-          Tcch !
 
Je me prends les pieds dans mon essuie, du coup le shampoing valse et je me retrouve la gueule contre le carrelage humide des douches communes. Oh putain c’est déguelasse.
 
À croire que ça devient une habitude pour moi, de me casser la figure. L’autre fois à la bibliothèque, du haut de cette échelle bancale, et maintenant contre le sol rempli de cheveux – à moins que ça ne soit des poils ? – des douches des mecs. J’vais gerber putain.
 
Je me relève péniblement. Ma figure, plus particulièrement mon nez, me fait mal. Je choppe ce que j’ai fait tomber plus tôt, et je me tourne pour découvrir ma face dans le grand miroir qui borde la salle de bain. D’après certaines filles de ma classe, je suis beau gosse. Sérieusement ? Qu’est-ce que j’ai de si attirant ? Je n’ai pas ces tablettes de chocolat dont rêve chaque meuf, je n’ai pas non plus un visage de top model… Mes yeux sont perçants, ma bouche est pincée, mon teint est pâle, mes cheveux sont plus noirs que les plumes d’un corbeau et je suis de taille moyenne. Alors franchement non, je ne suis pas un de ces beaux gosses désirables.
 
Plongé en plein questionnement existentiel, j’en aurais presque oublié que je dois me laver. Je ne porte actuellement qu’un boxer, et franchement je n’ai pas envie que quelqu’un me voit comme ça. Comme ça indiquant les griffes dans mon dos, dues à un petit blond trop excité par notre dernière nuit.
 
Tweek m’intrigue. M’aime-t’il encore ? Ou n’était-ce que pour combler ses envies qu’il a couché avec moi ? Allez savoir. Je n’arrive même plus à me retrouver dans mes propres sentiments, à savoir si je l’aime sincèrement ou non.
 

Je soupire et passe une main dans mes cheveux. J’suis claqué à dire vrai, j’ai même pas envie de me laver. Si je le fais, c’est pas par besoin, juste parce que je veux pas puer le troll. Je m’assois sur le banc, tête en arrière, fixant le plafond. Atteint d’une flemme inconsidérable.

" Putain, ils sont tellement pauvres qu'il sont obligés de faire des douches publiques ?! Sérieusement ?!"

C'était son premier soir dans ce pensionnat, et Jonathan en avait déjà marre. Il trouvait inadmissible de ne pas avoir une douche rien que pour lui, comme c'était le cas chez lui. Mais le plus dur pour lui, c'était l'idée de croiser ou même d'apercevoir un garçon. Sa première journée l'avait crevé, il n'était plus aussi bien coiffé qu'au matin, il avait transpiré et son maquillage avait bavé le long de sa joue. Heureusement pour lui, il avait atteint les douches sans croiser personne. Le pire était passé.

Jonathan prit son gel douche, et commença à s'en badigeonner un peu partout sur le corps. Pour son plus grand bien, il avait pensé à prendre trois tubes de son gel douche préféré avant son déménagement. A la fraise-menthe. Si il ne l'avait pas prit, il aurait du se laver avec celui que l'établissement prêtait aux pensionnaires. Un produit bas-de-gamme que Jonathan n'avait même pas envisagé une seule seconde de s'en servir. 
Il se retourna, et observa son reflet. Il se mordit la lèvre inférieure, et orienta son regard vers son bas-ventre.

" J'ai grossis..."

Il vérifia une première, puis une deuxième et enfin une troisième fois que c'était bien le cas. N'importe qui de normal n'aurait rien vu de différent, mais pour Jonathan, c'était différent. Il ne pouvait pas se permettre de même prendre 500 grammes.

-          Tcch !



Jonathan se mit la main devant la bouche, pour s'empêcher de crier. Son ventre l'avait complètement déconnecté de la réalité, et il n'était pas allé assez vite. Quelqu'un était dans la salle de bain lui aussi.



" Bordel de..."



Il se plaqua au mur de sa douche, pour ne pas se faire repérer, et leva la tête, regardant partout autour de lui, cherchant une issue.


" Il faut que je sorte d'ici et vite."

Un bruit. J’ai entendu un putain de bruit. Pourtant je suis sûr d’être seul dans cette pièce. Aucune douche ne semble couler. À moins que quelqu’un est en train d’arriver ? Dans ce cas merde.
 
Je me lève, shampoing et serviette dans les mains, et je rentre dans une cabine au hasard. Je mets le shampoing au sol, la serviette au-dessus de la porte, et je tire mon caleçon.
 
Wait.
 
Pourquoi est-ce qu’il y a un second gel douche à côté du mien ? … Quelqu’un peut l’avoir oublié là. Bien sûr. C’est sûrement ça. Parfum fraise menthe ? Une fille serait-elle venue profiter de nos douches déguelasses ? Probablement pas. Ça doit appartenir à un gay.
 
