J'étais assis en tailleur sur l'herbe, à l'ombre d'un grand arbre. Quel heure était t-il ? Je relevais ma manche pour m’apercevoir que j'avais encore pommé ma montre. Il devait me rester encore à peu près une demi-heure avant de devoir retourner en enfer. Quand je dis "enfer", je parle des cours bien entendu. C'est une vrai torture, rester assis sur une chaise sans rien faire pendant des heures, c'est ennuyeux. Oh et puis zut, je n'irais pas. A force de sécher les cours, les gens finissent par oublier mon absence alors que j'y aille ou non, personne ne verra la différence. Je fouillais dans mon sac essayant d'y dénicher un vieux calepin et un crayon. C'est vraiment le gros bordel dans ce sac, je me demande comment j'arrive à m'y retrouver. Il est remplit de vieux paquets de chips moisis, de feuilles froissées et de trucs parfaitement inutiles.
J'y dénichais tout de même ce que je cherchais. Je laissais déborder mon imagination, c'était comme si mon crayon dessinait et traçait des formes de lui même sur la feuille.
Je relevais un peu la tête pour admirer le "chef d'oeuvre" que je venais de réaliser. Je poussais un profond soupir en me rappelant que j'étais très nul en dessin et que je dessiner comme un pied. Je marmonnais entre mes dents:
- Qu'est-ce que c'est horrible. Ça ressemble .. à rien.
Je m’apprêtais à chiffonner le papier quand je vis une ombre apparaître sur la feuille. Quelqu'un se tenait derrière moi et m'observait..

Je viens de sortir de la bibliothèque, là où j'avais fait la connaissance d'une personne qui était sympas. Je descant les escaliers est je vais dans la cour. Je regardai ma montre pour savoir si je devais aller en cours, mais j'avais du temps devant moi. A part la fille que j'avais rencontrais à la bibliothèque, je ne connaissais personne. C'est alors, que je vis un garçon à côté d'un arbre. Il tenait un crayon dans une main et un calepin ou pour être exacte un carnet un dessin de l'autre. Vue ce que j'ai vécu, j'ai préférais regarder ce qu'il dessine sans qu'il me remarque: regarder son dessin derrière son épaule. Je l’entendis marmonnais que son dessin était « horrible », «que ça » ne ressemblait à rien ». Ce n’était pas de mon avis, j’avais vue bien pire. Oui, en primaire, il y avait un garçon qui dessiné comme si il était en maternelle. Un truc inimaginable, complètement fou. Pour le rassurer, je dis tous bas :

- Non, c’est joli.

Je ne savais pas si il avait remarquait ma présence mais j’espérais que non. Je ne savais pas comment il allait réagir ni si il allait m’apprécier. Je me contenta de sourire, ramener mes mains sur mon cœur et de fermer les yeux. Le vent soufflet.

- Non, c’est joli.

Je sursautais de frayeur et me retournais brusquement. J'étais limite au bord de la crise cardiaque.

- Comment t'as fais pour arriver là ? Tu t'es téléportée ou quoi ? Préviens la prochaine fois, tu m'as fais peur !

Je me rendis compte que je hurlais, en même temps, quelle idée de surgir comme ça de nul part. J'étais tellement chamboulé que je n'avais pas vraiment observé la jeune fille qui se tenait à présent devant moi.
Ses cheveux blonds attachés d'un ruban volaient dans le vent et ses beaux yeux bleus pétillants reflétaient la lumière du soleil.
Je baissais le ton.

- Excuses-moi d'avoir crié mais c'est juste que tu m'as fais flippé là..

Je me retournais encore une fois pour récupérer ma feuille que j'avais laissé tomber. Elle n'était plus là. Je regardais autour de moi, la feuille flottait dans les airs, le vent était en train de l'emporter.

- MA FEUILLE ! MA FEUILLE !

La jeune fille courut dans toute la cour en essayant tant bien que mal de rattraper ma feuille.
J'étais plutôt amusé par le spectacle qui se présentait devant moi, je ne pus m'empêcher d'échapper un petit gloussement.
Elle revînt vers moi et me tendit la feuille en tournant les talons.
-D'accord, je m'en vais.

Je l'a vis s'éloigner quand j'entendis un petit "Cling", comme si quelque chose venait de heurter le sol. J'aperçus un joli petit collier en coquillage rose, je le ramassais en vitesse, courut vers la jeune fille en lui attrapant le bras.

- Tu n'aurais pas perdu .. ceci, par hasard ? fis-je en agitant le collier au dessus de ma tête.
Et pendant qu'on y est, c'est quoi ton nom ? Moi c'est Aoi, c'est un peu un prénom de fille mais bon, c'est pas moi qui l'a choisi hein.

La jeune fille se mordit la lèvre inférieure, l'ambiance qui régnait entre nous était très tendue et j'ignorais pourquoi. Le jeune fille avait l'air un peu angoissé. Avais-je touché un point sensible qui avait pus la blesser ?
Elle ouvrit la bouche tout en reculant d'un pas.
-Je suis Aoi Sorano.

