais puis répliqua ;

-Je n’y arrive pas, j’ai besoin de renouveler les habitudes.

C’était vrai, je n’y arrivais pas, c’était plus fort que moi. J’avais trop peur, de me retrouver vide, comme au point du départ. De perdre tout ce que j’avais cru gagner pendant des années ratées. Je soupirai, puis, Lukha me jeta un regard curieux tout d’abord hésitant ;

- Dis, Rain... J'aimerais te demander quelque chose, mais je ne veux pas que tu te sentes obligé de répondre, surtout si tu n'en as pas envie, ce que je comprendrais parfaitement.

Je fis oui de la tête. Pendant cet instant, la chanson prit fin, et une autre commença. Celle qu’il avait redouté, « Under the Rain » était une chanson de l’ex groupe de Nine, autrement dit, son groupe préféré à Rain. Il soupira, et ne su s’il devait arrêter la musique. Mais il laissa, de toute façon tout autour de lui lui rappelait Nine, alors à quoi bon, ce n’était qu’une chanson. Sa chanson préférée.

- Ça peut sembler idiot, mais depuis notre rencontre à la plage, et jusqu'à maintenant... J'ai l'impression que tu, hum... Enfin, que tu ne souris pas pour de vrai. Enfin, je dis ça je dis rien, je peux pas savoir car je suis pas devin, alors je me trompe sûrement. Mais j'ai tout de même... cette impression.

J’haussai un sourcil face à sa question totalement inattendue, d’un autre coté ça m’attendrissait. Le fait qu’il s’en préoccupait. Le fait qu’il s’en était rendu compte. Je déposai le revers de ma main sur ma bouche par reflexe, réfléchissant à sa question. C’était vrai que la plus part du temps je m’efforçais de sourire, pourquoi donc ?

- C'est vraiment indiscret, désolé... J'aurais pas dû demander.

J’haussai les épaules, après tout, ça ne me dérangeais pas tant que ça qu’il me pose des questions, ça signifiais qu’il se faisait des soucis et ça me fit plaisir.

-Nah, ça ira, j’sais pas trop quoi te répondre. Peu de gens savent différencier un vrai sourire d’un faux -surtout quand il s'agit de moi- , c’est bien. Tu m’impressionne.

Je lui souris par la suite, un sourire attendrit certes, avant de continuer après avoir marqué une courte pause, quoique un peu hésitant :

-en vérité j’en sais trop pas , je ne m’attendais pas du tout à une telle question pour être franc ! Disant que c’est dans ma nature d’être souriant, je trouve ça insolant de regarder les gens durement, enfin j’aime bien les personnes souriantes, elles ont l’air gentilles. Ça me met à l’aise , c’est dans mon caractère de sourire, même quand ça fait mal. Mais bon, ça fait rarement mal ici, à l’intérieur de moi ! T’as pas à t’en faire.

Odieux mensonges.

-et puis, mes sourires étaient vrais, au parc d’attraction, j’étais vraiment heureux. Maintenant aussi je suis heureux, tu entends, cette chanson là est celle que je préférais, elle me faisait sourire.

Il était vrai, que j’étais spécialement heureux lors de cette journée là. Je ne mentais pas enfin, mais je ne voulais pas qu’il se sente coupable, du fait que j’ai l’air un peu ennuyé ou agacé, c’était juste que me rappeler Rain, me troublait énormément, je lui ébouriffai les cheveux puis ajoutais ;

-Tu n’as pas à t’en faire, je suis juste troublé, j’ai fait un mauvais rêve.

La vérité c’est que je n’avais pas rêvé ce soir là, que j’avais juste cru voir Nine à mon réveil.

