Je savais clairement que dans mon cœur j’étais seule, que J’avais besoin de compagnie et d’attention, mais peu importe, personne ne pourra saisir tout le sens de cette humiliation que je ressens, et toute la rancune que je porte dans mon cœur vers les personnes qui m’ennuient…Et ayant prise la résolution d’aller m’errer dans de nouveaux endroits, je me mouillais seule sous la pluie battante, traînant derrière moi des souvenirs que le temps n’a pu estomper et en portant en moi toute l’euthanasie d’une ville…
Certes, que c’est navrant de voir que l’être humain imagine le monde sourd-muet, pendant que tout autour de lui vit ; même le brin d’herbe, le rocher dans les flots, la mouche, le vent et l’air qui passe…En effet, au dessus de moi, un ciel pur se creusait, tandis qu’un astre rond commençait à éclaircir le champ -où je me suis trouvée - d’une nappe d’or. Oui, tout se réformait en une paix souveraine, et petit à peu, je me sentais – si j’ose dire le mot- attendrissante, comme si on m’eut dit que j’incarnais Vénus …De toute évidence, J’étais atrocement séduisante et je n’occupais pas qu’un simple point dans ce frustrant monde, j’étais assurée de ma liberté à terme, de ma révolte sans avenir et ma conscience périssable…Là du moins, personne ne pourra pénétrer ma vie, ou l’éprouver dans sa diversité, étant donné que je suis la terne voyageuse du temps qui meurt cent fois par jour; la terne voyageuse du temps qui va jusqu’au bout du chemin sans issue, s’enfonçant dans une étendue de blés pour se perdre dans le néant puis se retrouver. Cela s’appelle valser avec son amertume…
Et entre ceux qui étaient en manque de la félicité et la vénusté j’étais la plus assoiffée : Je courais, et courais, se délectant de cette beauté, tout en laissant la douce brise souffler dans mes cheveux. Oui, tout en me plongeant dans ses bras pieux et admirant les laiteux nuages qui flottaient au ciel ...
« Un mélange de peine et de bonheur »
Voilà ce que résumait mon état à cet instant.
Oui, Je courais allègre, ayant le besoin exaltant de me refaire sans songer au chemin que j’arpentais ; le croyant infini, n’en voyant pas la fin…
Je m’arrêtai. Trois jeunes hommes s’étaient imposés devant moi, tout en ayant une vague ébauche de sourires apparaissant aux lèvres. En effet, leurs sourires si pervers me baignèrent dans l’épouvante et m’agitèrent de secousses nerveuses.
Un deux s’avança vers moi en pas de loups : ses pas retombaient avec une étrange légèreté en dépit du fait qu’ils furent lents, puis passa ses bras autour de ma fine taille, alors que ses lèvres vinrent susurrer au creux de mon oreille sur un ton enjoué :
- Hey ma belle, ça te dirait de finir la soirée quelque part ?
[ …]
J’éprouvais le désir douloureux de m’enfuir, je sentais une vague de nausée me retourner le cœur et je pensais que j’allais m’évanouir. Alors sans prendre le temps de peser ses mots employés, je lui offris un coup de pied et me mis à courir pareille à un soldat épouvanté qui supplie le temps de s’arrêter…
Et tandis que je courais sans jeter un regard derrière moi, leurs visages qui apparaissaient comme des fantômes insolents, resurgissaient sans qu’ils disparaissent dans les bas-fonds de ma mémoire. Dieu, je vous en implore, faîtes qu’ils ne m’attrapent pas, faîtes que je sois sauvée …Je ne suis pas une fille née pour vivre sans chemise.
Et sous ces faits peu communs dans toute la ville, j’injuriai le pauvre souffle que j'avais pendant que je trébuchai pour que mon pauvre corps se brisa dans le sol, laissant échapper un cri de douleur…Je suis morte, le bonheur ne m’attend nulle part. Est ce que la haine de Dieu a commencé à prendre tous ses masques ?
Des larmes commencèrent à baigner mon visage tandis que la douleur était entrain de me brûler et me transpercer plus que l’angoisse. J’essaie de me relever mais en vain : mes genoux cèdent et le sol me captive toute entière vers une rechute inévitable. Apparemment, j’avais eu une entorse…Je dois reprendre ma course, je dois continuer mon évasion…
J’essaie de me dresser sur mes deux jambes, de rediriger mon corps. Il concède et il me reste tout juste la force d’avancer lentement, pas à pas…