Raaah la galère. J’me suis encore fait prendre. Saleté de flics. Impossible à berner. Bah… pas tout à fait. Je retire mes paroles. On verra bien si je réussi à les déjouer cette fois. J’ai déjà triomphé sur eux à plusieurs reprises… de toute façon j'étais pas en pleine possession de mes moyens...

Là j’suis dans une cellule assez austère, ça pue et il fait un peu froid. J’suis menotté, seul dans la pièce et assis sur une chaise qui craque. Je me balance dessus en attendant mon sort et je repense aux derniers évènements qui m’ont amené ici et à mon cheminement dans cette voie qu'est le crime.



Mon premier délit remonte à… bah j’avais 15 ans. C’était pas vraiment grave. J’suis seulement entré chez quelqu’un par effraction. Je me rappelle plus très bien pour quelle raison mais qu’importe. Je me souviens seulement que le mec qui habitait là je le détestait… Et j’étais venu lui rendre une petite visite de courtoisie... pour lui exploser sa précieuse Xbox. Mais passons.

Ensuite, je me suis mis à voler des trucs dans les magasins. Je l’ai fait au moins des centaines de fois. On m’a surpris une seule fois mais c’était pas majeur, heureusement. J’avais seulement piqué un sac de chips. Quoi ? J’avais faim ! Bon, la peine a pas été trop dure mais je peux vous dire que les fois suivantes, on m’a plus jamais choppé.

Je savais que j’étais pas un ado modèle. Quoique, je faisais pas vraiment d’efforts pour l’être. Mais pardonnez-moi, avec les parents que j’ai eu aussi ! Mon père a toujours été ainsi : Un vieux cochon sale drogué alcoolique et qui ramenait toujours des catins à la maison. D’ailleurs vous voulez pas savoir comment j’suis né ? Mon père m’a trouvé dans un panier au pied de la porte avec une note : «Carl, c’est ton enfant. La prochaine fois met un condom.»



…



Il l’a jamais fait.

Enfin. Mon enfance se résume à ça :




Je pleure. Mon père augmente le volume de la télé.




- Papa ?
- Dégage je baise là.





- Papa j’ai soif…
- Y’a d’la bière dans l’frigo.





- Papa c’est quoi ça ?
- TOUCHE PAS À MA CAME !







- Hey tit-cul, va m’acheter des cigarettes.
- Avec quel argent…
- Je l’sais tu moé démerde-toé !



[HORS-SUJET : Oui, je suis québécois. (:]



Pour mon père j’étais qu’un gosse inutile, une bouche de plus à nourrir, un poids sur ses épaules, des emmerdes quoi. Il n’avait aucune considération pour moi et me laissait me débrouiller tout seul pour tout. Pour lui je n’étais pas un fils, j’étais un inconnu, un gosse qu’on lui avait imposé. Un fils de pute.

Alors c’est ça. Un peu plus tard, vers 17 ans, j’ai fouiné dans les affaires de mon père pendant qu’il était mort raide sur le tapis, complètement soul. J’ai trouvé de la drogue… évidemment je l’ai pas remise à sa place. Non, je ne suis pas tombé dans l’enfer de la drogue… Non je ne suis pas non plus mort d’une overdose… Non je ne suis pas devenu un danger public à cause des mauvaises influences autour de moi… Attends minute, oui je le suis devenu. Mais c’pas très grave tant que moi je suis bien comme ça ! Hehe.

Dans ces temps-là aussi je me suis mis à piquer de la marchandise de magasin et dérober subtilement les porte-feuilles des touristes. J’étais agile, un vrai pro. Pickpocket professionnel. Même que mes potes me passaient souvent des commandes. Oui j’ai des potes… Oui j’allais à l’école… publique.