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Depuis quand me souciais-je tant des gens? Depuis quand m'étais-je mis à avoir peur pour les autres, vouloir connaître leur souffrance? Je ne le savais plus, mais ce n'avait pas toujours été ainsi. Lorsque j'étais plus jeune, j'étais un peu égoïste. Comme presque tous les enfants, certes, mais j'aurais très bien pu rester ainsi. Après tout, j'avais les bons gènes pour, en comptant ceux de ma mère. Mais je n'étais pas comme elle, je le savais. Peut-être mon soucis pour le bien-être des autres n'était que pour me protéger? Mais de quoi? De moi-même, peut-être. Peut-être croyais-je être immunisé de mes problèmes propres en me consacrant à ceux des gens. Et pourtant, je ne pouvais réellement rien n'y faire. C'était dans ma nature maintenant. J'aurais tout donné pour peindre un sourire sur le visage de certaines personnes. N'était-ce pas normal? Maintenant que j'y songeais, ce devait très certainement l'être. Se préoccuper des gens qui nous sont chers est quelque chose qui, à mon avis, est tout-à-fait naturel. Mais ça faisait mal parfois. Parce que certaines fois, il n'y avait rien à faire. Rien qui soit à notre portée, en tout cas. Et c'est dans cette situation que j'avais l'impression d'être coincé pour le moment. Vouloir aider Rain -de quoi, je n'en savais rien- sans pour autant avoir une chance de l'aider maintenant. Parce que je le savais, oui, que quelque chose n'allait pas, ses yeux le criait. Peut-être était-ce ma manie de dévisager les gens qui avait provoquer ce désir de les aider; j'aimais beaucoup observer les yeux des personnes que je croisais. Ceux de Rain étaient magnifiques, mais si traîtres de ses émotions. J'aurais bien aimé le lui dire, mais il m'aurait certainement trouvé étrange. De toute façon, ce n'était pas un pouvoir que je possédais ou quelque chose de ce type. Seulement une habitude qui m'était restée depuis quelques années, et un sens de l'observation aiguisé avec le temps - du moins, je crois. Mais quand bien même j'aurais réellement voulu me taire, ne rien dire, faire comme si je n'avais rien vu, ma curiosité avait prit le dessus. Dans la plus grande des indiscrétions, je lui avais fais la remarque de ses sourires qu'il savait faire à merveille mais qui pour la plupart semblaient forcés. Je ne voulais pas dire qu'il semblait toujours triste, mélancolique; après tout, au parc d'attraction, il me semblait que nous nous étions tous les deux beaucoup amusés. Et si j'avais pu le faire sourire sincèrement, alors je ne pouvais qu'être bien heureux. C'était tout de même un soulagement que de savoir qu'on pouvait être la cause d'un sourire chez une autre personne. On avait l'impression que nos efforts n'avaient pas été vains, qu'ils avaient été récompensés et ce de l'une des meilleures façons qui soit. Ah, qui aurait pu croire que le Lukha, redouté petit capricieux puisse se contenter d'un retroussement de lèvres pour être soulagé.

Je levai mes yeux inquiets vers Rain qui semblait surpris par ma question, mais qui haussa les épaules de manière nonchalante.

-Nah, ça ira, j’sais pas trop quoi te répondre. Peu de gens savent différencier un vrai sourire d’un faux -surtout quand il s'agit de moi- , c’est bien. Tu m’impressionne.

Il me sourit alors, et je fis de même. D'un côté, j'étais un peu fier de moi de l'avoir pris à dépourvu ainsi, avec une telle question. Bien qu'indiscrète, heureusement, elle ne semblait pas lui déranger réellement. Maintenant, je me demandais réellement ce qu'il me répondrait; surtout que j'avais visiblement vu juste. Quel problème le troublait-il de la sorte? Qu'est-ce qui pouvait bien ternir son sourire ainsi?
Patiemment, j'attendis que Rain poursuivre. J'étais pendu à ses lèvres, prêt à écouter tout ce qu'il allait dire. Sa voix s'éleva finalement, un peu hésitante au début;

- en vérité j’en sais trop pas , je ne m’attendais pas du tout à une telle question pour être franc ! Disant que c’est dans ma nature d’être souriant, je trouve ça insolant de regarder les gens durement, enfin j’aime bien les personnes souriantes, elles ont l’air gentilles. Ça me met à l’aise , c’est dans mon caractère de sourire, même quand ça fait mal. Mais bon, ça fait rarement mal ici, à l’intérieur de moi ! T’as pas à t’en faire.

J'hochai doucement la tête, en serrant mes deux mains ensemble contre mes cuisses. La moindre des choses que je puisse faire était de le croire. Croire qu'il souffrait rarement. Je n'arrivais néanmoins pas à me défaire de cette lueur inquiète dans mes yeux. Je n'étais pas sa mère, tout de même, pourquoi m'inquiéter autant? On aurait pu me croire pour une mère poule!
Je pris distraitement la tasse de café entre mes mains et bu ce qu'il en restait. Le liquide était déjà tiède, peu agréable à boire ainsi.

