Quelle est la première chose que nous remarquons sur la petite Chlomaki ? Exactement. Sa taille. Chlo est destinée à être la "petite". Elle ne mesure qu'1m52 pour 45kg, et son apparence fragile, frêle et dont la seule indication qu'il s'agit d'une femme réside dans sa poitrine, n'arrange pas son cas. Toujours considérée comme une "femme-enfant", Chlo s'est résignée à accepter qu'elle ne grandira pas plus que cela, à 17 ans sa croissance est déjà terminée, elle est condamnée à avoir un corps de femme réduit à échelle enfant. Bien sûr, elle sait user de stratagèmes pour sembler plus grande, comme les vêtements courts, les talons, mais prendre soin de soi est tellement épuisant ... La plupart du temps, outre sa petite taille, vous ne pourrez passer outre son apparence étonnante. La jeune fille est plutôt unique et possède un armada impressionnant de perruques, lentilles, vêtements extravagants en tout genre lui permettant de changer son apparence en un clin d'oeil, ce qui a cultivé son désir de ne plus ressembler à ces femmes lambda aux cheveux ternes et yeux semblables que l'on voyait à la télévision ou aux magasins : hors de question de se conformer à cela, elle qui se sentait si singulière ! Vous observerez donc son impressionnante chevelure bleutée, d'une longueur et d'un air emmêlé qui ne vous indiquent qu'une chose : ils ont été teints, et elle n'a pas été chez le coiffeur depuis des lustres. Elle porte souvent des lentilles de couleur, ce qui fait que ses yeux verts ne sont jamais visibles, mais plutôt cachés par des teintes jaunes, oranges, roses ... Niveau vêtements, disons que les premières choses qui lui tombent sous la main sont les meilleures à mettre ... Son apparence devrait la pousser à s'habiller au rayon enfants, mais il en est hors de question, et elle se retrouve fréquemment à devoir porter des vêtements trop larges de quelques tailles pour elle. Elle privilégie le confort à l'esthétique, et sa garde robe se compose donc presque exclusivement de sailor fuku de différentes teintes et plissant de partout, cachant son seul atout féminin apparent : un généreux bonnet C qui disparaît sous les vêtements flottants. Sur son visage, vous verrez toujours un sourire enjoué, enjoué de vivre, enjoué d'aimer, enjoué de jouer ... Tout la ravit, et cette simple action suffit à illuminer son teint de porcelaine n'ayant jamais été exposé à la lumière du soleil. Nous avons, en somme, une femme de 17 ans dans un corps d'enfant.

La particularité du caractère de Chlo, c'est son côté lunatique, au bord de la schizophrénie. La pauvre, à force de rester enfermée à jouer aux jeux vidéos, ne sait pas vraiment ce qu'elle veut, ni comment l'obtenir. On l'observera en temps "normal", comme une jeune fille simple, calme, qui ne parle pas beaucoup, rougit énormément, pleure et rit pour un rien, à la limite même de l'hyperémotivité, cet syndrome étrange qui nous fait passer d'un extrême émotionnel à l'autre. Un dialogue avec elle se fera souvent à sens unique : vous parlez, elle vous écoute, hoche la tête de haut en bas lentement pour vous faire comprendre qu'elle écoute ce que vous dites, et ne s'ouvre quasiment pas à vous, cependant si elle prononce quelques paroles pour vous, elles résonneront avec une maturité étonnante, qui contrastera énormément avec son physique juvénile. Mais pas d'inquiétudes à vous faire à son sujet ! La jeune fille n'est pas aussi barbante qu'elle peut en avoir l'air ! Bien que son cruel manque de conversation et sa capacité détonante à virer du blanc livide au rouge écrevisse, il suffit que vous lui inspiriez de la sympathie ou que vous teniez avec elle un dialogue relevant de ses passions, pour la voir changer instantanément en une autre personne. Effectivement, les deux Chlo qui résident dans ce corps sont totalement opposées : l'une ne s'ouvre à personne, et est une fleur dont aucun pétale ne semble vouloir se dévoiler; l'autre, est une brute violente, une pile électrique surexcitée, incapable à contrôler. Rien en l'arrête : elle est curieuse, parfois vulgaire, parfois violente, souvent imprévisible, le plus souvent mesquine. Chlo, dans son mental ma foi très singulier, ne cherchera qu'une chose avec vous : vous identifier comme la figure masculine ou féminine qu'il lui manque, et malgré son âge adulte, elle ne restera avec quelqu'un que si cette personne est en mesure de satisfaire ses idéaux, à savoir la protéger, l'aimer, ou lui montrer des signes d'intérêt quelconques. Elle s'attache très facilement et devient jalouse à la moindre occasion, une jalousie virant même à l'excès. Il faut dire que pour une personne dont les contacts se limitaient à papa, maman, et la caissière du supermarché, se comporter "normalement" est totalement impensable. Instable, Chlo est le genre de personne à ne montrer aucun sentiment si ce n'est de la gêne, ou bien à l'opposé, si on lui montre ne serait-ce qu'un fragment d'amour ou d'amitié, est une personne possessive, violente et au bord de la folie. Je vous avais bien dit qu'elle était au bord de la schizophrénie non ?