J'vais vous dire comment je m'suis retrouvé ici, dans la cellule. Donc, comme dis plus tôt dans ma description… j’ai une fascination sans borne pour le feu.
C’était en pleine nuit et j’avais -légèrement- abusé de l’alcool avec quelques amis. On était complètement bourré, au max là. Y’en a même un qui s’était évanoui sur le trottoir… on l’a laissé là… car on s’en était pas rendu compte. Bref, on gambadait joyeusement dans un trou perdu de la ville et il y avait plusieurs bâtiments abandonnés à cet endroit-là. Moi je trimballe toujours avec moi un paquet d’allumettes. T’sais, on sait jamais, au cas où… l’occasion de brûler un truc se présenterait ! Hehe. Donc là, un de ces éclairs de génie qui me vient dans mon cerveau embrumé par l’alcool. J’ai tout simplement craqué une allumette avant de la jeter par la fenêtre d’une veille maison rongée par les mites… J’vous dis pas comment c’était sensas voir les flammes s’emparer des lieux comme ça !

J’étais tellement obnubilé par le spectacle que je m’étais pas aperçu que tout le monde était parti. Meh… ils avaient eu peur. Moi j’ai reculé de quelques mètres et je me suis assis par terre pour regarder. J’sais pas combien de temps j’suis resté assis là, mais une police en patrouille m’a ramassé et m’as demandé si j’allais bien. Évidemment il a vu que j’avais bu et m’a emmené au poste de police. Ils m’ont fouillé et ont trouvé de la drogue sur moi. Ils m’ont mis en cellule le temps que je reprenne mes esprits et voilà. On est aujourd’hui… le lendemain d’hier en fait. Euh, ‘savez la veille c’était l’incendie. C’est ça..

On ouvre la porte de ma cellule et deux personnes, des gros gars louches, entrent. Ils s’assoient en face de moi sur deux chaises similaires à la mienne qu’ils viennent d’apporter. Je les regarde, ils me regardent.



…



Bon je vais skipper pour vous la partie plate de l’interrogatoire. [Surtout pas à cause que j’ai la flemme d’écrire ça…] Donc pour résumer j’ai tout raconté ce qui s’est passé hier. Pas parce que j’ai la trouille de mentir aux flics ! Mais parce que je sais que je perdrais du temps à mentir. Mieux vaut tout dire et foutre le camp rapidement…



…



Après on me traine sans ménagement à une autre cellule et on m’y enferme. Je suis en prison, ça y est. Je ne sais pas encore pour combien de temps. Je soupire et je vais m’allonger sur le lit de camp. Au moins ici ça pue pas. J’observe les lieux. C’est pratiquement vide… Y’a des étagères vides et une toilette… vide elle aussi. Fiou. Elle est crasseuse par contre… J’suis pas un maniaque de l’hygiène mais j’apprécie que mon environnement soit propre. Je supporte ma saleté mais de là à tolérer celle des autres qui sont passés avant moi...

Je divague et me perds dans mes pensées. J'attend que le temps file et je m'endors au bout de quelques heures.


Après être passé en cour, j'ai écoppé de six mois de prison. Trafic de stup. et incendie criminel.

Deux semaines sont passées et je commence à m'habituer à ce train de vie ennuyeux. Mon père n'est même pas venu me voir. J'ai fais connaissance avec quelques autres détenus, beaucoup plus vieux que moi. Les seuls moments où l'on peut se parler entre nous sont à l'heure du dîner et pendant la sortie dans la cour. Peu avant mon arrivée, quelque chose commencait à se tramer parmis les détenus.


Dans la cour, je tente de fraterniser avec quelques molosses quand soudain on entend des cris un peu plus loin. Une dispute semble avoir éclatée et deux gars sont en train de se taper allègrement sur la gueule. Les paris sont lancés. Mais la bagarre devient tellement violente que ça fini en bagarre générale. Screw inclus. Mon cerveau fonctionne à toute vitesse. C'est l'occasion ou jamais.. Avec ma formidable agilité, je me fraie un chemin jusqu'au fond de la cour et j'atteins la clôture. Je profite d'un gars qui vient s'écraser contre la grille, je grimpe sur ses épaules et j'enjambe la clôture. Je suis de l'autre côté. Je peux pas y croire, c'était trop facile. Mais bon, je ne m'en plaindrai pas.

Je cours comme un fou sans arrêt. Je tourne dans une rue sombre et déserte. Je me précipite à l'abri des regards, derrière une benne à ordures, et je fais le point. Bon, premièrement je dois me débarasser de cette tenue de prisonnier. Je regarde par-dessus la benne et j'observe les rares passants dans la rue. Je dois piquer des fringues de civil. Je vois un homme traverser lentement la rue et passer à ma hauteur. Je l'interpelle.