Puis, comme s'il avait vu mon inquiétude, il poursuivit;

- et puis, mes sourires étaient vrais, au parc d’attraction, j’étais vraiment heureux. Maintenant aussi je suis heureux, tu entends, cette chanson là est celle que je préférais, elle me faisait sourire.

Il m'ébouriffa ensuite les cheveux et je souris timidement. Cette chanson était donc celle qu'il préférait? Elle m'évoquait quelque chose... L'avais-je déjà entendue auparavant?
Rain... Rain... Under the Rain! Oui, j'étais certain qu'il s'agissait de cela. Voilà qui allait bien avec son surnom, «Rain». Je me demandais si ça avait un quelconque lien, d'ailleurs...

- Tu n’as pas à t’en faire, je suis juste troublé, j’ai fait un mauvais rêve.

Un mauvais rêve...? Je me grattai alors la joue, songeur. Et subitement, je me souvins de ce qui s'était déroulé tout à l'heure. Dans le lit. Rain qui avait levé la main vers moi, Rain qui l'avait approchée de ma joue, et Rain qui l'avait caressée... En prononçant «Nine».

Je me redressai sur le canapé, reprenant une meilleure posture. Nine, qui était Nine? En voilà, une autre question. Je me mordis la lèvre inférieure, cherchant une méthode pour aborder le sujet. Je décidai d'y aller en douceur.

- Je suis vraiment content de savoir que tu t'es réellement amusé, au parc d'attraction. J'avais eu un peu peur, mais là je suis soulagé.

Je lui souris, avec un peu plus d'assurance. Je ne voulais pas avoir l'air trop hésitant, comme je l'avais un peu trop prouvé jusqu'à maintenant. Un peu plus soucieux, cependant, je repris la parole;

- Au fait, je veux que tu fasses attention. Si tu continues de toujours sourire comme ça, même quand ça va mal, ça finira probablement par te retomber dessus... Tu sais, quand on est fâché, ça fait quand même du bien de le montrer aux autres, une fois de temps en temps. Bien mieux que de toujours encaisser, finis-je en riant un peu.

Je m'arrêtai là car je n'avais pas envie d'avoir l'air du garçon ''je-sais-tout-sur-la-vie'' à donner des conseils pourris. Je ne voulais pas non plus sembler trop sérieux, car ce ne serait que pire ensuite. Je ne voulais pas rendre l'atmosphère lourde, même si ce serait probablement ce qui se déroulerait ensuite.

Je toussotai, cherchant à nouveau mes mots. J'avais assez tourné autour du pot à mon avis, je devais le lui demander. Parce que j'étais curieux, parce que je voulais savoir qui était Nine, et ce qui préoccupait réellement Rain - si tel était le cas.

- Hum... Il y a une autre chose que j'aimerais te demander, désolé d'être si... chiant. Mais c'est la dernière, je te promet.

Je fis un sourire désolé mais surtout malaisé. Ce qui m'effrayait, dans l'appréhension de poser cette question, c'était de faire du mal à Rain. Je ne savais pas qui était ''Nine''. Et je redoutais ce qu'il répondrait par la suite.

- En fait, je me demandais... Qui est ''Nine''? Parce que tout à l'heure, en te réveillant... Tu as prononcé cela. Ça m'a intrigué, surtout que tu as... un peu caressé ma joue, tu vois.

Je baissai la tête une fois de plus. Gêné, embarrassé, mais surtout intrigué.

