J'étais assis au comptoir, somnolant à moitié devant un verre d'alcool fort à peine entamé et dont les glaçons commençaient à fondre. Pourquoi être sorti aussi tard ? Peut-être un besoin de m'aérer l'esprit... après tout, n'était-ce pas le moment ? J'avais un coup de blues, celui que l'on a tous en hiver et qui nous fait souvent sombrer dans l'ennui, le désespoir. Tapant de l'index sur le comptoir au rythme de la musique Jazz, j'étais pensif: et si je passais ma soirée seul à nouveau ?
Soudain, lorsque le carillon qui signifiait l'arrivée d'un nouveau client retentit, je ne pus m'empêcher de tourner la tête. Toujours la tête appuyée sur mon poing et avec l'air blasé, j'observe son entrée. Il ne m'était pas inconnu.
- Mais, n'est-ce pas...?
Il me semblait bien reconnaître un des surveillant. J'hésitais... et si je l'invitais à me rejoindre ? Peut-être pourrions-nous discuter. Cependant ma timidité reprenait le dessus, et il faut dire qu'avec ce que j'ai entendu sur son compte, il n'avait pas l'air commode...
Je continuais donc de le regarder un peu passivement, peut-être attendant qu'il bouge de lui-même. Lorsqu'il passa près de moi, je le suivais du regard, mais dans ma grande maladresse j'ai renversé mon verre à ses pieds, salissant ses chaussures, et même sûrement le pan de son pantalon.
Pris de panique, la seule que je puis dire, sûrement sous l'influence du verre précédent:
- Hey, je... je t'offre un verre ?Mon sourire forcé devait sûrement trahir ma gêne. Eh bien, la soirée commence bien...