Que dire sur mon histoire? Elle n'a rien de bien amusant. Tout d'abord il faut savoir que je suis né dans une famille très aisée financièrement. Mes désirs de jeune homme capricieux étaient donc toujours respectés, et aussitôt que je réclamais un jouet ou quelque chose dans le genre, je l'avais. C'était toujours mon père qui me les achetais; Il était d'une bontée infinie. Il nous aimait plus que tout, mon jumeau et moi. J'ai d'ailleurs toujours été proche d'Ophelia. Je sais très bien que par moment et que la plupart du temps que je le suivais, je l'énervais et que j'étais comme un petit pot de colle, mais moi ça ne me dérangeais pas. J'étais quelqu'un de trop insousciant, qui ne pensait qu'à moi-même... Mais certainement pas autant que l'aurait pu faire ma mère.

Elle était comme la belle-mère dans les contes de fée, celle qui ne pensait qu'à l'argent et à son beau visage, se fichant bien de sa famille. Je crois même qu'elle ne m'a jamais aimé. Mais de toute ma vie, je n'aurais jamais cru qu'elle pouvait sombrer à ce point dans la folie. Lorsque j'avais huit ans, pour je ne sais quelles raisons exactement, elle a tué mon père, sans remords. Le seul modèle que je possédais, celui que j'admirais plus que tout. Un père, on en a qu'un seul, et égoïstement, elle me l'avait enlevé à tout jamais. Ça a été un choc énorme pour notre famille qui ne s'attendait tout bonnement pas à ça, eux aussi. On ne s'y attend jamais, évidemment. Ça arrive un jour, comme ça, et ça nous éclate au visage avec violence. Depuis ce jour, j'ai détesté du plus profond de mon être la folle assoiffée d'argent qui a assassiné mon père dans l'espoir d'avoir à part entière l'argent de la famille. Je suis resté de marbre le jour où elle fut transférée en prison, et si j'aurais pu, je lui aurais tiré la langue avant qu'elle ne soit entre les barreaux. Acte puérile d'enfants, mais qui aurait, à ce moment, démontré comment j'étais content de ne plus avoir à la voir de nouveau. Nous sommes donc, Ophelia et moi, allés habiter chez ma tante qui avait tout autant d'argent que dans mon ancienne famille. Elle nous adorait, comme si elle nous avait mis au monde, comme si nous étions les choses les plus précieuses à ses yeux. Comme la mère que je n'avais jamais eu auparavant. Aussi, dès qu'elle en avait l'occasion, elle nous achetait toutes les choses que l'on désirait. Ce fut une chance pour moi, qui passait toutes mes journées à réclamer diverses choses.

La seule chose qui fut une difficulté était sans doute le fait qu'elle demeure en France, à Versailles, et nous fument donc obligés d'apprendre la langue française. Nous habitions auparavant en Allemagne depuis notre naissance, mais heureusement, je n'eus aucune difficulté à connaître cette nouvelle langue sur le bout des doigts.

Cependant, l'un des évènements qui a le plus marqué ma vie serait sans doute une certaine journée d'automne, où j'étais simplement allé faire des courses avec ma tante. Oh bien sûr, dit de cette façon ça ne semble être qu'une chose toute simple et sans valeur. Mais pour moi ce n'est pas le cas.

Lorsque nous étions prêts à repartir, nous avions passés dans une rue où il y avait un atroupement de personnes, autour d'un seul homme. Une douce mélodie résonnait, doucement, et je fus immédiatement charmé par le son si mélancolique et profond du violon. Je m'étais rapproché de cet homme, moi aussi, avec toute la curiosité d'un enfant. Le son de l'instrument me fascinait, aussi je me demandais comment on pouvait créer une mélodie si magnifique rien qu'avec un bout de bois avec des cordes et un long bâton. À partir de ce moment, j'avais décidé que, tout comme cet homme, j'apprendrais le violon et que j'aurais droit à tous les mérites qu'il recevait. Ce fut donc chose dit, chose faite, car ma tante n'hésita pas une seule seconde à m'inscrire à des cours. C'est là que j'ai pu trouver mon seul réel réconfort, la chose qui me consolait, quelque soit la situation.

Il n'y a rien d'autre à dire sur moi; je n'ai jamais connu de peines d'amour qui me donnait des envies de suicide, car de toute façon je n'ai jamais aimé quelqu'un assez profondément pour vouloir tout partager avec. Je n'ai jamais rien fais d'extraordinaire non plus. Au fond, je suis un adolescent, comme les autres... Ou pas?