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Son regard se posa sur la table de nouveau, comme si et pour une nouvelle fois elle renfermait toutes réponses et solutions à toute ses questions et problèmes. Il ne sut quoi dire, mais il le savait, qu’ils étaient là, il le savait qu’il avait tout foutu en l’air, qu’il n’avait pas assuré, qu’il allait encore une fois perdre quelqu’un qui aurait pu être son ami. Parce qu’il croyait qu’il était devenu fou, obsédé, mais au fond, il l’était. Mais l’amour, n’était pas censé nous mettre dans un tel état, l’amour, on racontait que c’était un doux sentiment, o racontait que ça projetais des nuances pastels partout, que ça colorait la vie en rose, mais alors pourquoi, pourquoi n’était ce pas ainsi ? Pourquoi est ce que tout était si compliqué Pourquoi est ce qu’il n’arrivait plus à sourire ? Pourquoi avait-il perdu son ancien lui…Il ne se connaissait plus, pendant des années il s’était gâté, en croyant que c’était lui. Il cédait à ses envies, à ses envies à lui, il l’écoutait, il faisait tout pour qu’il soit heureux, et il l’était, en apparence. Il faisait tout pour le satisfaire quitte à incendier son lui intérieur. L’incendié sur les feux de l’amour. Et il ne savait pas, il ne savait pas qu’il n’était plus lui méme, que ce n’était pas lui, qu’il était devenu quelqu’un d’autre. L’amour l’avait rendu autre, et cette situation l’avait rendu heureux, heureux car il dépendait de quelqu’un, heureux car on le désirait, heureux car c’était lui et lui. Heureux car il avait cru à ce « eux » illusoire. Mais, ça n’était jamais arrivé, et il s’était juste..Crée toute cette histoire dans sa tête, Nine n’avait jamais été. Nine n’a jamais été réel. Jamais..Jamais. C’était..tout des fantasmes, ce n’était pas réalité, c’était mensonge et son cerveau maudit y avait cru, il y avait cru chaque seconde. Qu’il était vraiment ici, qu’ils s’étaient vraiment pris la main, qu’ils avaient tout deux existé autre fois. Mais c’était faux. Tout était faux et il s’était trompé sur toute la ligne. Il était temps de changer, disaient-ils. Il était temps d’aller mieux, mais il n’irait pas mieux, il n’irait pas mieux car il n’avait pas réussi à en finir, il n’avait pas réussi à les tuer tous, il avait été lâche, il a toujours été lâche. Ça l’arrangeait que tout se passe ainsi, car c’était facile, car il avait peur de le perdre, perdre ce bonheur en carton. Il avait bu de la malchance, et ils le poursuivaient, plus ils étaient présents, plus ils étaient là, plus il allait mal. Il les voyait parfois, il les voyait souvent, ils étaient parfois cachés sous la table, ou tout simplement au coin de la chambre, d’autres sous son lit. Ils étaient rarement ici, quand Lukha était là, mais aujourd’hui, il allait se passer quelque chose de mauvais, de très mauvais car il le ressentait, alors, il eut peur d’un coup, il avait très mauvais pressentiment. Il ne savait pas quoi faire, il n’avait jamais su quoi faire quand il le fallait, il n’avait jamais de raison, quand il devait en avoir. Jamais il n’avait été utile. Il avait juste été..Il avait juste été lui, cet être n’ayant guère but dans sa vie, et c’était son manque ayant fait accroître cette réflexion. Il avait cru à Nine, il avait cru à eux deux, comme il avait cru au père Noel. Il avait cru qu’ils s’aiment, il avait cru à leur amour. Mais…C’était faux, tout était faux, ils n’étaient plus là. Il n’y avait plus que ces voix dans sa téte, il n’y avait plus que ces images qu’il voyait, il n’y avait plus que cette brûlure sur la peau et les lèvres, il n’y avait plus que ces odeurs et hallucinations. Ils étaient là, LUI était là, il était dans chaque coin, sur chaque visage, dans chaque regard. Et ça faisait foutrement mal, là bas, dans son cœur.

Lukha était là, une nouvelle fois il était là, et ça l’effrayait, qu’il soit là. Ça l’effrayait de le voir, ça l’effrayait de sentir sa présence parmi tant de perta. Les voyaient ils ? est ce que lui aussi les voyait ? est ce qu’il pouvait lire dans sa tête ? Est ce qu’il savait que toute cette histoire le rendait fou à un point ? Souvent, il souriait, puis il parlait, et Rain aussi, Rain faisait pareil, parce qu’il devait le faire. Car c’était comme avec Nine, car tout deux avaient des prénoms qui commençaient par « Lu » car tout les deux devaient être blonds, car ils étaient pareils, mais différents. Lukha disait qu’il fallait montrer sa haine, mais était ce une bonne solution ? Fallait il qu’il le fasse ? « Non, je n’y crois pas ! »

Quelque chose de mal allait arrivait, car il les voyaient sourire au loin. Son regard vide et surpris se planta dans celui de Luka, comme le suppliant, qu’il s’arrete..Stop ! C’était mauvais. Mais c’était tard, c’était trop tard, il avait toujours été un retardataire, à l’école, et aujourd’hui encore.