" Oh, Dan, je suis si heureuse que vous m'ayez enfin sauvée !"
Félicitations, vous avez délivré la princesse Chlo des griffes du terrible monstre ! Jeu terminé !

France. Une maison sans aucun volet ouvert, entouré du halo bleu que  dégagent les écrans lorsqu'ils sont placés dans l'obscurité. Depuis environ deux jours, Jolin, une femme européenne superbement négligée, aux cheveux ébouriffés et à l'apparence désolante, était recroquevillée devant sa console, à jouer à son jeu rétro favori, dans lequel il fallait délivrer la magnifique princesse Chlo de l'emprise démoniaque d'un monstre pervers qui désirait la tuer. Un jeu qu'elle avait dû terminer environ 124 fois, depuis son mariage.
-"Jolin, encore en train de jouer à ce jeu ? ... Branche la deuxième manette voyons !"
Samekichi, un homme japonais d'une cinquantaine d'années à l'apparence aussi peu soignée que Jolin, prit place et commença une nouvelle partie aux côtés de son épouse. Le couple était heureux ainsi, ils n'étaient pas du genre rebelle, il leur suffisait d'un peu de jeux vidéos pour combler leur vie triste et toute d'écrans faite. Quand ils n'étaient pas sur leur console, ils regardaient des films, pianotaient sur leur téléphone, s'envoyaient des textos pour ne pas bouger d'une pièce à l'autre, et ne se croisaient que le soir ou bien à l'heure des repas. Leur vie était triste, mais ils l'aimaient ainsi. Pourtant, un jour, lorsque Jolin termina son jeu pour la 150ème fois, elle réalisa que la moitié de sa vie était derrière elle, gaspillée par son désir insatiable de jeu et d'écrans, et nouvelles technologies et de gadgets dernier cri. Elle allait bientôt avoir 52 ans et à part Samekichi, personne ne partageait sa vie. Pas une princesse à protéger du monde, pas d'animaux, pas de vie, pas d'envie. Son mari entendit ses inquiétudes et tous deux décidèrent d'avoir un enfant, un beau prince ou une belle princesse, qu'ils gâteraient de jeux, et de nourriture, et qui ferait un troisième partenaire de jeu.
C'est dans cette famille de geeks assoiffés de technologie que naquit leur ravissante petite fille, qu'ils s'empressèrent de nommer Chlomaki. Chlomaki la petite princesse, la troisième personne qu'ils désiraient, avec qui ils joueraient et peut être même riraient. Leur vie prenait un nouveau sens, et les rapprocha un peu. Chlomaki grandit joyeusement, sans problèmes. Ses parents l'initièrent à la vie enfermée, recluse du monde, car tout ce dont elle avait besoin n'étaient que ces écrans et ces jeux qui se renouvelaient sans arrêt. Ils cultivèrent en elle la peur de l'extérieur, et l'amour du nid, du foyer, si bien qu'à l'âge de 14 ans, la jeune fille avait passé toute sa vie à jouer, recourbée devant un écran de télévision, des manettes à la main, des biscuits, des sodas ... Elle ne sortait que pour faire les courses, acheter à manger et de quoi jouer, les bases de sa vie et de celle de ses parents. Elle était très heureuse. Elle découvrit plus tard le cosplay, cette discipline amusante et ludique, sur laquelle elle passait des journées entières.
Mais ce qui devait arriver arriva : la demoiselle finit par se poser des questions. Sur elle, sur les gens, sur la vie. Sur le monde. Sans sortir de chez elle, elle avait le désir d'en apprendre plus. Elle passa l'âge de 16 ans, et la chose la plus décisive de sa vie se produisit : son père fut victime d'un arrête cardiaque, et bien évidemment, il mourut, mère et fille n'étant pas qualifiées pour procurer les premiers soins, et trop effrayées pour passer un appel à une personne différente de leur cercle privé. Le temps de reprendre leurs esprits et de tenter de l'aider, d'appeler des secours, il était déjà trop tard. C'est ainsi que Chlomaki se rendit compte qu'il était mal de passer sa vie enfermé devant les loisirs, si l'on devait y délaisser les besoins et l'aide humaine. A l'âge de 17 ans, Chlomaki devint une étudiante normale, quittant la scolarisation à domicile qu'elle avait toujours connue, ses parents ayant placé de hauts espoirs dans la formation scolaire en autodidacte, tandis que sa mère restait recluse dans sa pièce de vie avec ses consoles. Chlo, c'était là son surnom et devint la façon dont les gens l'appelaient officiellement, se détacha de sa mère pour se consacrer à ses études au grand jour et s'ouvrir aux autres, lentement. Cependant elle n'est vraiment pas sociable, et les contacts tiers outre sa mère se passent plus mal que bien. L'amour ? Les relations ? Jamais entendu parler de tout ça.