Honnêtement, le jour où je l’ai rencontré, je n’aurais jamais pu penser que nous allions en arriver là. Je veux dire, au départ ça n’était qu’un simple jeu sexuel entre nous deux. Un jeu interdit, dangereux. Qui avait duré pendant des tas et des tas de nuits de baises intenses, où chacun avait le dessus à un moment ou un autre. Et puis, mes sentiments s’en étaient mêlés, et j’étais tombé amoureux. Mais j’étais persuadé que c’était à sens unique, alors j’ai essayé d’enterrer ses sentiments au plus profond de mon âme. Mais ils ressurgissaient chaque nuit, quand je le regardais dormir, et bien souvent je m’endormais en le contemplant.
Le temps passa, les nuits et les orgasmes s’ensuivirent, et un soir où j’avais décidé de ramener de l’alcool… Il m’avait déclaré qu’il m’aimait. Je n’aurais pas su décrire ce que je ressentais à ce moment-là. Je m’étais simplement contenté de le sauter, aussi passionnément que je pouvais. Et la vie suivit son cours, il emménagea très vite en semaine dans mon appartement, retournant le week-end chez son manager, ce qui m’a toujours rendu un peu jaloux, même si je ne le lui avouerais jamais. Le romantisme prit sa place également, équilibrant parfaitement avec nos envies sexuelles et notre amour. Nous étions heureux. Très heureux.
Et nous voilà à aujourd’hui. Alors que je tremble comme une feuille devant le morceau de papier où j’ai moi-même écrit tout ce que j’avais à faire. Il est à un match de tennis, je ne risque pas de le revoir avant ce soir, ce qui me laisse pas mal de temps. Malgré tout je ne dois pas trainer. S’il perdait le match, bien que je ne doute pas de son talent, il reviendrait plus vite. Donc je dois me dépêcher.
Je prépare le repas préféré de mon amour (une soupe aux légumes, ok c’est simple, mais préparée avec mes soins ça devient vite délicieux), je lui coule un bain pour qu’il ait le temps de se laver après son match éreintant, je lui prépare une tenue d’intérieur assez classe tout de même et je prépare la chambre. Tout est fin prêt, ou presque. Je dois encore me préparer.
Je me change, me coiffe et me rase. Après une rapide réflexion, j’ébouriffe mes cheveux en soupirant. Ils ne me conviennent pas, et si je ne les aime pas, aucune chance pour que mon amour les apprécie lui. Je passe un temps pas possible à les coiffer de toutes les manières possibles et imaginables, et finalement j’opte pour une coupe négligée mais pas trop. Je porte une chemise avec une cravate bleue, comme le jour où on s’est rencontré. Ça doit bien faire 3 ans maintenant. Je rougis quand je tâte la petite boîte noire qui est dans la poche droite de mon jean. Je n’ai même pas encore décidé à quel moment je lui demanderais, tout ça est un peu trop précipité pour moi, mais j’ai envie de m’unir à lui comme le font ces couples hétéros.
Je ne sais pas quoi faire alors j’attends. Je vérifie que la soupe chauffe bien. Je refais couler un bain parce que le précédent a refroidi et je dispose toutes sortes d’huiles et d’aphrodisiaques dans la chambre. Quand j’entends la clé tourner dans la serrure je souris. Il est enfin arrivé. Si je ne devais écouter que mon cœur je lui sauterais au cou et je le sauterais ici et maintenant, mais je dois retenir mes pulsions. Je sais que je veux tout le temps baiser, mais là c’est notre soirée. Je dois me modérer. J’accoure dans le hall en lui souriant radieusement et en lui adressant un signe de la main. Il dépose un baiser passionné sur mes lèvres et m’apprend qu’il a gagné. Je le félicite et lui indique le bain que je lui ai préparé. Il s’éclipse dans la salle de bain tandis que je dispose la soupe dans nos bols, et que je m’assois à table, plus que nerveux. L’attente n’en finit plus, et quand il surgit enfin de la salle de bain, portant la tenue que je lui ai préparé, je manque de paniquer. Heureusement, je me contrôle encore assez pour lui intimer de s’assoir et nous mangeons tout en discutant de sa victoire. La discussion se fait joyeusement, et j’en oublie presque ce que je devrais faire à un moment ou un autre. Soudainement je laisse parler mon corps, mon pied en particulier, qui tâte la cuisse de mon amant. Ce dernier ne tarde pas à me lancer un sourire coquin.
- Tu remets ça ?
Cette fois il n’attend pas que j’arrive à son entrejambe pour m’embrasser, il se lève directement pour m’allonger sur le sol et me donner un baiser passionné, qui me donne envie de plus, d’encore plus. Mais je ne veux pas qu’on le fasse ici, du moins ce soir.
- J’ai préparé la chambre pour ça…
Il me porte comme une princesse et m’emmène jusqu’à la chambre où il me jette sur le lit et se met directement à quatre pattes sur moi, son magnifique sourire accroché aux lèvres. Je passe mes bras autour de son cou pour l’attirer à moi et l’embrasser une énième fois, tandis qu’il me déshabille de ses mains habiles.
C’est lui qui domine cette fois. Nous le faisons dans toutes les positions possibles et imaginables, jusqu’à la fatigue suprême. Je me blottis contre lui tandis qu’il me murmure qu’il m’aime et je souris. Je cherche à tâtons dans l’obscurité mon pantalon où est dissimulée la petite boîte noire. Je la sors avec un sourire caché par la noirceur de la pièce tandis que Sam me demande ce que je fabrique. Je m’assois à califourchon sur son ventre, et il me sourit en pensant sans doute que je veux le refaire. Mais il n’en est rien. Je tends la petite boîte et l’ouvre, mon cœur battant à tout rompre, soudain pris de doutes. Et s’il me refusait ? Et s’il était dégouté, parce que ça ne se faisait pas entre hommes ? Je respire un grand coup avant de commencer :
- Sam, tu sais que je t’aime, je te l’ai répété assez de fois. Par le passé, lorsque tu faisais encore tes études, nous ne pouvions pas sortir ensemble en public. Mais tu les as terminés, et tu es devenu tennisman professionnel. Et on sait que je suis ton petit ami. Mais je voudrais être plus que ça. Je voudrais que, partout où tu ailles, tu aies cette alliance sur toi, juste pour qu’on sache que tu es à moi et que je suis à toi. C-C’est maladroit dit comme ça, je sais mais… Est-ce que tu veux bien m’épouser ?