Depuis sa plus tendre enfance, Gabriel s'était démarqué de la génération dans laquelle il avait grandit. Ses intérêts, ses goûts et ses choix différaient du semblant de ''commun'' qu'une personne normale possédait. On le voyait la plupart du temps seul, dans un coin, un livre entre ses mains. Or il n'était ni timide, ni anti-sociable. La compagnie des gens le rendait toujours heureux et il prenait un malin plaisir à parler, sans s'arrêter. Gabriel était seulement très lunatique, et avait toujours le nez plongé dans les fantaisies de divers bouquins et recueils de poèmes. Son imagination était débordante, aucune barrière ne semblait la couper et elle donnait l'impression d'être infinie.

Alors qu'il n'était qu'un enfant et que les garçons de son âge préfèraient lire des bandes dessinées de Garfield, lui avait déjà entamé la lecture des diverses fables de Jean de La Fontaine.

Possédant un caractère plutôt taquin, il profitait parfois de son style vestimentaire pour effrayer ceux qui portaient des préjugés à son sujet. Un sourire dément, des yeux fous et la cible s'empressait d'aller loin de cet étrange individu. Heureusement, les gens osant le défier étaient plutôt rares. Alors que d'autres personnes étaient intéressées par lui, d'autres préféraient ne pas le côtoyer. Et tout cela restait bien loin de la tête à Gabriel.

La chose qui faisait de lui ce qu'il était, c'était la littérature. Les livres et les poèmes. Mais pas n'importe lesquels; il avait une adoration particulière pour ceux qui dataient de plusieurs siècles, par l'écriture si soignée et spéciale qu'ils possédaient. Tout ce qui appartenait au passé l'attirait; et l'époque Victorienne était sans aucun doute sa préférée, par dessus tout pour la finesse des habillements de ce temps-là.

Même s'il avait de bonnes qualités, des défauts n'étaient pas à négliger. À force d'être plongé dans l'univers d'histoires datant de plusieurs siècles, sa réalité ne lui suffisait plus. Il se sentait parfois inconfortable et réalisait que le monde décrit sur papier ne serait jamais assez concret pour qu'il puisse y déposer la pointe de ses doigts. Ces périodes n'étaient heureusement que passagères et courtes. Il avait un esprit vif, à l'abrit des dangers extérieurs. Quand bien même il était étrange, fou pour certain, rien de tout cela ne l'atteignait. Il ne portait son attention uniquement sur ce qu'il considérait être ''important'' à ses yeux. Il acceptait ce qu'il souhaitait qui soit une partie de sa réalité. En serez-vous l'une des parties?