Future note à moi-même; ne plus jamais me laisser distraire par la beauté sauvage de la nature.

Je me savais naïf, je l'assumais et en était pleinement conscient, mais je n'aurais jamais cru l'être au point de me perdre dans une forêt à l'âge de 17 ans. Je n'aurais jamais cru une telle chose possible et s'il n'avait pas s'agit de moi, j'en aurais ris jusqu'à en perdre la voix.

Je soupirai alors que je passais une énième fois devant le même grand arbre, avec son long tronc et ses feuilles qui donnaient l'impression de toucher au ciel, qui semblait me narguer à chaque fois que je le croisais. Ça devait être au moins la cinquième fois que je faisais un tour et que je revenais ici, à la tant détestée et redoutée case départ. Heureusement, je n'étais pas dans un environnement désagréable et il s'agissait certainement du seul avantage d'être coincé ici. Quoique, la verdure commençait de plus en plus à me tomber sur les nerfs.

Ça m'apprendra à rentrer en faisant un détour par la forêt après mon cours de violon. Heureusement nous n'étions qu'en fin d'après-midi alors je n'avais pas de raison de m'inquiéter quant à l'obscurité de la nuit qui n'étais pas près d'arriver.

Après avoir prit une courte pause, je repris vainement mon chemin. Je commençais, tranquillement, à détester la forêt. Que ce soit par ses feuilles et les branches qui tapissaient le sol, ou les arbres par millier qui se tenait là, me bloquant la vu, tout d'ici commençait à me dégoûter. Cette forêt m'humiliait. Voilà pourquoi. Et tout ce qui avait le pouvoir de m'humilier dans mon entourage avait la chance que je les déteste. Objets, humains et animaux confondus.

Sous un coup de rage soudain et une pensée irréfléchie et vraiment idiote de ma part, je balançai mon pied en direction du tronc d'un arbre qui se tenait devant moi, dans l'étrange but de lui donner un coup de pied et de, peut-être, le blesser. Mais à ma grande surprise l'arbre n'eut aucune réaction, contrairement à mon pied qui s'était violemment fracassé et qui me faisait dès lors atrocement mal.

Future note à moi-même; ne plus jamais essayer de blesser un arbre. Ils sont invincibles.

Je me laissa choir contre l'arbre en jurant avec des mots dont je ne connaissais même pas l'existence auparavant et qui auraient probablement fait pleurer mon ange gardien par leur vulgarité. Je maudissais de plus en plus cette nature environnante sans fin. On aurait dit un gigantesque labyrinthe. Et dieu sait à quel point moi et mon sens de l'orientation détestons les labyrinthes. Je laissa tomber à côté de moi l'étui de mon violon que je tenais en main et soupira, toujours assit au pied de l'arbre responsable de ma souffrance.

- Putain d'arbre à la con! Putain de forêt de merde qui est juste une sale fille de p*te!

Au diable la maturité. De toute façon, je pouvais insulter qui je veux. Personne n'était là pour m'écouter.

Le mal dans mon pied m'en donnait des frissons le long de l'échine. Je me recroquevillai, adossé contre la source de mes souffrances, cet arbre au tronc fait de béton. Ma main se posa distraitement contre l'étui de mon violon, et je levai la tête en direction du ciel camouflé par la verdure et les feuilles des grands arbres qui peuplaient cette forêt. Je soupirai longuement, serrant mon pied avec mon autre main. Je m'avouais vaincu, et je commençais à perdre espoir en ce qui concernait rentrer chez moi dans la prochaine heure. Or, j'entendis des bruits de pas et une fois retentit, cassant le silence de la forêt, alors qu'un jeune homme s'approchait.

- Dis moi, tu n'as pas l'air en forme..? Tu ne serais pas un peu perdu..?

Sans que je ne m'en rende compte, un sourire retroussa mes lèvres, et je soupirai une énième fois, de soulagement cette fois-ci. À croire que les anges m'ont écouté! Je n'aimais pas montrer mes faiblesses aux autres, mais je devais avouer qu'à l'instant, je ne m'en souciais pas le moins du monde! Je tentai de me lever, en m'accrochant au tronc de l'arbre, mais ce fut vain et je dû rester assit à même le sol. Je levai le regard vers mon ''sauveur'', remarquant qu'il trimbalait avec lui une... Sacoche, qui semblait pleine de je-ne-sais-quoi. Mais je décidai de laisser la curiosité de côté et de lui répondre au plus vite;

- Un peu perdu, oui... Tu ne peux pas savoir comme je suis soulagé de voir quelqu'un. Et j'ai malencontreusement cogné mon pied contre cet arbre... Sans savoir pourquoi... Et ça fait plutôt mal.

Ça puait le mensonge, oui. Mais je n'allais tout de même pas lui dire que j'avais frappé cet arbre parce qu'il m'énervait et que j'avais espéré le faire souffrir d'une quelconque façon! Mon étreinte sur mon pied se resserra en sentant une vague de douleur revenir à la charge. Blessé comme ça, il me serait impossible de revenir vite-fait chez moi. Mais je n'étais tout de même pas si faible; alors j'allais essayer. Un peu.

- Hm, dis... Tu crois pouvoir m'aider à me relever et me montrer où se trouve la sortie...?

Je me sentais tout de même horriblement gêné de lui demander de l'aide. Mon orgueil en prenait un sale coup, mais je n'avais pas le choix. Sinon, je me verrai obligé de rester ici à poireauter toute la soirée, et toute la nuit peut-être. Pas question que cela se produise.

J'attendais patiemment que cet inconnu me répondre; et si jamais il était perdu, lui aussi? Ce serait bien la plus pire des situations. Je n'avais qu'une envie, et c'était de sortir d'ici au plus vite. J'avais chaud, j'étais fatigué, mon pied m'élançait et la verdure commençait de plus en plus à me taper sur le système. Je le regardais alors, le suppliant presque du regard -et surtout très honteux de lui avoir demander de l'aide-, en détaillant ce sourire et cette expression amusée sur son visage. Effectivement, je devais être assez marrant à voir. Voir un garçon assit par terre, perdu, les cheveux probablement en pagaille devait être un spectacle intéressant à voir. Je me passai nerveusement une main dans les cheveux pour les remettre en place en soupirant.

- Je ne le crois pas. Je le sais~

Un second soupir s'échappa de mes lèvres, cette fois-ci de soulagement. J'eus un léger sourire et l'inconnu -mon sauveur- s'approcha de moi et m'aida à me relever. Je me sentis rougir légèrement, détestant me sentir autant vulnérable devant les autres. Cependant je ne pouvais rien y faire, j'étais obligé de faire ce sacrifice. Je serrai les dents en sentant une vague de douleur me traverser le pied alors que je le posais à peine sur le sol. Que tous ces arbres soient maudits, d'avoir été ma prison en plus de m'avoir blessé. 

- Au fait, mon nom est Warren. Tu attend ici depuis longtemps..?


Il me fit signe de m'appuyer contre lui, chose que je fis, très embarrassé. Je portai un regard vers lui, avant de lui répondre;

- Moi c'est Lukha. En fait, je suis ici depuis... Euh... Je ne sais même plus. Je n'ai pas vraiment la notion du temps...

Je baissai la tête, honteux. Dieu que je n'aimais pas cette situation.

- E-Enfin, merci beaucoup. C'est vraiment gentil de ta part de m'aider, alors qu'on ne se connait même pas.