- Hey, m'sieur...

Il se tourne dans ma direction et me regarde.

- Oui ?

- Venez par ici...

Il n'a pas l'air rassuré, mais croyant que je ne représente aucune réelle menace et que je semble beaucoup plus jeune que lui, il s'approche de moi. Je suis toujours derrière la benne et il ne peut pas apercevoir mon acoutrement. Je juge qu'il est assez proche, je l'empoigne par le collet et l'assomme avec une vieux bâton de baseball qui trainait par terre. Je le dépouille de ses vêtements vite fait et lui met les miens tant bien que mal. Ensuite, je prend une grande inspiration et plonge mes deux mains dans les déchets. Je trouve enfin ce que je cherchais : une lame. Je retourne à l'homme inconscient et lui tranche les poignets. En espérant qu'il va mourir au bout de son sang... Je formule une brève excuse à cet homme innocent et je part mine de rien de ce lieu. Je sais que cela n'empêchera pas les autorités de m'identifier en tant que fugitif ET meurtrier, mais au moins ça me permettra de gagner un peu de temps...




Ça y est, je suis en France. Après 2 ans de course et de fuite, je peux enfin souffler...

Ils ne m'ont jamais rattrappé. Enfin si, deux fois... Mais j'ai gagné... Je m'étais "procuré" des armes et j'ai pu me débarasser des sangsues. Et je me suis aussi trouvé assez d'argent pour me payer un magnifique voyage en France. ♥

Mais je me retrouve dans un pays qui m'est totalement étranger. Enfin pas totalement car je sais parler japonais. Ouais je sais aussi parler italien, anglais, français, allemand, vietnamien et euh je crois que c'est tout. Quoi ? Fallait bien que je m'occupe durant mon enfance... Bon j'avoue je maîtrise pas parfaitement toutes ses langues là mais j'ai des bases. Donc ! Je disais... Je connais personne ici et j'ai nulle part où aller. Mais j'ai entendu parler d'un lycée pas loin d'où je me trouve en cet instant. Ils recrutent du monde pour travailler. J'devrais peut-être aller voir ça un jour.

Mais y'a un problème... je suis recherché pour meurtre. Je suis perdu dans mes pensées et je marche parmi la foule sans but précis. Je vois un banc et je vais m'y asseoir. Il y a déjà quelqu'un qui y est. Son visage me dit vaguement quelque chose...

- Gunther ?

- Ouais...?

- C'est moi, Frank !

Les souvenirs me reviennent. Frank ! Un de mes bon amis.

- Heeey ! Qu'est-ce que tu fous ici ?!

- Toi même ! Ç'est bizarre qu'on se retrouve en France après des années sans nouvelles !

Nous échangeons quelques mots et nous décidons d'aller dans un endroit moins bruyant pour continuer la conversation. J'apprend qu'il n'a pas changé, et lui apprend la même chose de moi. Je lui avoue tout ce que j'ai vécu depuis qu'on s'est perdus de vue.

- Je sais c'qu'il te faut !

- Quoi donc ?

- Une fausse identité...

- Tu pourrais faire ça ?

- Évidemment ! J'ai des contacts...

Il appelle un taxis et nous débarquons 10 minutes plus tard dans un endroit qui m'est inconnu. Nous marchons encore une bonne demi-heure et il me conduit jusqu'à un bâtiment glauque et mal entretenu. Je rencontre les personnes qui s'y trouvent et ils me disent que ma nouvelle identité sera prête dans quelques jours. Je n'ai eu qu'à changer mon nom de famille. Évidemment, ce n'était pas gratuit. Mais j'ai bien assez d'argent pour me payer tout ce que je veux... le monde est mon porte-feuille !




J'obtiens mon premier contrat. Eh oui, après 4 ans d'apprentissage, je suis devenu un tueur à gage respecté. Mais ça, c'est ma double vie. Je suis aussi engagé dans un lycée pour surveiller les flos. Un petit boulot tout simple pour camoufler mes vraies occupations.