Commençons par le commencement : C’était un mois de juin, le 7  au matin, il y a plus de 16 ans, ma mère est morte. Le jour de ma naissance, mon père a vu mourir sa bien-aimée pour une petite créature, un nourrisson rouge de sang. Il a dut m’élever seul depuis ce jour, me nourrir, me loger et travailler puis faire mon éducation bien sûr. Il me parlait beaucoup de ma mère ; elle était belle et plus je grandissais plus il me répétait que je lui ressemblais. J’aimais lorsqu’il me la décrivait, il avait ses yeux doux et profonds qui semblaient se noyer dans un océan d’amour. Mon père doit être la seul personne au monde à laquelle je tienne vraiment. Sans lui je ne sais pas ce que je deviendrais… Il aurait pu me haïr pour ce que j’étais, ce que j’avais fait. Mais au lieu de cela il me voyait comme « le fruit de leur amour », et c’est pour cela que je l’adore. D’ailleurs c’est lui qui m’avait initié à l’art, la peinture, la sculpture, le dessin sont rapidement devenu ma passion. C’était un moyen de plus aussi de communiquer avec mon père qui s’enfermer régulièrement dans son atelier pour peindre et rêver. Mais il fallut s’occuper de mes études, et pour ça, mon père ne pouvait pas trop m’aider. Un artiste tête en l’air qui avait lâché l’école très tôt pour apprendre la charpenterie ne connaissait rien du lycée et la prépa était un luxe qu’il n’aurait jamais pu s’offrir avec son père alcoolique et sa mère seule au foyer avec un boulot de caissière. Bref je choisis un pensionnat pas trop loin de la maison et dans nos moyens : la pension Suki Gakue.