- Hum... Il y a une autre chose que j'aimerais te demander, désolé d'être si... chiant. Mais c'est la dernière, je te promet. En fait, je me demandais... Qui est ''Nine''? Parce que tout à l'heure, en te réveillant... Tu as prononcé cela. Ça m'a intrigué, surtout que tu as... un peu caressé ma joue, tu vois.

Ses pupilles se dilatèrent, son cœur ne fit qu’un « boum » à l’entente du surnom de Nine sur ses lèvres. Ses jambes tremblèrent, son souffle devint saccadé, et il regarda Lukha, comme s’il le voyait pour la première fois. Comment avait il su, pour Nine ? Comment ? Il ne le savait pas, il baissa la téte. Il attrapa une cigarette, et il l’alluma, il pensa à quoi dire. Il avait cru que c’était Nine, à coté de lui, ce matin, il avait halluciné, il avait toujours halluciné, il avait toujours été malade, toujours, depuis son départ, car sa connaissance, avait été sa naissance. Il souffla la fumée, puis, un rire raisonna, roque, vulnérable ;

-Nine tu dis ?...J’ai...Vraiment fait « ça » ? Je suis obsédé à ce point ? je…

Sa voix se brisa, les mots ne vinrent pas, la cigarette tomba, la fumée voltigea. C’était finit, tout était finit, échec et mat, plus rien. Il baissa la tête, pour ne pas montrer la larme qui coula sur sa joue, il toussa, une fois, deux fois, il se mordit la lèvre, il parla ;

-Il est tout. Il était tout…Il était..Si magnifique…tellement, tellement qu’il avait tout gâché.

Sa main aggripa le tissu de son jogging qu’il serra dans son poing. La musique cessa, le silence était meublé par son souffle saccadé, et si prononcé son nom le rendait dans un tel état ? Qu’est ce qui clochait chez lui ? Était il devenu fou d’amour ? Il avait trop aimé, il avait trop aimé pour que ce soit facile.

-Serein, lucide, rusé…Nine est…Nine..Il était Nine…

Il se massa les tempes après avoir relevé son visage, pupilles fermées. Il tenta de se calmer. Puis il ouvra les yeux, mais il ne regardait point Lukha. Il ne regardait rien ;

-On était trop heureux hein, on était trop heureux mais…ça c’était mal passé. On était trop heureux pour que ça soit pour de bon, putain, il avait tout foiré, il avait tout gâché, bordel !

Puis, ils apparurent, ils apparurent sous la table, et il se leva, effrayé, il regarda Lukha, puis, la porte, puis Lukha. Il était effrayé, jamais il n’avait été ainsi. Il fallait, arrêter. La voix basse il prononça ;

-Ils sont là bas Lukha, je le savais qu’ils m’avaient maudits, les perta sont là bas, ils m’ont toujours poursuivit. Tu dois y aller maintenant.

Sa tête , se baissa, et puis, ses cheveux vinrent cacher ses yeux, le ton suppliant, il acheva ;

-Vas t’en…S’il te plais…

Encore une fois, il avait été un putain de con.

