La journée semblait battre son plein. Au lycée, comme en Prépa, tout le monde avait l'air à fond dans les cours. Je ne savais pas du tout d'où venait cette euphorie quasi-générale, peut-être due au retour des beaux jours, mais une chose était sûre, je ne partageais pas cet engouement. Ca me faisait chier, du haut de mes 18 ans, je supportais mal de voir ces spectacles trop heureux en permanence, et Dieu seul savait pourquoi. Je broyais presque du noir, mon humeur était comme toujours exécrable. Je maudissais ma classe de Prépa, et tous ces merdeux de lycéens ... Depuis toujours, j'avais droit à des remarques sur mon apparence androgyne, mais qu'est ce que ça pouvait leur faire ? Aujourd'hui, j'arborais une coupe assez masculine et décoiffée, un large tee-shirt noir décoré d'une énorme tête de mort, un large pantalon bagguy troué coupe homme et chaussures en toile très simples.
Bien sûr, il faisait beau, et ça me faisait plaisir. Et ... Ca me donnait presque envie de ... Non, je ne pouvais pas faire ça. J'avais dis à ma nouvelle famille que je serais sérieuse. Affalée sur ma chaise, en plein ennui mortel en cours de maths, je jetais un oeil à l'horloge. Encore 40 minutes ... Ô désespoir, que faisais-je ici ?! Et cette prof, si niaise, qui ne s'arrêtait pas de parler ... Mon regard se tourna vers la fenêtre, contre laquelle ma table était placée. Le soleil d'Avril ... Je mourrais d'envie de ... Non, je devais rester là et ...
- " Madame, j'peux aller aux toilettes ? " avais-je sortit d'un coup, comme ça.
Tant pis pour mes délires de bonne élève. La prof me donna son accord, me laissant sortir. Elle ne se doutait pas un instant que je ne reviendrais pas à son stupide cours, même lorsqu'elle me vit enfiler mon sac sur mon dos et faire un signe d'au revoir à la classe, qui ne manqua pas de rire, d'ailleurs. Je ne suis pas la bouffonne de la classe, mais je les amuse un peu.
Je couru dans les couloirs, jusqu'à la sortie du bâtiment que je convoitais tant. Au revoir les 40 horribles minutes de cours, et bonjour le soleil ! Ce n'étaient pas encore les vacances mais autant faire comme si ... Sentir l'astre du jour sur ma peau, c'était si agréable que mon humeur s'en trouva légèrement meilleure. Mais je ne pouvais pas rester à traîner là dans la cour, on allait finir par me voir et la dernière chose dont j'avais besoin était une heure de colle ...
Mon attention se porta alors sur un endroit si simple et où personne n'allait jamais ...
En 10 minutes, je me retrouvais sur le toit du lycée, au calme, et je n'avais personne avec moi pour me déranger, et m'interdire de sortir une cigarette. Ca ne faisait pas bien longtemps que je fumais, 5 ou 6 mois à tout casser. Ca me détendait, avec tout ce stress qui pesait lourd sur mes épaules, il me fallait bien un petit remontant quoi !
Je sorti mon paquet de clopes de mon sac, que je jetais nonchalamment dans un coin. Mon briquet sortit de ma poche, j'allumais ma cigarette ... Putain ! C'était ma dernière ! Je m'asseyais sur le rebord du toit, laissant mes jambes tomber dans le vide, crachant la fumée d'un air totalement détendu.
Le soleil me chatouillait agréablement, me permettant de profiter à fond de ma dernière cigarette. Et puis, je lâchais mon paquet de clopes vide dans la cour, cour sur laquelle donnait le toit où j'étais. Et lorsque l'objet en question fit un bruit sourd une fois au sol, je réalisais que quelqu'un était peut-être là -je n'y avais pas réfléchis !
Je me penchais donc. Et cela ne rata pas : il y avait quelqu'un. Cette personne venait de voir mon paquet par terre, et leva la tête, provoquant mon retrait immédiat au centre du toit, à l'abri des regards, sans avoir fait un bruit. Seul un petit "merde !" m'échappa.
Pourvu qu'il ne m'ait pas vue, ou au pire qu'il décide de monter voir ... Si on me choppait à fumer et qu'on me dénonçait, j'étais foutue ...