Le lundi après-midi, pendant que la plupart des élèves du pensionnat Suki Gakuen rentraient chez eux, Jonathan était devant le portail, immobile, entouré de ses valises plus grosses les unes que les autres et de cartons usagés. A cause de son père, il avait été forcé de se rendre dans ce pays pourri, dont il n'avait pas entendu beaucoup de bien. Il regrettait déjà son ancien lycée, ses anciennes amies, ainsi que ses anciens profs. Son professeur de littérature, Monsieur Namiki, lui vint immédiatement à l'esprit. Il était si beau, et si jeune, qu'à presque tous ses cours Jonathan se surpassait pour se faire remarquer par celui-ci, et le draguait de façon peu discrète. Tous les mardi et jeudi, il abusait des vêtements courts et moulants, espérant avoir une réaction du côté de Monsieur Namiki. La dernière fois qu'il l'avait vu, il était certain que Namiki avait louché sur ses fesses quand il était passé dans la rangée pour distribuer les devoirs corrigés. Il était certain pour lui qu'il ne retrouverait sûrement pas un monsieur Namiki, ou même un beau garçon ici. Il plongea sa main dans la poche de son mini-short, et prit son miroir de poche, l'ouvrit, et observa son visage.

" J'ai bien fait d'acheter cet eye-liner, il est parfait."

Il referma son miroir de poche, et attrapa son Iphone en même temps qu'il le rangea. Il se connecta sur son réseau social préféré, et observa les notifications qu'il avait. 13 personnes avaient publié des messages de remerciement, de compassion et d'encouragement à son égard, ainsi que des photos de lui et des "A bientôt." A bientôt. Comme si il y avait une chance qu'il revienne là-bas un jour. Une fois avoir répondu à ces messages, il se retourna vers ses valises, et un sentiment de flemmardise intense se propagea en lui. Il n'aurait pas du emmener autant de choses. Il allait mettre des heures et des heures à les transporter jusqu'à sa chambre. Une idée lumineuse lui vint alors à l'esprit et avec un large sourire, Jonathan s'assit sur une de ses valises, attendant qu'un pigeon ou une pigeonne serait assez naif ou gentil pour l'aider à transporter ses bagages.

- Tu sais que le Bon Dieu va pas les porter tes valises.



Jonathan, jusque là désespéré que personne n'ait daigné de lui proposer son aide ou carrément de l'accoster, se retourna d'un coup, un grand sourire aux lèvres vers celui qui lui parlait. Il était temps pour lui que quelqu'un lui vienne en aide. Il n'en pouvait plus. Depuis une trentaine de minutes, il était resté là, assis sur sa valise à attendre, sous une chaleur accablante, que quelqu'un l'aide au lieu de monter ses valises dans sa chambre et de se relaxer. Il était hors de question pour lui de se fatiguer dés le premier jour. Sa popularité en dépendait. Il ne voulait pas que les autres élèves le voient monter ses valises, plein de sueur et décoiffé. Autant se faire bien voir par la plupart d'entre eux dés le premier jour. Il sourit au jeune homme en face de lui, qui était sûrement un professeur. Et aussitôt, il pensa à Namiki. Quasiment aussi beau que lui. Jonathan fit alors son sourire le plus charmeur qu'il ait en stock, dévoilant sa dentition parfaite, et se caressa lentement la cuisse gauche d'une façon sensuelle.

" Il ne va pas non plus m'empêcher de te montrer mes belles jambes, mon mignon."

Jonathan se leva, tout en enlevant ses lunettes de soleil présentes sur le bout de son nez pour les glisser dans ses longs cheveux roux et tendit la main vers son interlocuteur.

" - Moi c'est Jonathan, enchanté."

Il tourna sa tête brièvement vers son bric à brac, et se demanda pendant quelques secondes pourquoi il avait emmené autant d'affaires. C'était beaucoup trop. Il baissa la tête, et prit l'air le plus chou qu'il avait en stock.

" - Dis, tu veux bien m'aider à transporter mes affaires ? J'ai peur de me fatiguer."

- Luciofel Ivan , professeur d'Italien , vous devriez déjà être dans votre chambre vous savez.

Ok, beau, mais de mauvaise foi. Mais ça, Jonathan pouvait le comprendre. Être prof, mal payé, ça devait faire mal. Il n'avait jamais été très courtois avec les professeurs. Pas non plus au point de les provoquer sans cesse, mais ça lui arrivait. Malgré le fait que le fantasme Elève-prof l'avait toujours attiré. 

Puis soudain, aussi soudainement qu'en prenant Jonathan par surprise, un fou rire lui vint. 

- Ah ahah ah aah elle est bien bonne celle la , supporte ta jeunesse et bouge ton cul , d'ailleurs je te rappelle que je suis ton professeur donc tu ne me tutoie pas. Personne ne va piquer tes affaires tu sais .


Jonathan haussa les sourcils et soupira. Il prit une cigarette dans sa pochette, ainsi que son briquet et se leva pour être plus proche du professeur.

- Quelle impolitesse !

Il s'attrapa une mèche de cheveux, et entreprit de la faire rouler autour de son doigt.


- C'est quoi la raison ? Vous venez de recevoir votre paye ? Vous êtes triste ? Ou tout simplement en manque ?

Jonathan s'approcha un peu plus d'Ivan, et orienta son regard vers l'entre-jambe de celui-ci. Avant de relever la tête, et de retourner auprès de sa valise, en marchant tout aussi gracieusement qu'il le faisait d'habitude.


" Qu'il aille se faire voir. Un autre m'aidera."