Peu importait la force de notre amour, tout portait à croire que le monde ne voulait pas de nous ensemble. Et pourtant nous nous battions, encore et encore. Mais quand l'un des deux craque, alors plus rien n'est possible.
Depuis déjà un petit mois, Robynne était venu emménager chez moi faute d'argent pour trouver un logement pour lui seul. Cela s'était un peu fait sur un coup de tête, mais c'était loin d'être désagréable. bon, mes 30m² de logement n'étaient pas forcément idéal pour un couple. Sans se marcher totalement dessus on ne pouvait pas dire que l'espace était au rendez-vous. Mais tout se passait à merveille.
J'étais du genre très désordonné, ce qui ennuyait parfois Robynne je crois, mais mes efforts semblaient porter leurs fruits à ce sujet. Aussi, Robynne était un peu plus avenant que moi au niveau sexuel, voire beaucoup plus. Ca ne me déplaisait pas du tout, mais je devais admettre qu'il me faisait essayer des choses auxquelles je n'aurais même pas oser penser. J'étais sans aucun doute un peu puritain.
Mais tout ne pouvait pas rester aussi parfait. Habiter ensemble, ce n'est pas la chose la plus discrète qui soit. Et j'avais déjà eu vent de certaines rumeurs sur une relation amoureuse entre lui et moi, rumeur bien évidemment fondée. Cela m'inquiétait pas mal, c'était mauvais pour ses études et moi je risquais de me faire virer. Il était formellement interdit d'avoir une relation avec un élève, et pourtant nous avions le même âge.
Et Robynne avait commencé à agir bizarrement. Il était distant avec moi, ne me parlais plus autant qu'avant et semblait gêné en ma présence. Que devais-je faire pour rétablir la situation ? j'avais malheureusement peur qu'il soit trop tard quand j'avais remarqué que ses pourtant maigres affaires disparaissaient de l'appartement. Il allait partir loin de moi.
J'étais totalement déchiré par tout ça. Pourquoi ne voulait-il pas continuer ? J'aurais trouvé un autre job... D'ailleurs j'avais déjà commencé à chercher ailleurs. Je n'avais pas encore obtenu de réponses mais je n'allais plus pouvoir rester surveillant très longtemps. Mais de tout évidence cet imbécile ne semblait pas se rendre compte que je préférais galérer à trouver un nouveau job plutôt que de le laisser loin de moi... Il m'énervait. Nous avions rendez-vous dans la cour, et je frappais violemment du poing dans un mur. C'était moyennement intelligent, ça faisait mal et je craignais de m'être blessé. Mais je savais que j'allais me faire larguer.
Il était assis sur un banc, et sa mine attristée me laissait percevoir qu'il n'était pas là pour m'annoncer une bonne nouvelle. Son idiotie lui affligeait bien des douleurs tout comme à moi, ou peut-être étais-je celui qui était trop borné. Je rangeais mes mains dans les poches de ma veste, grimaçant un peu de douleur. Je m'approchais de lui et il se redressa. Ses premiers mots furent un véritable coup de poing en pleine figure.
- Je…voulais juste te dire que c’était fini entre nous.- Tu ne me regardes même pas en disant ça. Lâche.Moi je le fixais, énervé. Blessé. Blasé. Désespéré. Pas dans le sens où j'allais le supplier, mais dans le sens où je savais que de toute façon il n'était pas possible de le raisonner. Quand il avait une idée en tête il ne la lâchait pas. Et vu son comportement avec moi toute la semaine je n'avais même pas à espérer, alors le mieux que j'avais à faire était de le blesser. C'était immature et puéril, mais je voulais qu'il souffre comme il me forçait à souffrir. Je savais bien qu'il en avait déjà tout aussi mal que moi, mais j'espérais que trop souffrir le ferait changer d'avis.
- Je suis désolé. Mais c’est le mieux qu’on est à faire…au moins jusqu’à ma licence.Je soupirais longuement. C'était moi qui allait passer pour le méchant de l'histoire si je refusais sa demi-solution. Je savais que quand j'avais quelque chose en tête il était tout aussi difficile de m'en faire démordre que Robynne, mais mon idée était que nous pouvions nous efforcer d'être plus discrets, ou de trouver un excuse pour notre collocation.
- Ca n'a rien d'une solution... Tu vas probablement trouver quelqu'un d'autre pendant ce temps.Je détournais les yeux cette fois-ci. Ils s'embuaient de larmes. Je serrais les poings à l'idée de le perdre. Perdre Robynne pour 3 années, c'était le perdre définitivement. Il avait du succès et il trouverait bien mieux qu'un garçon un peu coincé comme moi. Il tomberait amoureux de quelqu'un d'autre, et cette rupture temporaire allait simplement résulter à une définitive. Reporter l'échéance ne m'intéressait pas.
- Tu crois vraiment que je vais accepter ça ? Me laisser savoir que tu m'aimes encore pour ne faire qu'endurcir mes sentiments pour toi, et finalement te voir partir avec je ne sais qui ? J'en suis incapable. J'ai déjà bien assez mal là.J'étais blessant, je le savais. Mais autant souffrir une bonne fois pour toute. Cependant je savais bien que je ne pourrais pas cesser de l'aimer. Ni en un clin d'oeil, ni en plusieurs années, ni jamais. Un amour pareil vous marque à vie et ne peut pas vous quitter. Je l'aimais et le détestais de tout mon coeur.
Je le regardais finalement, une larme coulant sur ma joue. Je ne pouvais pas pleurer ici. Pas au milieu de la cour et de tous les étudiants, d'autant plus que cela ne laisserait plus aucun doute sur notre potentielle relation. Je déglutis en tentant de me calmer. Il fallait que je rentre chez moi. Il le fallait vraiment.
- Et tu comptes dormir où maintenant que c'est "fini entre nous" ? Je n'étais pas convaincu de vouloir connaître la réponse. J'avais un peu peur que ce soit chez son ami Kira, qui était aussi accessoirement un type de mauvaise réputation avec qui il avait déjà couché. Après tout il lui correspondrait peut-être bien plus que moi. Une autre larme se mit à couler et je me détournais en essuyant du revers de ma manche.