L'excursion [PV : Nodoka]

Ancien staff

En ce samedi matin, je m'ennuyais ferme dans ma chambre. C'était un sentiment très contradictoire : à la fois j'étais ravi de ne pas avoir cours, et j'avais attendu ce moment toute la semaine, mais d'un autre côté, maintenant que je n'avais plus d'obligation, les activités me manquaient. Qu'est-ce que je fais habituellement le samedi matin ? Je dessinais et cherchais l'inspiration pour mon prochain manga. Evidemment, je n'étais pas édité, mais j'avais l'espoir de percer un jour. Encore fallait-il que j'envoie mes planches à un éditeur, certes, mais ce n'était pas pressant. Et ce matin, j'étais en pleine effervescence : impossible de rester coucher. Il fallait trouver quelque chose à faire, et vite.

Du sport ? Hors de question : je ne faisais du sport que quand j'étais énervé, et ce n'était pas le cas. Bien que ma musculature prouvait que j'étais souvent énervé. Je devais trouver une idée intéressante, et vite ! Je fis défiler plusieurs scénarios dans ma tête : allez acheter des croissants, faire un tour au centre commercial, partir à la recherche d'un colocataire... et je trouvai l'idée en or. J'allais partir en excursion dans le dortoir des filles. cette semaine avait mis à rude épreuve mes certitudes sur mon orientation sexuelle : il fallait remettre de l'ordre. Les demoiselles devaient probablement dormir à point fermé à l'heure qu'il était, je pourrais peut-être aller faire connaissance avec l'une d'elles et plus si affinité...

*Pitié, que je ne tombe pas dans la chambre de Momoko... elle me tuerait, et aurait les preuves de ma perversion*

Je me levai donc tout excité à l'idée de voir de jolies filles en petite tenue. Sur le chemin du dortoir, je scrutais les environs à la recherche d'un surveillant. Je priais pour ne tomber sur aucun d'entre eux : l'accès au lieu de vie du sexe opposé était formellement interdit aux garçons. Or, je ne pouvais pas me faire passer pour une fille : j'étais vraiment trop grand, et ma carrure ne prêtait pas à confusion. Il allait donc falloir être discret. Heureusement pour moi, il faisait encore sombre à 8h du matin, j'étais donc difficilement repérable. Enfin, c'est ce que j'espérais, avouons que ma tignasse blanche avait le don d'attirer l'attention sur moi.

Je me mis donc à courir discrètement vers la porte menant au bâtiment d'en face : la caverne d'Alibaba. J'étais arrivé sans encombre à mon but. je m'adossai au mur de l'entrée, un peu essoufflé, et surtout soulagé d'être passé sans me faire repérer par les sentinelles. Une fois le calme revenu, je me mis en quête d'une chambre à épier. Mon idée me parut tout d'un coup complètement saugrenue : Si une fille me voyait l'épier, elle irait me dénoncer immédiatement. Il fallait donc être extrêmement discret, et ne surtout pas me faire voir. Mes espoirs du "plus si affinité" s'envolèrent : ceci ne se passerait que dans mon esprit.

J'avançai donc dans le couloir, et choisis une chambre au hasard. j’entrouvris la porte discrètement, et survolai l'intérieur du regard. Ce que j'aperçus de manquait pas d'originalité. Une jeune fille était allongée sur un lit, belle comme une nymphe. Ses cheveux étaient colorés de deux manières : la partie gauche était aussi blanche que ma propre chevelure, et la partie droite était teinte d'un rouge bordeaux assez sombre. C'est somptueux. Je me mis donc à regarder avidement cette belle demoiselle : elle était dans un pyjama de style victorien, je ne savais même pas que ça existait. Je ne pouvais détacher mon regard de pareille beauté : même si j'avais eu ces deux dernières semaine quelque attirance pour les sexe masculin, je savais que mon attrait pour les femmes était toujours aussi présent. Mes bonnes résolutions revinrent au galop : j'avais décidé de devenir quelqu'un de bien, de ne plus me jouer des autres et de m'intéresser à leurs sentiments.

*Oui, mais là c'est un conflit intérieur que je dois régler... je ne peux pas être attiré par les mecs, et cette fille me le prouve si bien... promis, je ne lui ferais rien, même sous la torture*

Je me décidai donc à tenir cette résolution pour ne pas contrer la précédente. Pendant mon débat intérieur, je vis la jeune fille se réveiller lentement. je priai pour qu'elle ne me découvrît pas.

Invité

Bip ! Bip ! Le bruit du réveil fut délicatement arrêté par un mouvement gracieux de la part d'une magnifique jeune fille. Cette mains aux fins doigts prit subtilement l'appareil pour le stopper d'un geste léger. Aucun choc ni énervement en ce radieux samedi matin, six heures.