Le temps que l'information ne fasse le tour de mon cerveau, j'eus un moment d'arrêt avant de réaliser qu'elle avait le même prénom que moi.
Sans vraiment savoir pourquoi, j'éclatais de rire. Ça m'arrive souvent d'avoir des fous rires comme ça, même quand la situation n'a rien de très drôle. Un peu comme maintenant par exemple.
Je relevais la tête vers la jeune fille, enfin plutôt, vers Aoi, un petit sourire au coin des lèvres.
-Je confirme, c'est vraiment un prénom de fille.
Sinon, t'es nouvelle ici ? J'vais pouvoir t'embêter, j'adore embêter les petits nouveaux.

-Je suis une fille, et tu n'as pas spécifié que tu m'embêterais car "nouveaux" est au masculin. Tu as ta réponse.

Je fixais Aoi d'un air blasé, elle n'avait visiblement pas compris que c'était de l'humour. Je riais intérieurement, cette fille était vraiment bizarre.

-Ah bon ? Tu es une fille ? Je savais pas.

J'ignorais si elle allait encore le prendre au premier degré mais c'était sortit tout seul. Je réfléchis jamais avant de parler alors je dis toujours des trucs un peu sarcastique, sans savoir si ça va blesser les gens ou pas. Mais au fond, je m'en moque.
J'essayais de me rattraper un peu en lançant, pour détendre un peu l'atmosphère:

-Il faut vraiment que je m'achète des lunettes!

Je riais tout seul à ma phrase. Oui, je ris souvent de mes propres blagues, même si elles sont pas drôle du tout.

Sans que je puis-ce dire quoi que ce soit, Aoi m'arracha mon carnet et mon crayon des mains. Elle se mit à tracer de grands traits sur la feuille. Je l'a regardais avec de grands yeux ronds, je penchais le tête sur le côté pour tenter d’apercevoir ce qu'elle pouvait bien dessiner. Elle releva la tête pour me montrer son dessin, de jolies lunettes à forme rectangulaires.

-Tu veux des lunettes comme ça? Ou des lunettes rondes?
Si tu veux, on va chez l’opticien tous de suite!

Je pouffais de rire, j'allais avoir une crampe à l'estomac à force. Aoi riait. C'était la première fois que je l'a voyais dans cette état et j'avais l'impression qu'une autre personne se tenait en face de moi. Elle ne m'avait même pas adressé un seul sourire jusqu'à maintenant et la voilà qui resplendissait, comme un rayon de soleil. Je tendis la main pour reprendre le dessin et découpais autour des lunettes avec mes dents.

-C'est pas très pratique mais j'ai pas de ciseaux.

Je plaçais les lunettes sur mon visage, essayant de les maintenir en équilibre sur mon nez. Je devais vraiment avoir l'air d'un clown mais bon, en même temps, ça ne change pas de d'habitude.

-J'ai la classe, nan ?

Aoi s'arrêta de rire et me dévisagea comme si j'étais un extraterrestre venu d'une galaxie très lointaine.

-Tu sais que tu ressembles à un clown, alors pourquoi tu dit que tu as la classe?

Cette fille ne comprenait décidément pas l'humour, ce qui me fit rire un peu dans mes moustaches.

-Ironie ! C'était de l'ironie, ma p'tite !
Je sais bien que j'ai l'air d'un fou échappé de l'asile psychiatrique mais c'est pas nouveau tu sais.

Je riais encore moi même à ce que je venais de dire, elle devait me prendre encore plus pour un clown. Quelqu'un qui rie tout seul à ces blagues, ça fait un peu peur quand même.
Je ne sais pas ce qui me pris sur le coup mais je dégainais mon crayon et le portais à ma bouche en guise de micro.

-Approchez, approchez, Mesdames et Messieurs ! Vous allez .. tremblez devant ce spectacle ! Et voici donc .. Aoi le magicien !

J'imitais les roulements de tambour en tapant en rythme sur mon petit carnet. Je pris une petite pièce qui traînait dans ma poche et exécutais un des tours de magie que m'avait appris ma grand mère. En un clin d’œil, je fis disparaître la pièce.

-Le spectacle est terminé, par conséquent, je pars. A bientôt Aoi le clown.

Elle me tourna le dos et partit dans une autre direction. Quelle fille bizarre ! Remarquez, elle doit aussi penser que je suis bizarre. En même temps c'est un peu logique étant donné que je n'arrête pas de faire l'abruti.
Elle était déjà loin mais je lançais:

-T'as même pas applaudis à mon numéro, quelle malpolie!
A plus !

J'ignorais si elle m'avait entendu étant donné que je ne la vis pas se retourner, en même temps elle était déjà cachée par les grands arbres qui longeaient la cour et on ne peut pas voir à travers les arbres. Désolais de vous décevoir mais je ne possède pas de super-pouvoir.
La sonnerie retentit, annonçant le début des cours. Aoi devait certainement être dans le couloir, ou même déjà entrée dans sa salle. Je restais là, assis, presque somnolant.

FIN.