Messages : 272 Date d'inscription : 14/04/2012 Localisation : Quelque part

Les mots, mais qu'est-ce qu'ils pouvaient faire mal, les mots. C'était surtout parce qu'ils étaient vrais, qu'ils ne laissaient place à aucune pitié et étaient tout ce qu'il y avait de plus direct. Un mot pouvait briser un cœur alors qu'un autre pouvait en reconstruire. Mais j'avais remarqué que beaucoup d'entre pouvaient être destructeurs. On m'en avait dit, des mots à moi, au cours de ma vie. J'en avais entendu de toutes les sortes et en avait vu de toutes les couleurs. En allemand, en français, en anglais... On ne m'avait jamais battu de manière physique et pourtant j'avais l'impression que les mot avaient un plus gros impact qu'un coup de poing en pleine figure ne pouvait en avoir. La cicatrice était tellement plus grosse, toujours présente et j'avais totalement refermée. Elle était toujours à guet, prête à resurgir à n'importe quel moment de faiblesse. Toujours là pour nous rappeler la douleur d'antan, pour nous rappeler que nous ne sommes pas aimé de tout le monde... Et qu'est-ce que ça faisait mal. C'était vachement douloureux. Et le pire, c'était la crainte qu'un de nos êtres proches ne nous trahissent et articulent ces mots, ces phrases douloureuses. Qu'ils viennent nous poignarder à notre insu... Il y avait des gens qu'on ne désirait jamais voir nous dire de telles choses. Mais si, au contraire, j'étais celui qui disait ces mots? Ces mots de torture, sans m'en rendre compte? Présentement, j'avais peur de reconnaître que c'était peut-être le cas. J'aurais dû le savoir, pourtant, j'aurais dû! J'aurais dû voir ce regard d'affiché sur le visage à Rain, ce sourire suppliant de m'arrêter, de laisser le silence et régner et laisser tomber toutes traces de paroles inutiles. Mais je ne l'avais pas vu, et l'irréparable avait été commit. Je m'en étais aperçu que trop tard, beaucoup trop tard. Je me sentais si mal que je me demandais si ce n'était pas pire d'être celui qui lançait les mots plutôt qu'être celui qui les recevait. Était-ce comparable, de toute façon? Je ne le savais pas, je ne le savais plus. Y avait-il au moins une chose dont je puisse être certain maintenant, ici? Non. Tout était vague, tout était flou. Tout était hors de la portée de ma main ici. Mon mal-être ne pouvait que s'accroître, au même rythme que mes regrets et ma peur. Cette peur me rappelait celle d'autrefois, lorsque j'avais peur de me faire gronder. L'anticipation, appréhension, l'insécurité...

Je n'osai même plus regarder Rain. Même regarder ses meubles me semblait impossible. Tout ici était lui.

Et puis, sans m'en rendre compte, mes yeux croisèrent les siens. Douleur. Elle était là, dans ses yeux. Elle était perçante, lacérée, souffrante... Alors que je baissai lamentablement la tête, je cru apercevoir Rain s'allumer une cigarette. Elle embauma la pièce de sa forte odeur qui m'était peu agréable, surtout pour ma pauvre tête qui souffrait de l'alcool d'hier. Je ne savais plus quoi penser à ce sujet d'ailleurs. hier soir, j'avais été... si content, de le voir. Si soulagé, comme s'il éloignait tous les problèmes possible par sa seule présence, et pourtant... De quelques paroles trop indiscrètes, de questions inutiles, j'avais réussi à ramener tous les petits problèmes liés à la situation. J'avais mis du mal là où il n'aurait dû avoir que du bien. J'avais ternis les belles couleurs de Rain, j'avais... j'avais...

- Nine tu dis ?...J’ai...Vraiment fait « ça » ? Je suis obsédé à ce point ? je…

La cigarette s'écrasa sur le sol, pitoyablement. Alors que mon cœur se débattait dans ma poitrine, que la peur me rongeait, Rain baisse la tête. Trop lentement. Je l'avais vu, sur sa joue... Qui coulait délicatement... Cette larme. À mon tour, j'avais mal. Je me sentais comme un monstre. J'avais l'impression d'être la pire des monstruosités qui soit. Parce que j'avais fais pleurer quelqu'un, une personne qui aurait pu être l'un des meilleurs amis que je puisse avoir, et que par ma faute tout cela était probablement déjà détruit. Je me mordis la lèvre inférieure, en attendant une suite qui ne viendrait peut-être jamais.

Mais elle vint.

- Il est tout. Il était tout…Il était..Si magnifique…tellement, tellement qu’il avait tout gâché.

La musique en fond bourdonna quelques instants de plus et disparu. ''Nine'' était donc un garçon. Rain avait, et aimait probablement encore un autre garçon. Ça me parut logique, en un sens. Il avait donc répondu à ma question... Mais à quel prix? Si j'avais su que les choses tourneraient ainsi, je ne me serais même pas tenté à poser la question. Je m'en fichais maintenant. Parce que Rain pleurait, Rain avait mal. Et tel fut le cas pour moi aussi, qui sentait son cœur dans un étau.

- Serein, lucide, rusé…Nine est…Nine..Il était Nine…On était trop heureux hein, on était trop heureux mais…ça c’était mal passé. On était trop heureux pour que ça soit pour de bon, putain, il avait tout foiré, il avait tout gâché, bordel !