Han, vous avez vu, je parle trop bien. J'suis impressionnée de moi. Je m'impressionne souvent, en fait. Bon, c'est quelle heure ? Ah oui, c'est vrai, c'est six heures trente-huit du matin. Je me lève à cette heure, bien que ce soit un samedi. En fait c'est pour coiffer mes magnifiques cheveux pour ne pas que quand je me réveille, ils soient en batailles et totalement noués. Certes, je me réveille pour 'rien' mais pour moi c'est un grand malheur de ne pas pouvoir avoir des cheveux bien lisses et coiffés.

Je me redressais dans mon lit et soupirais. Je bâillais un coup avant de me lever prestement et de me diriger d'un pas aérien vers mon bureau où se trouvait, dans les fouillis de papiers qui étaient des partitions, ma brosse à cheveux couleur ocre. Je m'avançais vers ma glace pour me coiffer. Je commençais par le côté bordeaux pas habitude. Après quelques minutes d'acharnement sur mes magnifiques cheveux rouges, je m'attaquais au côté crème. NON ! Pas ça. Pas la hantise de mes nuits et jours. Le.... MOUCHERON !

Je jetais ma brosse sur mon lit et je pensais. Pense, pense, pense, bon je vais peut-être arrêter de me la jouer à la Jimmy Neutron et je vais passer au plan d'attaque. Alors, je vais allumer la petite lumière sur le rebord de la fenêtre et je vais chercher un cahier. Quel cahier est le plus plein ? Celui de maths je crois. Les autres y'a que des cours dedans alors que dans celui de maths c'est plutôt des dessins alors il est forcément plus plein de feuilles. Bon, j'ai le cahier la lumière et il manque le moucheron. Où es-tu atroce bestiole ? Han, là-bas ! Je m'en approchais doucement et frappais. La sentence a frappé ! Je parle avec une telle aisance. C'est magnifique.

Je reprenais l'activité la plus intéressante de toute ma vie. Le brossage de cheveux. Roh, ça va pas recommencer ! Encore un, non deux moucherons et une mouche. Je sens que je vais perdre mon temps de brossage à de la chasse aux insectes. Tiens, ça me fait penser dans Animal Crossing quand tu dois aller attraper dans un magnifique filet, acheté chez Nook soit-disant passant, des insectes bizarres que je connaissais pas et en plus après tu les amènes au musée.

[...] Après une heure d'alternance entre chasse et brossage, je finissais calmement. Par contre, c'est le bordel dans ma chambre maintenant, et je dois encore lire quelques partitions. Oui, même le matin à six heures et en plus un samedi, j'aime lire des partitions. Enfin, y'avait peut-être plus de chansons que de partitions, ben oui, je chante et véritablement bien. J'aime me vanter et alors ? Se vanter, c'est tout de même bon pour la santé. Ouais, je suis trop intelligente en plus. Enfin bref, je rangeais un peu mon bureau et je vis un de mes pyjamas sur ma chaise ce qui me donnait envie d'essayer les autres. Me traitez pas de bizarre, je le sais déjà !

Maintenant, je suis plus fatiguée que quand je suis allée dormir. Je dis bonne nuit à mon bureau, mon lit, mes médicaments que je n'oubliais pas de prendre, sinon, ça allait faire comme l'autre fois dans les douches quand j'ai voulu tuer Shin, mais ça aurait pu être drôle et je finissais par souhaiter une bonne nuit aux moucherons et autre créatures. Tiens, ça me rappelle un truc que j'ai appris en math qui a en rapport avec la logique donc ça n'a pas de rapport avec les reste. Si j'ai de la poussière sous mon lit et que tout homme est poussière, alors j'ai un homme sous mon lit. Sur cette pensée, quelque peu saugrenue je l'avoue, je finissais par m'endormir paisiblement.

J'ouvrais lentement les yeux. J'ai entendu des bruits, j'suis pt'être au paradis ou bien c'est l'homme-poussière sous mon lit qui fait du bruit à cause du vent qui passe à travers la vitre. Je me redressais et vit quelqu'un debout. C'était certes un peu flou mais bon. Je me rendormais immédiatement. Je me remettais assise brusquement sur mon lit et tournais la tête vivement pour voir mieux certes personnes. Attends, c'est une vieille personne au cheveux blancs et aux racines noirs ou bien c'est un genre de pedobear comme dans "Bonne nuit les petits " ? Parce que c'est pas une couleur ça. Mes cheveux ils sont milles fois mieux, mais peut-être qu'en fait il veut me violer ou autres petites choses indécentes. Je le pointais du doigt et dis d'une voix endormie : "C'est quoi cette couleur de cheveux !"

