Parfois, je me disais que j’étais la seule à m’intéresser aux cours. Les autres eux, préféraient glander, jouer à la consoler et sécher. Certes, certains cours étaient ennuyeux à mourir, mais je ne pouvais m’empêcher de ressentir un mépris envers ceux qui prenaient leurs études trop à la légère. Je pense que c’est surtout à  cause de mon caractère trop sérieux et mon attitude froide et distante que j’ai du mal à me faire des amis. Mais avec le temps, j’ai fini par m’y habituer. Depuis toute petite on m’a toujours appris à ne pas attendre la moindre affection de la part des autres, et de toujours compter sur moi-même.

Il se mit enfin à sonner. D’un coup d’œil, je lançai un bref regard à mes camarades de classe qui se précipitaient vers la sortie. Après quelques minutes, j’étais déjà en train de traverser le couloir pour accéder à la salle des casiers. Lorsque j’ouvris mon casier parfaitement rangé, car j’avais horreur du bordel, je fus plutôt étonnée. Quelqu’un avait réussi à glisser une enveloppe, qui se trouvait juste à côté d’un de mes livres de cours dont j’avais besoin. Rapidement, j’empoignai le livre et l’enveloppe. Poussée par la curiosité, je la déchirai soigneusement et me mit à en lire le contenu.

« Camiki...Rejoins-moi sur le toit du lycée, j’ai quelque chose d’important à te dire. »

Tiens donc, qui ça pouvait être?Telle une fusée, j’atteignis le toit. Un garçon m’y attendait. Hmm?Je m’ avançai vers lui à une vitesse normale cette fois-ci, tout en gardant mon air froid au visage.

« Je...Depuis un certain temps je t’observe et je crois que je suis tombé amoureux de toi. Tu veux bien sortir avec moi ?

-Désolée, une autre fois dans une autre vie, ce genre de relation ne m’intéresse pas pour le moment. »

Face à mes paroles sèches, il n’eut que d’autres choix que de s’en aller. L’amour ne m’intéressait en aucun point, je ne voulais pas être blessée. Pas une seconde fois.

Au moment où je comptais m’en aller, je me retournai et vis une fille aux longs cheveux bruns me dévisager.

-Je peux savoir qui tu es ?

N’importe quelle personne se sentirait coupable d’avoir rejeté quelqu’un aussi violemment que je l’avais fait, sauf moi évidemment. Vous pensez que quoi?Que mes parents ont attendu qu’on leur demande leurs avis pour qu’ils se marient?Ca peut paraître exagéré comme façon de penser, mais je tenais à faire honneur à ma famille tout en pensant à des choses très réalistes que d’avoir des relations amoureuses avec quiconque.

Hein ? Et pourquoi vouloir le savoir ? A qui ai-je l’honneur ?

Avant qu’elle me fournisse cette réponse, il y’eut un long instant de silence, le temps qu’elle la formule. Je plantai mes yeux bleus dans ses yeux mauves, pour l’observer. Et puis en une fraction de seconde, je me sentis honteuse. Honteuse, parce que j’avais daigné lui adresser la parole alors qu’elle était sûrement occupée à faire quelque chose. Mais ce n’était pas totalement de ma faute...J’avais vraiment l’impression qu’elle avait entendu toute la conversation et qu’elle nous observait.

Polie comme toujours, je me décidai à répondre à sa question. De toute façon, si je lui répondais elle se sentirait elle aussi obligée de le faire de son côté.

-Tout d’abord je m’appelle Camiki et je suis en seconde année. Si je veux savoir ton nom, c’est parce que j’avais comme l’impression que tu m’observais...

Du coin de l’œil, je remarquai les manuels de cours qui étaient posés un peu plus loin. Sant trop réfléchir, je m’avançai dans leur direction pour ensuite en saisir un.

-Je vois que je ne suis pas la seule à penser encore à réviser. Tu montes dans mon estime, jeune fille.

D’un côté, j’étais plutôt rassurée. Cette fille ne semblait pas bien méchante et je préférai largement discuter avec des gens timides, bien qu’eux ne soient pas vraiment pour qu’avec des personnes vaniteuses et j’en passe.

Je suis Sarah, et je suis en première année. Pourquoi je t’observerai ? J’ai d’autres trucs à faire qu’observer les gens. De plus, ce n’est pas dans mon caractère.

Je me sentis légèrement irritée par cette réponse, bien que je savais parfaitement que cette dernière n’avait rien d’offensant ou n’avait pas été dite de manière sèche. En même temps, je n’y pouvais franchement rien de mon côté. Était-ce ma faute si mon instinct me disait qu’elle m’observait alors que ce n’était pas du tout son intention?Non, ça je le sais. Le temps s’était doucement rafraîchi et une petite brise me parcourut l’échine, mais je n’en faisais point attention, mon regard était rivé vers ma nouvelle connaissance.

Tu te sens seule à être une personne sérieuse ?

Oui, parfois je me sentais vachement seule à être sérieuse. Les lourdauds qui composaient ma classe me faisaient oublier qu’il existait des gens tout aussi sérieux que moi dans ce lycée. Je pris une longue inspiration et la regardai toujours dans les yeux, adoucissant légèrement ma voix qui se trouvait habituellement un peu trop autoritaire.

« Oui. Je sais que je ne suis pas la seule à prendre à coeur mes études, mais je ne peux m’empêcher d’être désespérée en voyant que la plupart des gens de mon âge se concentrent sur des futilités. »

Je m’éloignai un peu d’elle, car maintenant que je savais qu’elle était quelqu’un de timide, je n’avais pas spécialement envie de la gêner encore plus.