Tweek. Tweek. Tweek.
Son nom résonnait dans ma tête comme un écho, au fil de mes pensées. C’était lui, et personne d’autre. Pas une illusion sortie de mon imagination, pas quelqu’un y ressemblant. Lui. Mais le temps que j’essaye de trouver quelque chose à dire, il s’était déjà enfui. Je le comprenais, en un sens. Et puis qu’est-ce qu’il foutait là, bordel ? Il était censé être à New-York. Pas en France. Et encore moins dans le même lycée que moi. Je fixai la tasse de café renversé sur le sol, tandis que quelques femmes de ménage s’affairaient en maugréant des insultes sur la personne qui avait renversé sa tasse. J’avais envie de leur rappeler que sans ça, elles n’auraient pas de job. Mais je préférais me taire, et à la place, je ramassais la tasse de Tweek pour la déposer sur la table.
Je commençais à avoir mal à la tête. De plus, cette fête commençait à basculer tout doucement vers une parodie de film romantique. Je préférais donc rentrer dans ma chambre. Pour dormir. Enfin.
Je fis le trajet dans le froid, en essayant de le chasser de mes pensées, mais il revenait sans cesse à l’assaut. Tweek. Ça m’énervait. Je devais penser à autre chose. Parce que si je pensais trop à lui, j’allais rougir. Et on allait voir mes sentiments. Et ça, pas question. La seule qui avait le droit de les voir, c’était elle. Et encore. Ce matin n’avait été qu’une exception. Pleurer dans les bras d’une fille. Sans déconner. J’étais tombé bien bas pour lui raconter ma vie de long en large comme ça. Mais c’était fait, et je lui accordais ma confiance. Confiance qui n’appartenait qu’à elle. Et un peu à Tweek aussi.
Je m’allumais une clope, que je dus vite abandonner en arrivée devant Suki. Je l’écrasais sur le sol glacé d’un mois de janvier trop froid par rapport à décembre, et je me hâtais de monter à l’étage où était situé ma chambre. Je m’arrêtais devant ma chambre, et essayai d’ouvrir la porte. C’était fermé. Pourtant j’étais sûr de l’avoir laissée ouverte. Je soupirais, sortait ma clé et déverrouillai la porte. J’ouvris et…..
Je ne savais pas quoi faire. Peut-être même que je m’étais trompé de chambre. Non putain, les autres chambres ne s’ouvraient pas avec la clé de la mienne. Mais alors… C’était lui, mon coloc’ ? Et puis…. Qu’est-ce qu’il….
Mes pensées s’embrouillaient dans mon cerveau. Et je bandais en plus. Je me retournais, pour me retrouver face à la porte que j’avais fermée. J’étais rouge, rouge de honte, et sûrement d’autre chose aussi. Je ne l’avais jamais vu comme ça. J’avais déjà du mal à accepter qu’il soit là, à Suki. Mais en plus dans ma chambre, à faire ce genre de choses… Putain.
– Tu… Euh… Désolé... Pourquoi je m’excusais moi ? En plus je n’avais dit qu’une suite de mots complètement incohérents. J’étais perdu. Et excité. Mais perdu aussi. Et surtout, je me demandais… Pourquoi. Pourquoi est-ce qu’il en était amené à utiliser ce genre de choses pour ressentir un quelconque plaisir ? Pourquoi ne pas…. La pensée qui traversa mon esprit à ce moment-là était vraiment perverse, et excitante. J’avais pensé que je pouvais bien lui servir de substitut au vibro… Mais je savais qu’il allait dire non. Parce que ce genre de choses ne se demandait pas. Du tout.
Pourtant je le voulais. J’avais encore des sentiments pour lui, et bien que les siens fussent sûrement partis depuis le temps, j’avais envie de rester près de lui. Et maintenant que je le revoyais, je ne devais surtout pas laisser passer cette chance.
Je me retournais donc, peu sûr de moi. Je m’approchais de son lit, et m’assis à ses côtés. Je plantais mes yeux neutres dans les siens, en me retenant de rougir.
– Tu es sûr que… Tu ne voudrais pas quelque chose qui te fasse plus de bien ? Oh. Mon. Dieu. Qu’est-ce que je venais de dire. Mon rougissement se déclencha automatiquement, et je déposai un baiser rapide sur ses lèvres.
– Ca fait un an qu’on ne s’était pas vus non ? Tweek. Tu me rends fou.