- Aller Joaquim, debout là ça suffit ! dit-elle en tirant les rideaux puis ma couverture. Des frissons parcourent mon corps alors je décide de me recroqueviller en grognant. Elle soupire, quitte la chambre et enfin, fait claquer la porte. J'observe l'heure. 14h50. Ah ouais, quand même j'ai raté le déjeuner et connaissant ma mère, à mon avis elle ne risque pas de me faire à manger. Tant pis, je prendrai les restes. C'est donc sans aucune motivation que je me lève, enfile mes vêtements jetés d'hier soir par-ci et par-là. Ma chambre est vraiment un désastre, ça ne change pas de d'habitude j'ai envie de dire et avec deux amis dedans bonjour la pagaille. C'est là que ma petite soeur débarque avec un seau et une pelle, les bras croisés, faisant la moue. Oh. Zut, la plage. Oh non, c'est vraiment lourd. Je roule des yeux en comprenant son petit message et baille comme si de rien n'était. La garce me saute alors dessus.

- Tu as dit qu'on va à la plage aujourd'hui avec Bruno et Jade !
- Bah, écoutes t'iras avec eux. Je me frotte les yeux, franchement me crier dessus dès le matin, enfin, dès mon réveil je veux dire...
- Mais non ce sont tes amis ils vont pas s'amuser avec moi je le sais.

Je souffle. Ce qu'elle pouvait m'agacer parfois. Cependant je quitte la pièce sans lui donner une quelconque réponse. Je croise Bruno et Jade, déjà réveillés. Bruno était assis sur le canapé tandis que Jade aidait ma mère à faire le ménage. Je reste un instant bêtement debout là, à les observer sans réagir. Le brun me regarde de haut en bas, arquant un sourcil voyant ma sale mine, quand à Rosa, ma petite soeur elle se précipite sur ses genoux, lui demandant alors si on pouvait se rendre à la plage. Pourquoi. je. promets. des. choses. Jade observe le bocal où se trouvait John. Le fameux poisson rouge de la maison. Et là forcément, c'est le drame.

- Oh, je crois.... que votre poisson est mort.
- QUOI !!! hurlait alors Rosa, sous le choque. Attention.
- Pardon ? C'est une blague ? John est mort ? Aie. J'ai. je. J'ai mal au coeur, c'était ma vie. Je tombe au sol, lève une main vers le plafond. Ma vie... mon bébé. Nous avons vécu tellement de chose ensemble, à se regarder yeux dans les yeux, tu m'as soutenu dans des moments difficiles. J'y ai pourtant cru à notre amour... Pardonne moi, je n'aurai pas dû manger du thon hier soir, ce n'était pas voulu. Putain.
- .....Maman Joaquim se moque de moi !!

Ma mère soupire et continue ses petites occupations. Ça va ce n'est qu'un poisson, mais je comprends ce qu'elle ressent, perdre mes assassin's creed serait tout aussi dramatique. Le souci, c'est qu'elle pleurait genre vraiment. Bruno décide alors de la prendre dans ses bras en lui disant que ce n'était pas si grave, qu'il est au paradis et pense fort à elle. D'accord, tout va bien ici. C'est un poisson rouge. UN POISSON ROUGE. Je me gratte le cou et prends la parole d'histoire d'arrêter cette scène ô combien dramatique.

- Aller on va à la plage.
- OUAIS !!!

Il n'a pas fallu une seconde pour qu'elle s'en remette. En bref voilà, nous sommes allés à la plage, Bruno s'est fait un tas de copines blondes, Jade s'est faite piquer par une méduse, Rosa a bouffé du sable et ma mère s'est prise pour Pamela Anderson quant à moi, j'ai préféré bronzer. Ma vie est tellement passionnante je trouve. Et entre temps une abeille a semé la pagaille sous notre parasol. Wouh. Je ne vais pas vous cacher que moi aussi j'ai couru à la vitesse grand V. Disons que j'ai horreur des abeilles, certes ce n'est pas très viril mais quand gosse on a été piqué de nombreuse fois je pense que la peur reste peu importe l'âge. Comprenez ma souffrance. Donc ensuite on est rentré, poser, tout le monde n'est pas très content à l'exception de Bruno.

Seulement ce fut les derniers moments où je profitais de la plage (bronzer, j'appelle ça profiter, parfaitement Jean-Luc) parce que nous avions dû déménager ô joie. Mais je le savais depuis un moment, ma mère m'en avait parlé sinon ça ne serait pas trop cool de sa part tu vois. Jade et Bruno allaient forcément me manquer, mais ils pouvaient monter dans le Nord. Puis je suis parti de Nice sans broncher contrairement à Rosa qui a dû pleurer pendant tout le trajet comme si elle se faisait amener à vie dans un pays isolé loin de tous. La route fut longue. Énormément longue avec cette pie à l'arrière. Je pense qu'elle a dû monologuer pendant plus de deux bonnes heures.

- Mais John est mort chez nous, il faut y rester !! Vous êtes horribles, ça se fait trop pas !! Et Sophie et Catherine et Paul et Jean et Matthieu vous y avez pensé ? Mes amis pour la vie olalala mais maman dis quelque chose ! Joaquim, tes amis tu te rends compte tu ne les reverras jamais de la vie quoi ! Maaaamaaaan réponds réponds réponds ! S'il te plaît on rentre ! En haut il y a rien il fait toujours moche et il y a même pas la plage !

Comprenez ma souffrance. Elle braillait, encore et encore. Une fois dans l'appartement ce fut pire. Enfin bref, nous voilà ici maintenant depuis quelques mois déjà. Ma soeur a un nouveau poisson rouge et moi, je me retrouve dans un pensionnat. Ça ne change pas vraiment de d'habitude niveau vie, ce n'est pas comme si je sortais à droite et à gauche donc ça me va, tranquille.