Une semaine que j’étais arrivé en cours, dans ce pensionnat, et c’en était déjà soûlant. C’est vrai quoi, resté scotché 8 heures par jour à un siège, ça ne brancherait personne. C’est juste trop pourri, chiant, nul, stupide, et j’en passe. Donc je sèche délibérément, en traînant dans les couloirs en plus. Ma discrétion est sans égale.

Je n’ai pas vraiment rencontré de personnes depuis que je suis arrivé ici, à part Malov, qui s’était avéré être mon compagnon de chambre. Il était sympa, un peu spécial en son genre et je le soupçonnais d’être gay. Enfin, tant qu’il n’avait pas de vues sur ma beauté magnifique, ça m’allait.

Je me baladais dans les couloirs sans destination particulière. Je flânais, comme disent les gens parfois. Mais ce genre de mot est trop présomptueux et compliqué, alors on va dire que je me baladais tout simplement.

À l’approche des chiottes, j’aperçus une fille adossée au mur. Pas très intéressante au premier abord. Elle releva la tête en m’entendant arriver, plantant ses grands yeux bleus dans les miens. Wow.

- C .. c'est ..qui ?

Je lui souris, charmeur, pour qu’elle ne s’inquiète pas. Elle est très belle cette nana. Et elle m’a adressé un regard. Je suis plutôt content là. J’observe un instant ses cheveux mouillés, elle a dû aller se rafraîchir aux chiottes. Elle aussi elle sèche comme moi ?

- Ton prince charmant ma belle. Puis-je savoir ton nom ?

Je me colle dos au mur à côté d’elle. Oui, cette meuf est vraiment belle, et mystérieuse en plus. J’ai cru déceler un accent anglais tout à l’heure. Si en plus on a la même origine, c’est parfait…..

- Moi c’est Toshiki !

Elle émit un rire nerveux lorsque je me présentais. Je l’avais sans coupée dans son élan pour me répondre. Aha, j’étais comme ça, on ne pouvait rien y changer. J’avais toujours tendance à parler trop vite, quand il ne le fallait pas, et à couper la parole aux autres. Ses yeux me regardaient fixement, elle sourit légèrement. Elle était mignonne. Pas une fille magnifique, certes, mais elle avait son charme, et donc pour moi elle en valait largement la peine que je m’y attarde un peu. De plus elle semblait s’intéresser à moi également. Ça ne pouvait donc aller que pour le mieux non ?

Je remarquais qu’elle était un peu plus grande que moi. Elle l’avait vu aussi, et elle rit comme un enfant. Je souris devant son air innocent. Sourire auquel elle répondit en ouvrant une large gamme de dents blanches, et en me tendant une main que je saisis aussitôt.

- J-Je… m’appelle Amber !

Amber. Ça lui allait bien. Je voulais approfondir notre relation directement, mais je sentais qu’elle était fragile et que je devais être doux, très doux avec elle. Je voulus la prendre dans mes bras, mais elle me fit signe d’attendre. Je crus d’abord qu’elle voulait me repousser, mais ensuite je compris qu’elle avait simplement mal à la tête. Mademoiselle semblait avoir la santé fragile.

J’attendis donc devant les toilettes qu’elle revienne. Quand elle fut de nouveau là, elle avait les cheveux lâchés, ce qui lui allait divinement bien. Malheureusement pour moi et le bonheur de mes yeux, elle les attacha rapidement en me tournant le dos. Elle était toujours aussi mignonne, mais bon. Certaines filles ne savent vraiment pas comment se mettre en valeur.

Elle se tourna vers moi, visiblement gênée, en rigolant nerveusement.

- Hu…. Tu…. T’appelle comment déjà ?

J’aurais pu laisser passer ça, genre elle est fatiguée, elle oublie vite. Mais non. Personne ne peut m’oublier aussi vite. Je vais…


La seconde suivante, nous sommes dans une toilette, moi collée à elle, les sourcils froncés, le visage juste en face du sien. J’empoignais ses vêtements d’une main, de l’autre j’appuyais sa tête contre le marbre froid qui recouvrait le mur de la toilette. Je n’étais plus moi-même, ça arrivait encore.

- Tu m’as oublié. Déjà.

Je pressais sa tête plus fort, comme si je voulais la faire exploser en petits morceaux de cervelles.

- Tu vas payer pour ça, tu sais ?

Mes dernières bribes de lucidité s’envolaient.