A 8 ans pour la première fois de ma vie j’ai éprouvé un sentiment. Avant je ne connaissais pas même la signification de ce mot. Abandonné par mon père à la naissance à cause de la mort de ma mère durant l’accouchement de ma personne je n’avais jamais reçus de l’amour, on ne m’avait pas appris à aimer non plus quelque chose. Je détestais tout. Je n’éprouvais que cela. De la haine envers les autres et envers tout. Puis lorsque j’entrais dans une nouvelle famille d’accueil pour la centième fois, on me fit découvrir la peinture. La texture pâteuse de peinture, le toucher délicat du pinceau, les formes se dessinant à ma guise, tout semblait si merveilleux dans ce monde de l’art. Enfin j’éprouvais du plaisir à faire quelque chose. La peinture m’ouvrit les portes d’un autre monde.
En deux ans je devins rapidement un génie de l’art. La peinture n’avait plus de secret pour moi, la peinture à l’eau, à l’huile, le cubisme, le dadaïsme. Tout m’était connu sur le bout des doigts. Un vrai petit génie de l’art. Je passais mes journées enfermées dans ma chambre à peindre effrénément. Je coûtais chère à mes familles d’accueils mais je m’en fichais je vivais dans un autre monde. Un monde que je dessinais jour après jour à ma guise. J’imaginais des êtres féeriques, des princesses qui m’envoûtaient, des dragons volant dans un ciel bleu ou au centre de colline verdoyante. Mais j’étais encore jeune. Vivre uniquement à travers la peinture me suffisait mais cela ne durerait pas.



- Gabriel, tu vas être en retard au lycée !

- Hmmm, grognais-je en me roulant en boule dans mon lit.

J’émergeais cependant de sous mes couettes, conscient que ma mère d’adoption viendrait me tuer de ses propres mains si je ne me levais pas. Alors je m’étirai en grognant encore un peu et sortais de mon lit pour aussitôt me rassoir et dessiner quelque instant sur un bout de papier pour me réveiller. Le dessin était toujours très présent dans ma vie comme dans mon enfance, mes coups de crayon se sont encore améliorer et la perfection que je pensais avoir atteint enfant semble bien loin car j’ai appris que la peinture n’avait pas de limite. On pouvait en apprendre chacun jour un peu plus sur le domaine de l’art.
Sous mes yeux se dessinaient lentement un cheval, parfait dans son allure, l’ombre donnant un réel époustouflant. Pourquoi un cheval ? Je n’en savais strictement rien. Le crayon bougeait tout seul. Peut-être avais-je rêvé de cheval cette nuit.

- Gabriel ! Beugla ma mère en entrant dans ma chambre. Tu dessineras plus tard !

Je soupirai mais posais mon crayon docile en hochant la tête. Je la détestais je devais l’avouer. Elle n’était pas ma mère, elle n’était qu’un substitut mais j’étais docile car elle était riche. Elle m’avait offert un lycée spécialisé dans l’art hors de prix, elle me payait tout mon matériel de peinture alors j’étais agréable.
Elle quitta la chambre et je m’habillais prestement. A 18 ans je terminais ma dernière année de lycée et j’avais hâte à vrais dire de terminer mon cursus scolaire pour pouvoir quitté cette maison et partir vivre très loin de cette famille qui m’avait adopté uniquement en connaissant mon don pour la peinture et l’art en général. Et de plus je voulais devenir professeur d’art pour pouvoir transmettre ma passion à d’autre.


- Tu vas être professeur à partir de demain, c’est ça ? Me souffla la voix de ma mère.

J’acquiesçais sobrement en feuilletant un livre mes lunettes sur mon nez. Je ne redressais même pas le regard pour la voir se déhancher audacieusement dans une robe moulante noire en s’approchant de moi. Cependant lorsque sa main vient caresser mes cuises je relevais les yeux froidement vers elle. Elle recommençait son jeu vicieux encore une fois.

- Tu veux célébrer cette bonne nouvelle dignement ? Continua-t-elle

Je souriais doucement à cette question, posais mon livre et me levais pour venir encercler la taille de ma pseudo mère. Je la regardais fixement tandis qu’elle semblait déjà fondre en sentant mon corps si près du sien. Lentement je me baissais pour venir jusqu’à son oreille et lui murmurer sensuellement :

- Le jour où tu seras dans mon lit c’est que je serais un homme d’espérer.

Et je partais mon livre à la main me réfugié dans ma chambre qui ressemblait désormais plus à un atelier d’art. Enfin j’avais pu lui exprimer mon mépris pour elle, enfin j’avais pu lui montrer ma haine. Demain je partais et plus jamais cette vielle mégère ne m’aurais à sa porter, elle resterait idiote d’avoir dépensée tant d’argent pour moi en pensant qu’un jour je lui ferais don de quoi que ce soit sur ma « célébrités » d’artiste. Demain commençait une nouvelle vie.