Con comme je suis, je n’ai même pas remarqué que je ne suis pas tout seul. Je tourne la tête et repose le gel douche qui ne m’appartient pas, avant de pousser un cri étouffé par ma main.
 
Un mec. À poil. Enfin c’est pas le seul, mais là n’est pas la question. Qu’est-ce qu’il fout là ? Il s’admire dans le miroir de la douche ? Pourtant il n’a rien de particulier. Mais putain pourquoi il est là ?
 
Je fixe le propriétaire du shampoing de gay dans les yeux. Il me fait déjà chier.
 
-          Dégage.
 
Mon ton est froid, en même temps je ne vois pas pourquoi il serait gentil, doux, aimable et poli – barrer la mention inutile. Vous me voyez demander à ce type : « Excuse-moi beauté fatale, pourrais-tu sortir afin que je prenne ma douche s’il te plaît ? ». Faut pas pousser la connerie trop loin quand même.
 
-          Vite.
 

Mes yeux deviennent de plus en plus noirs, pourtant mon visage reste impassible. Non je ne rougis pas. C’est pas tellement gênant. C’est juste que ça fait chier.

Ca ne pouvait pas être pire pour Jonathan, qui voit l'inconnu entrer dans sa douche. Une sueur froide l'envahit, et tout se bouscule dans sa tête. Il ne sait pas quoi faire.

Partir en courant ? Espérer qu'il ne le voit pas -ce qui est impossible- ? Le frapper ? L'insulter ?

" Oh mais..."


Jonathan, ne pouvant s'empêcher de matter, dirige son regard vers l'entrejambe du garçon en face de lui, avant même de regarder ses cheveux, ou même son corps.

" Il est nu. Complètement nu."

Jonathan se tape la tête avec sa main gauche, ne faisant même pas attention à ne pas faire de bruit.

" Je suis tellement désespéré que je suis excité rien qu'à la vue d'un engin d'un mec quelconque ? Je suis tombé bien bas."

Et c'est le drame. Celui en face de lui se retourne et le voit. 

"Si tu ne lâches pas ce gel douche maintenant, je vais te.."

Avant qu'il ne puisse dire quelque chose, l'inconnu se baisse et repose le gel douche. Lui permettant de le mater une dernière fois avant de se concentrer sur le reste. Cheveux noirs, yeux noirs, plus petit que Jonathan et ni musclé ni maigrichon.

"Banal."

Cachant d'une main sa verge, et l'autre autour de son ventre, Jonathan fixe dans les yeux avec autant de provocation qu'il le peut "celui qui s'incruste dans la douche des autres." 

- Dégage.

Jonathan hausse les sourcils, avant d'attraper sa serviette, voulant cacher l'excitation qui commence à le gagner.


"Comment il me parle ce type ? Il s'est cru où ?"


- Vite.

Un petit silence s'installe dans la conversation, mais qui est vite rompu par Jonathan, qui rit d'un petit rire moqueur, mais qui reste néanmoins sexy. Il pose alors sa main sur l'épaule du brun, et approche sa bouche de son oreille.

" - Ecoute moi bien, je ne sais pas si tu es juste débile de n'avoir pas vu que j'étais dans la douche, ou que tu es un gros pervers en manque, mais si tu ne sors pas de suite, je t'arrache avec les dents ton engin. Compris ?"

Jonathan lui tapote la joue, avant de lui pousser très doucement l'épaule droit, pour le faire s'en aller.

-          Ecoute moi bien, je ne sais pas si tu es juste débile de n'avoir pas vu que j'étais dans la douche, ou que tu es un gros pervers en manque, mais si tu ne sors pas de suite, je t'arrache avec les dents ton engin. Compris ?
Sa bouche trop proche de mon oreille me dégoute, mais je n’ai pas le temps de le repousser qu’il me tapote la joue et me fait reculer. Putain pour qui il se prend cet espèce de gay ? Pourquoi ce serait moi qui devrais dégager ?
 
J’ai bien remarqué qu’il m’avait maté plus tôt, ce qui me dégoute encore plus. Quoi, ça l’excite qu’un mec entre par erreur – et j’insiste sur ce fait – dans la douche où il se trouve ?
 
-          S’il y a bien un gros pervers en manque ici, c’est toi.
 
Et puis, c’est quoi son délire avec m’arracher ma teub avec les dents ? Franchement, il n’aurait même pas l’audace de le faire. Et je n’ai certainement pas l’intention de dégager pour « sa majesté ».  Je le regarde froidement, puis pousse un soupir et lui indique la porte de la cabine de douche de l’index.
 
-          Maintenant fous moi le camp.
 
Il m’énerve, et je sais que lui dire encore et encore de dégager ne servira strictement à rien. Alors je fronce les sourcils et prends un air plus ou moins menaçant. Du moins, aussi menaçant que je peux prendre.
 
-          Et si tu ne dégages pas tout de suite, je vais te violer dans cette cabine.
 

Putain Craig, tu dis vraiment de la merde parfois.