Sans savoir pourquoi, à cet instant, je me mis à détester Nine. Quel bel idiot j'étais. Je le détestais sûrement parce qu'il semblait avoir blessé Rain, mais alors ne devrais-je pas me détester aussi? N'étais-je donc pas... aussi bas que ce prétendu serein, lucide et rusé Nine? Qu'avait-il fait, en réalité? Je ne le savais même pas, et me voilà déjà à cheval sur mes jugements. Pathétique.

Douloureusement, je levai le regard vers Rain. J'étais si désolé, si... si... désolé... Mais il était trop tard, maintenant. Il se leva subitement et un air effrayé abordait son visage. Je sursautai légèrement, silencieusement, à peine. Juste assez pour sentir me sentir davantage plus mal.

- Ils sont là bas Lukha, je le savais qu’ils m’avaient maudits, les perta sont là bas, ils m’ont toujours poursuivit. Tu dois y aller maintenant.

''Ils'', ''perta''? Je ne comprenais pas, une fois de plus. Et je ne cherchais pas à comprendre cette fois-ci. Il était inutile de chercher un pourquoi du comment, à présent. Je ne voulais plus savoir.

- Vas t’en…S’il te plais…

Ces mots-là étaient peut-être les pires. Ils étaient cruellement affligeants, tellement... radicaux.
Je sentis ma gorge se serrer et je me levai. Je crispai les lèvres, retenant un sanglot, un torrent de larme. Je ne m'étais que très rarement senti aussi mal auparavant. J'avais envie de me mettre à pleurer, là, au milieu du salon. Mais je ne pouvais pas me le permettre, d'autant plus que je devais partir. Je fis quelques pas lents vers la porte, puis m'arrêtai. Ma voix transperça le silence, dans un léger murmure;

- Je suis tellement désolé, Rain... Je...

Je quoi? Il n'y avait rien d'autre à dire. Vraiment rien. Je baissai la tête en serrant de ma main gauche la manche opposée de ma veste. Je me mordis la lèvre et hésitai.

- ..Je n'aurais pas dû. C'était... idiot de ma part.

Je tournai finalement la tête vers lui, un instant. Un bref instant. Je pris une inspiration en empoignant la poignée de la porte d'entrée. En la tournant, j'ajoutai;

- J'espère sincèrement que tu te sentiras mieux...

Et je sortis. Une fois dehors, je fus surpris de constater que la pluie tombait à flot. Elle était plutôt de circonstance... Nostalgique, triste, et... et puis c'était ''rain'', en anglais.

Les larmes à mes yeux menaçaient de s'écouler, et pourtant je refusai une telle chose. Même si à la pluie elles demeureraient inaperçues, même si je serais le seul à les avoir vécues. Je ne voulais pas. J'avais mal, vraiment mal, intérieurement comme extérieurement, mais je ne voulais pas m'apitoyer sur mon sort ainsi. Pas ici, pas maintenant.

Toujours la tête baissée, je mis le capuchon de ma veste sur ma tête et reprit la route. J'étais bien le seul à me balader un tel matin sous cette pluie froide, presque glaciale, et sans parapluie qui plus est. J'étais totalement vulnérable et ce de tous les points de vue.

Après un moment, un long moment je suppose, j'arrivai finalement devant ma maison. Je m'approchai lentement de l'entrée et pénétra à l'intérieur, complètement trempé. Ma tante était visiblement allée faire des courses et le silence de la demeure eut un énorme effet de contraste en moi. Ce silence était si différent du bruit des gouttes de pluies s'écrasant sur le sol, si différent de la musique qui jouait chez Rain, si...

Non. Pour le moment, pour aujourd'hui, je ne voulais plus songer à cela. Je souffrais déjà bien assez, là, en dedans, qu'en rajouter ne servirait à rien. Je retirai mes chaussures, et, presque instinctivement, mes pas me guidèrent jusqu'à la chambre d'Ophelia. Pas la mienne, elle était trop petite, trop étouffante, trop vide.

De toute façon, il n'y avait qu'avec Ophelia que je me sentirais bien à présent. Il n'y avait qu'avec lui que je pourrais me mettre à pleurer comme un con sans avoir peur d'être juger, pouvoir trouver la force de tout lui raconter tout en y trouvant du réconfort. Je me sentais si bien ici, tellement mieux, tellement soulagé et débarrassé du poids de mes épaules...

Il ne me restait qu'à espérer que tout se réparerait par la suite. Que demain, tout irait mieux, la vie aurait reprit sa belle palette de couleurs et que tout soit comme avant.