Je suis bien la seule à avoir cette réaction en voyant quelqu'un dans ma chambre à une heure pas pareille. Au fait, c'est quelle heure ?

Ancien staff

Les gestes de la nymphe étaient d'une légèreté délicieuse. Je m'extasiai devant la grâce avec laquelle elle éteint le réveil, se leva, et s'assit devant son bureau. Tout ce qu'il manquait à cette scène aurait été une coiffeuse avec un grand miroir au cadre orné de motifs gravés dans le chaine. Elle était à mes yeux le comble de l'élégance : de si longs cheveux aux couleurs à la fois contrastées et terriblement en accord l'une avec l'autre. Elle ne semblait pas m'avoir remarqué, et c'était parfait ainsi. Pouvais-je me permettre de prendre le risque de la regarder encore un peu ? Elle allait bien finir par sortir et s'apercevoir de ma présence... Je pris le temps de réfléchir une minute, mais la tentation était bien trop forte pour ma piteuse volonté.

Puis, d'un coup, elle devint une autre personne. Son attitude jusqu'à la calme comme la surface d'un lac devint d'une seconde à l'autre celle d'une hystérique. Elle jeta furieusement sa brosse, empoigna un cahier, et se mit à chasser sadiquement ce que je supposais être un insecte. En réalité, il était si petit que je ne savais même pas ce qui la hantait tant. J'étais assez éberlué par ce soudain changement dans son comportement : on aurait vraiment dit deux personnes différentes. Une princesse précieuse contre une mégère agressive. Cependant, même dans sa chasse à l'intrus, elle agissait avec une sorte de plaisir. les apparences ne semblaient pas être une option dans sa vie, même vis-à-vis d'elle même. La jeune fille était théâtrale, et ça ne la rendait que plus magnifique. J'étais donc le spectateur privilégié du réveil de la beauté.
*Ce que tu fais s'appelle du voyeurisme..*
En effet, c'était l'autre mot pour "spectateur privilégié". Mais j'avais bien le droit à un moment de détente après ces journées éprouvantes. Ce samedi matin s'annonçait radieux...

Après un travail acharné et fait avec passion, la belle se mit à lire des partitions. J'en étais pour le moins étonné : elle devait être la seule personne à se réveiller à six heures du matin pour se coiffer, chasser le moucheron, et lire des partitions. Cette originalité ne la rendit que plus somptueuse à mes yeux : une artiste, que demander de plus ?
*Qu'elle s'intéresse à moi, peut-être...*

Elle partir ensuite se recoucher, aussi naturellement qu'elle s'était réveillée. Mais à ce moment, elle tourna les yeux vers moi, encore tout embuée de sa matinée éprouvante. Elle sembla quelque peu bloquée par la vision qui s'offrait à elle. Je priais pour qu'elle se rendorme rapidement, oubliant mon existence. J'étais mal, et je n'osais pas bouger. De toute manière, où aurais-je pu aller ? J'étais repérable, même quand on est pas réveillé. J'avais l'impression d'agir comme face à un ours en colère : ne surtout pas bouger, faire le mort. Mais ce n'était franchement pas une bonne technique. Elle allait hurler, m'envoyer son oreiller en pleine figure, alerter les surveillants, me traiter de pervers, me dénoncer à la directrice... Ma réputation était définitivement foutue. J'étais fini.

- C'est quoi cette couleur de cheveux !

- Pardon ?

Ce sont les seuls mots qui me vinrent à l'esprit. La belle était au moins aussi étrange que moi dans son comportement aux autres. Elle avait elle aussi le don de la phrase d'accroche, de la première que la personne qu'on rencontre entendra sortir de notre bouche. Celle qu'il ne faut surtout pas dire de travers, celle qui doit sembler le plus naturelle possible. Et elle avait dit quelque chose de totalement décalé. Je la trouvais décidément très à mon goût, cette jeune marginale. J'allais donc lui répondre.

- Cette couleur de cheveux est ma couleur naturelle, jeune demoiselle. Ne me demande pas pourquoi, ne me demande pas comment, mais il en est ainsi. Et si tu te poses la question, je ne suis ni un loup-garou, ni un vampire. Par contre, toi, ce n'est pas naturel, n'est-ce pas ?

C'était vraiment le comble. le voyeur et la nymphe engageait une conversation totalement absurde, à 7h un samedi matin. Elle n'était pas effrayée et ne semblait pas avoir dans l'idée de me dénoncer. Et moi j'avais pu apprécier le spectacle. Me vint ensuite à l'esprit que je pouvais toujours prétendre que je venais d'arriver, et que je m'étais perdu... Elle venait tout juste de me remarquer, j'avais donc une échappatoire. Mais je n'aurais visiblement pas à en user pour le moment.